5G : Bouygues exige des indemnités si la France interdit les équipements de Huawei
Bouygues Telecom a misé sur les équipements de Huawei pour son réseau 4G. Si la Paris décide de bannir l’équipementier chinois des réseaux 5G tricolores, l’opérateur ne pourra pas s’appuyer sur son réseau existant pour fournir des services de nouvelle génération. Son patron réclame une indemnisation s’il ne peut réutiliser ses antennes.
Mercredi 10 juin 2020, en fin de matinée, la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable a reçu Martin Bouygues et Olivier Roussat, respectivement PDG du groupe Bouygues et président de Bouygues Telecom à l’occasion d’une audition sur le déploiement de la 5G et l’aménagement numérique de la France. Le but était d’apporter un éclairage côté opérateur du problème posé par la situation internationale avec Huawei.
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Peut-on se passer de Huawei pour construire rapidement le réseau 5G en France ? Quelles sont les conséquences si l’ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information) prend la décision d'interdir l'usage des produits de l’équipementier chinois ? Voilà des questions auxquelles les dirigeants de Bouygues Telecom ont répondu. Et selon Martin Bouygues, l’opérateur n’a pas vocation à assumer financièrement les décisions politiques de l’État. Il demande même à ce que l'Etat assume financièrement les conséquences de ses choix.
Un problème d'incompatibilité des équipements
Petite explication. En France, SFR et Bouygues Telecom ont choisi de s’équiper (en partie) avec des antennes Huawei pour la 4G, mais aussi pour les réseaux précédents. En attendant de déployer des réseaux purement 5G, les deux opérateurs, comme leurs concurrents, vont s’appuyer sur leurs réseaux 4G existants pour commencer de servir leurs clients en 5G. C’est que l’on appelle dans le jargon les réseaux NSA (pour Non Stand Alone).
Pour cela, il suffit de poser des antennes 5G à côté d’un équipement 4G existant. Cela permet de créer un réseau 5G national plus rapidement. Or, les équipements de Huawei ne sont pas compatibles avec ceux de la concurrence, car les standards sont différents. Cette combinaison hybride n’est possible qu’en Nokia et Ericsson. Mais pas avec Huawei. Pour créer un réseau 5G sans Huawei, Bouygues Telecom devrait donc désinstaller ses antennes 4G et en acheter d’autres.
L'ANSSI doit encore se prononcer
L’ANSSI doit encore émettre des autorisations à destination des opérateurs qui souhaitent utiliser un équipement réseau (quelle que soit la marque) dans le but de créer un réseau 5G. Si l’agence décide de ne pas autoriser les équipements Huawei, cela coûtera très cher à Bouygues Telecom (et à SFR) pour changer les antennes et les relais. Et cela lui prendra beaucoup plus de temps pour mettre en place son réseau 5G par rapport à certains concurrents.
Cela représente donc un désavantage concurrentiel considérable. Voilà pourquoi Bouygues Telecom exige une indemnisation si la France bannit les équipements de Huawei, à l’image des États-Unis qui aide les opérateurs américains équipés en Huawei à changer leur réseau. Une réclamation qui avait déjà été faite au début du printemps.
Source : Sénat