Facebook met fin au fructueux marché noir d’antiquités sur sa plate-forme
Facebook a annoncé qu’il allait maintenant interdire le commerce d’objets d’arts et d’antiquités sur sa plate-forme. Une annonce qui intervient alors que des archéologues pointaient du doigt un vaste réseau de trafic mis en place via des groupes privés sur le réseau social.
Facebook s’est enfin décidé à prendre une décision en ce qui concerne le trafic d’antiquités qui se déroule sur sa plate-forme. Greg Mandel, responsable des règles de confidentialité sur le réseau social, a annoncé mettre à jour sa politique en interdisant tout simplement la revente d’objets arts et d’antiquités sur Facebook. Une nouvelle position que l’entreprise a mis trop longtemps à trouver.
Cette décision intervient alors que le réseau social a été pointé du doigt par un groupe d’archéologues dans une étude en 2019 (Project Athar). Facebook est en effet utilisé, par le biais de groupes privés, pour la vente d’objets acquis illégalement dans des pays en guerre, comme l'Irak ou la Syrie. Des artefacts en provenance d’Egypte ou d’autres pays d’Afrique du Nord, récupérés de manière illégale, sont aussi concernés. Au final, c’est tout un réseau qui s’est mis en place pour faire passer des antiquités de ces pays vers leurs nouveaux propriétaires à l’extérieur.
Les pillards s'aidaient entre eux
Les archéologues ont repéré plus de 200 groupes Facebook comprenant près de 2 millions de membres au total. Ces groupes, principalement en langue arabe, sont bien rodés, comme l’explique l’étude. Sur l'un d'eux basé en Syrie, 36% des membres vivent dans un pays en guerre, tandis que 44 % vivent dans des pays frontaliers. Il est alors possible, en intégrant l’un de ses cercles, d’acheter un objet volé en y mettant le prix. Comme toute communauté sur Internet, le petit monde des trafiquants dispose de son propre lexique afin de rester sous les radars.
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Comme l’explique la co-directrice de l’étude, les vendeurs incitent les acheteurs à casser leur tirelire en prenant comme exemple les catalogues des maisons de vente où des objets similaires sont estimés. Une manière de savoir combien une sculpture, un bas-relief ou même un bijou ancien peut être revendu. Les achats peuvent alors se faire en ligne par des moyens intraçables, ou dans un face à face organisé directement sur le réseau.
Plus que cela, ces groupes donnent même des conseils aux pillards sur comment trouver des antiquités et à quel endroit. Il n’est également pas exclu que certains objets volés par Daesh ou Al Qaeda se soient retrouvés sur ces groupes pour y être vendus.
Facebook tape du poing sur la table
Facebook a donc décidé de réagir à ce business. Cependant, la chose n’est pas simple. Certains des pays concernés ne disposent d’aucune réglementation sur les artefacts archéologiques, et beaucoup de ces groupes se trouvent en réalité dans une zone grise. A quel moment commence le trafic d’antiquités ? Quelles sont les règles à mettre en place pour le commerce de tels objets sans pour autant reculer sur la liberté totale prônée par le réseau ?
Facebook interdisait déjà la vente de biens volés. Mais cette notion est compliquée à mettre en place sur ce segment. Le réseau a donc pris la décision de tout simplement bannir le commerce de tout objet archéologique et historique sur sa plate-forme. Mais qu’est-ce qu’un objet historique, exactement ? Là encore, il faut une définition claire pour empêcher un détournement des règles. Pour Facebook, il est donc désormais prohibé de vendre des articles qui sont issus de chantiers archéologiques et de sites funéraires, des pièces de monnaie et des sceaux cylindres (objets très utilisés dans la culture Mésopotamienne).
Les anciens parchemins et manuscrits sont également interdits à la vente, tout comme les restes humains. Ce dernier point pourrait par exemple concerner les momies. Tous les groupes de trafic d'art sont donc hors charte et risquent la fermeture à tout moment. Si la vente illégale d'antiquités ne s’arrêtera pas avec ces nouvelles règles, elle ne pourra plus passer par Facebook.
Source : New York Times