49 pays ont espionné des millions d’enfants pendant la pandémie

Durant la pandémie de Covid-19 et les multiples confinements, de nombreux pays ont fait appel à des logiciels éducatifs, des EdTech, pour assurer l'éducation en ligne de millions d'enfants. Problème, certaines plateformes n'ont pas hésité à collecter les données personnelles de ces mineurs à leur insu. C'est en tout cas ce que révèle le dernier rapport de l'ONG Human Rights Watch. 

école maison espionnage
Crédits : Pixabay

Comme vous le savez, de nombreux pays dans le monde ont opté pour le confinement afin de lutter contre la propagation du Covid-19 durant la pandémie. De fait, des centaines de millions d'enfants se sont retrouvés coincés chez eux, contraints d'apprendre via des plateformes en ligne. En France, c'était le cas avec Ma Classe à la maison, une plateforme qui a brillé par ses pannes à répétition, causées notamment par de multiples cyberattaques.

Or et comme nous l'apprend le dernier rapport de l'ONG Human Rights Watch, les gouvernements de 49 pays dont la France ont porté atteinte aux droits de millions d'enfants en favorisant des logiciels et plateformes éducatifs qui ne protégeaient pas la vie privée de ces mineurs.

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Les données de millions d'enfants collectées à leur insu

Ce rapport, intitulé “Violation des droits de l'enfant par les gouvernements qui ont soutenu l'apprentissage en ligne durant la pandémie de Covid-19” est fondé sur une analyse technique et politique menée par l'ONG et plusieurs médias internationaux (dont Mediapart) sur 164 technologies de l'éducation (EDTech) utilisées par 46 pays. 

Cette étude comprend un examen de 290 entreprises, qui ont toutes collecté, traité ou reçu des données de millions de mineurs depuis mars 2021. Sur les 164 produits EdTech passés au crible par l'ONG et le consortium de médias, 146 se sont livrés à des pratiques de collecte de données qui ont porté atteinte aux droits des enfants. 

Ces produits avaient notamment la capacité de surveiller l'activité en ligne des enfants, sans leur consentement ou celui de leurs parents. De nombreuses données personnelles étaient collectées, comme leur identité complète, leur localisation géographique, leurs résultats scolaires, l'identité des membres de leur famille et quels types d'appareils les enfants utilisent.

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Une surveillance en ligne totale, même après la classe

La plupart des plateformes en question ont instauré des technologies de suivi qui traquaient l'activité en ligne des enfants en dehors des heures de classe virtuelle. Cela sans qu'il ne soit possible d'y remédier, à moins de changer d'appareil ou d'utiliser un VPN.

Cerise sur le gâteau, certaines entreprises qui se cachent derrière ces logiciels éducatifs ont envoyé ou accordé l'accès aux données des mineurs à des sociétés d'Ad Tech. Soit des compagnies spécialisées dans la programmation de l'achat/vente d'espaces publicitaires en ligne.

De fait, des plateformes éducatives ont ciblé des enfants avec de la publicité personnalisée. “En utilisant les données des enfants – extraites des contextes éducatifs – pour les cibler avec du contenu personnalisé et des publicités qui les suivent sur Internet, ces entreprises ont non seulement faussé les expériences en ligne des enfants, mais elles ont également risqué d'influencer leurs opinions et leurs croyances à un moment de leur vie où ils étaient très exposés à l'ingérence manipulatrice”, assure l'ONG.

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Chaque gouvernement a approuvé l'un de ses produits

Comme le précise Human Rights Watch, 45 gouvernements sur 46 (le Maroc fait figure d'exception) ont adopté au moins un produit EdTech qui mettait en danger ou sapait les droits des enfants. Il faut mentionner que la majorité des éditeurs de logiciels éducatifs ont fourni leurs produits aux états gratuitement, pour palier aux besoins urgents des pays en termes de plateformes éducatives. 

Ce faisant, les gouvernements concernés ont évité de financer les coûts réels de la mise en place de l'enseignement en ligne pour les enfants… au détriment du droit à la vie privée de ces mineurs. En effet, peu de pays ont vérifié si ces technologies éducatives étaient sûres pour les enfants, à tous les niveaux. 

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Bien entendu, l'ONG a partagé les conclusions de ce rapport avec les 95 entreprises EdTech, 196 entreprises Ad Tech et les 49 gouvernements évoqués dans cette étude. En tout, 48 entreprises EdTech, 78 entreprises Ad Tech et 10 gouvernements ont réagi officiellement à la date du 24 mai 2022.

La plupart des entreprises EdTech ont nié collecté les données des enfants, tandis que les sociétés spécialisées en marketing web ont nié savoir que les données qu'ils ont reçues appartenaient à des enfants. Elles ont même renvoyé la balle à leurs clients, précisant qu'il était de leur responsabilité de ne pas envoyer de données appartenant à des mineurs.

Après la publication de ce rapport, Human Rights Watch a lancé une campagne mondiale, soutenue par des enseignants, des parents d'élèves, des médias et des associations pour exiger des protections supplémentaires pour les enfants qui apprennent en ligne. 

Source : Human Rights Watch


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