Bouygues Telecom a essayé de racheter SFR au printemps 2018 !
SFR a bien failli tomber dans l'escarcelle de Bouygues Telecom. Nos confrères du Figaro révèlent qu'au printemps 2018, Bouygues et Altice sont entrés en négociation pour un probable rachat de l'opérateur au carré rouge. Un retour à trois opérateurs est inévitable selon les experts, mais la question des médias et notamment des droits du foot auraient fait échouer l'opération.
Après deux ans de calme plat et l'échec du rachat de Bouygue Telecom par Orange, le marché des télécoms est de nouveau en ébullition. Les rumeurs vont bon train concernant un retour à trois opérateurs. “Tous les acteurs sont d'accord pour dire qu'il y a un opérateur de trop, mais personne n'est d'accord pour vendre” confie un observateur à nos confrères du Figaro. Personne sauf peut-être Altice, qui a bien failli lâcher SFR à son rival Bouygues.
Un rachat à 24 milliards d'euros ?
Toujours selon Le Figaro, Bouygues Telecom aurait pris contact avec CVC Partners, un fond d'investissements pour formuler une offre de rachat à Altice. Passer par des fonds d'investissements est une méthode régulièrement utilisée par Patrick Drahi, actionnaire d'Altice. En finançant le rachat à l'aide de ces fonds, les entreprises limitent les risques et réduisent leur dette.
Cette pirouette était indispensable pour proposer une offre de rachat. Car SFR est valorisé à 9 milliards d'euros et supporte 15 milliards de dettes. Au total, l‘opérateur au carré rouge a une valeur de 24 milliards d'euros. Une coquette somme, mais une bonne affaire au regard des perspectives d'avenir. Car SFR et Bouygues Telecom partagent déjà leur réseau mobile sur deux tiers du territoire. Cela signifie que le rachat n'implique pas de nouveaux investissements. Au contraire, il permettrait à Bouygues Telecom de réduire les coûts liés à l'amélioration du réseau. Ce rachat signifierait également un retour à trois opérateurs. Selon les analystes, cela pourrait générer une synergie de 25 milliards d'euros. La belle affaire.
Martin Bouygues vs Patrick Drahi : une guerre d'égo ?
Le rachat de SFR par Bouygues Telecom aurait en partie avorté à cause d'une guerre d'égo entre les deux patrons Martin Bouygues et Patrick Drahi. D'un côté, pour le PDG et actionnaire de Bouygues Telecom cette opération a un petit goût de revanche. Selon un expert, Martin Bouygues pourrait avoir envie de “rejouer le match perdu de 2014”. Pour rappel, à l'époque, Bouygues et Altice s'étaient positionnés pour racheter SFR. C'est finalement Patrick Drahi, actionnaire d'Altice, qui avait remporté le deal.
De son côté, Patrick Drahi n'est pas pressé de voir SFR lui échapper. Si un retour à trois opérateurs donnerait un coup de boost au secteur, “Patrick Drahi n'a pas le couteau sous la gorge, en dépit de la dette. Il n'y a pas d'urgence” assure un expert du secteur à nos confrères du Figaro. Cette guerre d'égo a sans doute eu une petite incidence sur les négociations, mais ce n'est pas ce qui a le plus pesé sur la balance.
La question des droits du foot
La vraie difficulté pour un éventuel rachat vient des médias. Les opérateurs ont mis en place des stratégies d'intégration de contenus pour valoriser leurs offres. Altice est l'acteur qui s'est montré le plus actif avec l'obtention des droits de la Ligue des Champions et de la Ligue Europa pour trois saisons à partir d'août 2018 (chaînes RMC Sport). Avec Altice Studio, l'opérateur a également suscité l'intérêt d'Orange. L'opérateur historique souhaite intégrer les films et séries d'Altice Studio à son catalogue OCS. Une aubaine pour Patrick Drahi qui souhaite se débarrasser de cette activité.
Ajoutons à cela l'arrivée d'un nouvel acteur, Mediapro (espagnol), qui s'est offert la majeure partie des droits de la Ligue 1 et qui parle d'un abonnement à 25 euros. Pour Stéphane Richard, PDG d'Orange, si “le prix catalogue est effectivemnt de 25 euros par mois (…) il y a de nombreuses offres couplées avec abonnements télécoms” en Espagne (Mediapro a déjà les droits de la Liga depuis quelques temps). Mais selon lui, “le championnat espagnol n'est pas le français”. Peu importe. Ce méli-mélo complique les négociations. Mais l'ombre d'un retour à trois opérateurs plane au dessus de nos têtes.