Pornhub, Xvideos, TuKif : les sites pornos refusent de se plier à la loi, voici pourquoi
Après les récentes mesures anti-porno du gouvernement, les sites en question font front. Pour eux, il est tout bonnement impensable de mettre la clé sous la porte, car les obligations décrites dans les décrets de loi sont irréalisables. L’éditeur de Tukif.com s’est exprimé sur le sujet.
Ces derniers temps, le porno a la vie dure en France. Principal fait reproché : ils sont beaucoup trop facilement accessibles aux mineurs, qui n’ont en théorie pas le droit de s’y rendre. Aussi, le gouvernement a passé la seconde cette semaine, en publiant un décret autorisant le CSA à fermer les sites qui ne se plient pas aux réglementations. Forcément, la réaction en face ne s’est pas fait attendre et une première victoire a été obtenue. Les principaux sites visés par ce texte de loi ont échappé de près au blocage, mais devront malgré tout répondre aux exigences du gendarme de l’audiovisuel.
Interrogé par nos confrères de RTL, l’éditeur du TuKif.com, septième site pornographique le plus populaire en France, a fait part de sa frustration : « On est d’accord sur le constat des associations et du gouvernement, il y a un problème avec la pornographie chez les mineurs. Mais les solutions proposées ne sont pas réalistes. Ils nous transmettent la responsabilité de faire la vérification alors qu’on est peut-être les sites Web dans lesquels les internautes ont le moins confiance ». Selon lui, aucun effort n’est fait du côté des instances de régulation pour accompagner la transition.
Les sites pornos refusent de fermer
En effet, selon le décret, le CSA a le pouvoir d’évaluer « le niveau de fiabilité du procédé technique » employé par les sites pour vérifier l’âge de leur visiteur. En cas de diagnostic négatif, l’instance se réserve le droit de fournir « des lignes directrices ». Mais selon TuKif.com, aucun dispositif n’a encore été mis en place pour aider à améliorer la protection. « On est susceptible de recevoir la mise en demeure dès demain matin et d’avoir quinze jours pour mettre en place le filtre sans savoir le niveau de filtrage que le CSA attend. Nous attendons des directives techniques claires et rapides ainsi qu’un délai raisonnable pour les mettre en place ».
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L’éditeur explique notamment qu’aucune des solutions avancées n’est vraiment réalisable. Il a bien été question à un moment de passer par FranceConnect, d’utiliser la reconnaissance faciale ou d’envoyer une pièce d’identité, mais toutes ces options présentent des risques pour la confidentialité des utilisateurs. Aussi, la CNIL s’est présentée en défaveur de chacune d’entre elles. Tukif.com, de son côté, utilise un système qui s’inspire toutefois de ces propositions. Pour visiter le site, il faut envoyer un selfie avec sa carte d’identité, que le groupe analyse ensuite pour déterminer la date de naissance.
Cette solution, intitulée AgeVerif, a un avantage non négligeable : la vérification se fait directement sur l’appareil de l’utilisateur, sans avoir à transférer ses données sur le site. Mais elle présente également un inconvénient de taille : elle coûte extrêmement cher. « Si on doit faire une transaction bancaire à zéro euro ou comparer la photo d’un selfie avec celle d’un document d’identité, cela va générer des coûts », explique l’éditeur. Or, tous les sites ne vont pas pouvoir se permettre de le mettre en place, sous peine de crouler sous des charges trop importantes.
« Tout le monde imagine que les sites pornos génèrent des millions et des millions. Mais même avec un million de visites par mois, un site comme TuKif génère un chiffre d’affaires à cinq chiffres. Or, un système combinant la vérification de la carte bancaire et de la carte d’identité, comme sur Jacquie et Michel, coûte entre 25 et 30 centimes par utilisateur. Si vous multipliez ça par un million d’utilisateurs par jour, c’est la faillite en une semaine. C’est la même chose pour AgeVerif si on doit faire des vérifications plus poussées ».
« Ce qui est sûr c’est qu’on ne fermera pas. On fera le nécessaire car je ne peux pas envisager de fermer », continue-t-il. « Si le site est bloqué, en trois jours, il a disparu de Google. Et en un mois, il a disparu de la tête des internautes. C’est terminé. TuKif n’est pas une marque comme TF1 ou Canal+ qui va manquer aux gens. Des sites pornos, il y en a plein ». Et de conclure : « Ils peuvent envoyer la mise en demeure aux principaux sites, mais c’est voué à l’échec s’ils ne prennent pas le soin de le faire pour tous les sites en parallèle. Les internautes iront toujours chercher le porno ailleurs ».
Source : RTL