L’immortalité grâce à l’IA est possible, mais pas comme vous l’imaginez
Les avancées de l'intelligence artificielle sont tellement rapides que la réalité dépasse la fiction à la vitesse grand V. Au-delà des systèmes de génération d'images ou de textes, voilà qu'on peut déjà se fabriquer un avatar virtuel pour… après sa mort. Une immortalité numérique qui n'est pas sans poser de véritables questions de fond.
Qu'on le veuille où non, l'intelligence artificielle prend de plus de place dans nos vies. Autant s'y habituer tout de suite, ce n'est pas près de s'arrêter. Elle sert principalement à améliorer notre quotidien (automatisation de tâches) ou nous aider dans la conception d'un rendu, comme Midjourney pour les images. Mais ça ne s'arrête par là : l'IA veut aussi accompagner vos proches après votre décès. Vous l'aurez compris, on entre dans le domaine de l'immortalité numérique. Longtemps cantonnée aux pages de romans et aux écrans de cinéma, elle est déjà une réalité.
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La question n'est pas nouvelle. Le flux de données personnelles transitant sur le Web a obligé certains acteurs à prendre des mesures très tôt. Par exemple, Facebook propose depuis de nombreuses années la transformation du compte d'une personne décédée en page commémorative, offrant un lieu de recueillement virtuel pour les proches. Il reste cependant limité à la consultation de photos, de vidéos et de publications. Aujourd'hui, supportée par l'IA qui avance à pas de géant, la notion de vie (numérique) après la mort prend une dimension à la fois fascinante et effrayante.
Devenez immortel grâce à l'intelligence artificielle
Il suffit de fouiller un peu sur le Play Store ou l'App Store pour tomber sur des applications d'un nouveau genre. HereAfter AI permet ainsi d'enregistrer des anecdotes, des souvenirs, mais aussi des bouts de phrases qui seront utilisés par l'intelligence artificielle pour vous rendre plus “réaliste”. Résultat : un chatbot, à la Google Bard, mais audio, avec qui vous pouvez interagir. Dans l'animation de présentation, on voit un jeune garçon demander à son grand-père décédé de lui raconter quelque chose sur sa vie. Dans les faits, la reproduction de la voix du défunt est convaincante et l'illusion fait mouche… jusqu'à ce qu'une question particulière fasse dire à l'application qu'elle n'a pas compris et qu'il faut reformuler ou changer de sujet.
Encore plus bluffant, la société coréenne Deepbrain AI propose le service re;memory. Pour 10 000 $, vous pouvez être filmé dans un studio dédié, enregistrer des phrases et créer un avatar virtuel que vos proches pourront aller voir (moyennant un supplément). Boosté à l'IA, votre double virtuel peut dans une moindre mesure répondre à ses interlocuteurs. De l'aveu même de la firme cependant, re;memory n'a pas la prétention de reproduire votre personnalité dans tout sa complexité. Tout va dépendre des enregistrements initiaux. Si vous voulez que votre réplique numérique soit très joyeuse, il faudra lire de nombreux textes avec une voix très enjouée.
La vie numérique après la mort pose des questions de sécurité et de gestion du deuil
Puisqu'on parle, au fond, de données personnelles, quid de la sécurité de ces dernières ? Certes, les institutions veulent encadrer l'intelligence artificielle, mais il s'agit là d'un champ totalement nouveau. Les protections légales existent… pour les vivants. Imaginez qu'un hacker mette la main sur votre avatar post-mortem et s'en serve pour des activités malveillantes. Ou pour révéler des secrets de famille récupérés dans vos mails et documents privés. Le flou est total et en attendant, des entreprises s'accordent le droit d'utiliser toutes vos données pour former leur IA.
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Moins pragmatique, la question de la gestion du deuil dans une société où discuter avec les défunts devient une réalité est également centrale. Et si ça tournait à “l'obsession malsaine”, s'interroge Joanna Bryson, Professeure d'Éthique et Technologie à la Hertie School de Berlin. La possibilité d’interagir avec un proche disparu de manière quasi-illimitée change en effet radicalement notre rapport au décès. Surtout qu'on peut déjà supposer un réalisme de plus en plus convaincant. Écartant tout fatalisme, elle espère surtout que ces nouvelles façons d'être confronté à la mort nous pousseront à accorder plus d'importance aux relations du monde réel.
Source : Engadget