Huawei : les Etats-Unis menacent de refuser la plupart des autorisations de vendre à la firme
Huawei reste dans l'incertitude après que Donald Trump a annoncé un assouplissement des sanctions en marge du G20. Alors que des licences seront distribuées aux firmes américaines qui en font la demande, les conditions de leur attribution restent floues – et le département du Commerce explique qu'il faut s'attendre à un nombre important de refus. Pour l'heure, Google, par exemple, n'a toujours pas pu reprendre leurs relations avec Huawei.
Les entreprises américaines ne savent toujours pas à quoi s'en tenir après l'assouplissement des sanctions visant Huawei. Alors que le secrétaire au Commerce du gouvernement Trump Wilbur Ross vient d'annoncer que son département va commencer à “délivrer des licences là où il n’y a aucune menace pour la sécurité nationale américaine“, les destinataires de ces autorisations s'inquiètent de savoir si le précieux sésame leur sera ou non accordé. Huawei reste en effet sur liste noire, et de l'aveu même de son PDG Ren Zhengfei, la détente annoncée par Trump ne change pas grand chose à la situation.
Huawei : les entreprises américaines qui demandent une licence doivent s'attendre à une “présomption de refus”
D'ailleurs Wilbur Ross a insisté dans son allocution sur la “présomption de refus” – autrement dit le fait qu'un grand nombre de licences seraient refusées. Or les critères d'acceptation ou de rejet de ces demandes sont loins d'être clairs. Ils se fondent sur cette notion floue de “menace pour la sécurité nationale américaine”, pour paraphraser Donald Trump et Wilbur Ross. Mais aussi sur un nouvel élément, donc a parlé Wilbur Ross dans son allocution : “faire en sorte que l'on ne transfère pas simplement des revenus de firmes américaines à des firmes étrangères”.
Voici ce que Wilbur Ross dit précisément dans son allocution : “pour implémenter la directive du président en marge du somment du G20 il y a deux semaines, le Commerce va attribuer des licences lorsqu'il n'y a pas de menace à la sécurité nationale américaine. Dans ce carcan, nous essaieront de faire en sorte que nous ne transférons pas simplement des revenus de firmes américaines à des firmes étrangères […] le secteur privé doit agir avec responsabilité et protéger les technologies qui ont des ramification dans la sécurité nationale”.
Et le responsable d'ajouter : “il est mal de faire le commerce de code source ou de propriétés intellectuelles sensibles pour accéder à un marché étranger, quelque soit la dimension lucrative de ce marché”. Ces déclarations ont fait réagir de nombreux avocats spécialisés, dont Me Doug Jacobson, cité par nos confrères de Phonearena : “la vraie distinction entre ce qui va ou non mettre en danger la sécurité des Etats-Unis n'est pas claire. La seule manière pour l'industrie de déterminer où se trouve la ligne, c'est faire des demandes de licences et de voir quels sont les types qui sont approuvés et quels autres sont refusés”.
Licences Huawei : les conditions semblent purement arbitraires
Pour l'heure, Huawei et Google ne savent toujours pas si les futurs smartphones de la marque pourront continuer à utiliser Android dans les mêmes conditions que pour les smartphones déjà sur le marché, c'est à dire avec le Google Play Store et les applications G Suite. On ne sait pas également si Huawei pourra ou non utiliser des technologies ARM pour construire ses futurs SoC. Huawei s'apprête à mettre sur le marché son Mate X, qui sera donc le premier smartphone pliable que l'on pourra vraisemblablement acheter, dès septembre.
Celui-ci tournera sous Android, et bénéficiera des technologies ARM puisqu'il a été conçu et présenté avant la mise en place des sanctions. Mais à ce stade, le sort des futurs smartphones de la marque, en particulier des Mate 30, reste incertain, tant que Google et ARM n'annoncent pas la reprise de leurs relations avec Huawei. Ces derniers pourraient être contraints d'inaugurer l'OS maison HongMeng/Ark OS qui doit remplacer Android dans le cas où la situation restait tendue.
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Reste que pour l'heure, malgré des apparences de détente, tout semble indiquer que c'est justement vers ce scénario que l'on se dirige. Grâce à ces mesures vagues, l'administration américaine peut poursuivre une stratégie d'affaiblissement de Huawei, et plus généralement de la Chine, tout en restant dans l'arbitraire le plus total.
Source : Phonearena