TF1, M6 et France TV réclament de l’aide face à Netflix, l’Etat refuse
Pour faire face à la concurrence des services de VOD américains, dont Netflix, Disney+ et Amazon Prime, les chaînes françaises demandent de l’aide à l’État. Elles souhaitent le déploiement d’un nouveau standard pour diffuser des services de VOD sur la TNT. Mais l’État refuse, sous la pression des constructeurs de télévision et les opérateurs télécoms.
Les chaînes de télévision linéaire souffrent considérablement du succès des plates-formes de SVOD telles que Disney+, Amazon Prime Video, Apple TV+ et bien sûr Netflix, leader mondial du streaming vidéo par abonnement. D’un côté, vous avez un programme diffusé à une heure précise, entrecoupé de publicités. De l’autre, un catalogue de films et de séries que vous pouvez consommer quand vous le souhaitez (ou presque).
Lire aussi – Amazon Prime Video : le foot français arrive le 24 juillet, l’abonnement sera-t-il plus cher ?
À une époque où le consommateur veut consommer ce qu’il veut, quand il veut, comme il veut, la télévision traditionnelle n’a que peu de place. Pourtant TF1, M6 et France Télévisions multiplient les initiatives. Chaque groupe dispose de son service de catch-up TV disponible sur les box de tous les opérateurs et sur les principaux systèmes d’exploitation (iOS, iPadOS, tvOS, Android et Google TV). Et les trois entreprises (qui ne seront plus que deux quand TF1 aura finalisé le rachat des 30 % de M6) se sont associées pour créer Salto, le « Netflix à la française ».
Le HbbTV pourrait venir au secours de SVOD française
Les résultats de Salto sont mitigés. Parce que le service n’est pas encore dans toutes les Box (seulement chez Bouygues Telecom) et dans peu de télévisions connectées (nous avons croisé le service dans les Bravia de Sony, comme le A90J). Alors que Netflix est préinstallé partout : smartphone, tablette, télévision, Box, etc. Et que les autres services commencent à l’être également.
Face aux mastodontes américains, les chaînes françaises ont demandé à ce que Salto puisse être diffusé, comme le service de rattrapage Arte TV, en HbbTV (Hybrid Broadcast Broadband TV). Ce standard, qui commence à apparaitre de plus en plus, permet de diffuser de la VOD par le biais de la TNT. Pas besoin d’une connexion très haut débit. Et pas besoin d’une intégration négociée : tous les récepteurs compatibles peuvent accéder à Salto en HbbTV, sans contrainte de format ou de système d’exploitation. Encore faut-il que le HbbTV soit largement diffusé.
L'Etat refuse d'imposer le HbbTV en France
Les chaînes françaises ont donc demandé à ce que le standard soit fortement généralisé en France en l’intégrant au projet de loi Régularisation et protection de l’accès aux œuvres culturelles à l’ère numérique ». Mais cela n’a pas été fait. L’état a refusé. Pour deux raisons. D’abord, parce que la règlementation des services de SVOD passera par la loi SMAD (Services de Médias Audiovisuels à la Demande). Et l’État négocie avec Netflix et consorts pour sa mise en place.
Ensuite, parce que cela risquerait de « déstabiliser le modèle économique » des opérateurs (Free, Orange, SFR et Bouygues Telecom), selon les propos de Roselyne Bachelot, ministre de la Culture. Ces derniers négocient commercialement la présence des services de SVOD dans les Box. C’est vrai pour les FAI. Mais c’est vrai aussi pour les fabricants de télévision qui négocient aussi la présence des plates-formes au sein de l’interface de leurs produits. Pas question donc de gêner ses géants internationaux de l'audiovisuel et de l'électronique, lesquels exercent aussi un lobby considérable…
Source : La Lettre A