Siri, Alexa, Cortana : pourquoi vous aimez tant leur poser des questions cochonnes
Vous avez probablement déjà essayé de parler de sexe avec l'assistant virtuel de votre smartphone. En effet, les données de Siri, Alexa, Cortana ou même Google Assistant révèlent que les utilisateurs masculins adorent poser des questions salaces et parler crument à ces assistants digitaux. Des experts en intelligence artificielle décryptent aujourd'hui cette tendance incongrue.
Selon Deborah Harrison, une femme qui prête sa voix à Windows Cortana, une grande partie des questions posées à l'assistant digital de Microsoft concerne sa vie sexuelle. De même, les données liées aux assistants numériques révèlent qu'Apple Siri, Amazon Alexa, ou même l'assistant GPS Robin reçoivent régulièrement des avances lubriques de la part des utilisateurs masculins.
Dans un billet publié par le blog américain MEL Magazine, plusieurs experts en intelligence artificielle tentent d'expliquer ce phénomène. Selon David Levy, un spécialiste de renommée internationale, cette tendance intrigante est liée à la propension qu'ont les êtres humains à s'attacher aux machines. Les Hommes tendent à prêter des sentiments humains aux robots. De fait, il suffit qu'un utilisateur se persuade qu'il partage des « sentiments » réciproques avec son assistant vocal pour qu'il commence à se sentir excité.
Toujours d'après Levy, les discussions salaces avec un assistant virtuel ne sont pas si différentes du traditionnel téléphone rose. Dans les deux cas, l'utilisateur sait qu'il parle de sexe avec un quelqu'un (ou quelque chose) qui n'a pas de réel intérêt pour sa personne.
Pour Kate Devlin, enseignant à l'université britannique Goldsmiths, il n'est pas surprenant que les humains aient tendance à s'exciter en parlant à leurs haut-parleurs connectés. À n'importe quel âge, nous essayons toutes les possibilités offertes pas nos appareils électroniques. Ce comportement à l'égard des assistants virtuels est comparable à celui d'un enfant qui dessiner une paire de seins sur sa calculatrice.
Néanmoins, les données analysées par les développeurs de ces logiciels démontrent que les hommes sont plus enclins que les femmes à parler de sexe avec les machines. Pour cause, tout d'abord, la plupart des assistants virtuels ont une voix de femme, qui agit directement sur les hommes au niveau inconscient. D'ailleurs, le sexisme des assistants vocaux a déjà été critiqué.
Siri, Alexa, Cortana : parler crument aux assistants virtuels peut les améliorer
Par ailleurs, selon Levy, les hommes ont plus de chances de se retrouver seuls que les femmes. Ainsi, il est également plus probable qu'ils nouent des liens avec leurs ordinateurs. En d'autres termes, les femmes ont mieux à faire que de demander à Cortana la couleur de sa culotte. Toutefois, Levy est persuadé que les robots sexuels seront très bientôt utilisés aussi bien par les femmes que par les hommes, et pense même que le premier mariage entre humain et robot aura lieu en 2050.
Ces prédictions ne sont pas sans rappeler le film HER, dans lequel le personnage incarné par Joaquin Phoenix s'éprend d'un assistant virtuel joué par Scarlett Johansson. Aux yeux de Devin, il est effectivement possible que de telles relations se développent dans la vraie vie, mais ce ne serait pas forcément une mauvaise chose. Selon elle, du moment qu'une personne est épanouie, nul ne devrait juger ce qui lui permet d'accéder au bonheur.
De plus, Levy affirme que les interactions sexuelles avec des machines pourraient permettre à l'utilisateur de progresser en tant qu'amant. En effet, les chatbots et les assistants virtuels peuvent apporter un feedback à l'utilisateur et l'encourager à tenir des propos osés pour lui apprendre à « parler aux femmes » pendant les rapports intimes. Ces pratiques pourraient même permettre d'améliorer l'intelligence artificielle en l'alimentant avec de nouvelles données.
Malgré ces paroles optimistes, l'image d'un homme occupé à murmurer des cochonneries à l'assistant digital de son smartphone, un sourire libidineux au coin des lèvres, a quelque chose de déprimant. Selon Devlin, il est important que les humains se débarrassent de ce cliché de l'homme seul et désespéré réduit à s'inventer une histoire d'amour avec une machine. Les robots doivent être perçus comme la prochaine évolution des sex toys, et comme une technologie permettant de s'amuser et de réaliser ses fantasmes.
Cependant, les assistants virtuels ne sont pas tous égaux face à ce type d'attitude. Depuis son lancement en 2014, Microsoft Cortana a été reprogrammée pour rejeter ce type d'avances. De son côté, Siri a également tendance à essayer de refroidir les usagers un peu trop chauds. Malgré tout, de nombreux tutoriels pour essayer de rendre Siri plus coquine fourmillent sur YouTube, et cumulent parfois plusieurs millions de vues.
En définitive, l'assistant virtuel le plus ouvert semble être Amazon Alexa. Cette dernière a récemment créé la polémique en énumérant des noms de films pornographiques devant un enfant en bas âge. De même, si l'utilisateur lui demande de jouer des bruits d'ébats amoureux, Alexa n'hésitera pas à lancer la bande sonore d'un film X.
https://www.youtube.com/watch?v=78jT8GKxgnQ