IPTV : les menaces anti-piratage ont-elles un effet ? Cette étude montre des résultats étonnants
Selon une étude, menacer les pirates de sanctions, entre autres, auraient des effets différents selon que vous êtes un homme ou une femme. Pour l'une des deux catégories, ils seraient à l'inverse du but recherché.
Comment lutter contre le piratage ? Spontanément, on pense aux nombreuses démarches mises en œuvre par les ayants droit. Ils peuvent demander aux fournisseurs d'accès Internet de bloquer certains sites par exemple. Tout en listant régulièrement la liste des adresses Web à abattre, tant il est facile pour un service pirate de renaître de ses cendres. Mais c'est s'attaquer à une partie du problème seulement. Pour télécharger ou streamer illégalement un contenu, il faut bien sûr une plateforme qui permet de le faire, mais aussi des personnes pour s'en servir.
C'est pourquoi les campagnes anti-piratage à destination des particuliers sont légion depuis des dizaines d'années et la domination des cassettes VHS. En fonction du moment où elles sont lancées, elles mettent l'accent sur des points différents. Le risque de tomber sur un site qui volera notre argent, qui nous infectera de nombreux virus, ou encore qui dérobera notre identité réelle.
Autant de conséquences certes réelles, mais largement amplifiées dans le but de faire peur aux éventuels contrevenants. En toute logique, la méthode devrait porter ses fruits. Sinon on aurait du mal à comprendre pourquoi elle est toujours utilisées aujourd'hui.
Le succès des campagnes anti-piratage est toujours relatif
Lancer des messages pour inciter les gens à ne pas pirater, ce n'est pas gratuit. Il faut trouver les idées, créer les supports, les diffuser… Ce simple fait poussent les commanditaires et acteurs de la campagne a affirmer qu'elle est un succès, surtout qu'il est très difficile de mesurer son impact réel. Et si plus tard les chiffres montrent que le piratage est en hausse, il est facile de blâmer une autre raison. Une équipe de chercheurs a voulu aller plus loin que ces suppositions dans une étude appelée “Réactance psychologique aux messages anti-piratage expliquée par le genre et les attitudes”.
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La réactance dont il est question est un mécanisme de défense psychologique. Il se déclenche quand un individu tente de maintenir sa liberté d'action alors qu'il la croit supprimée ou menacée. Ici, la campagne anti-piratage menace la liberté de pirater. Les auteurs expliquent que l'étude “utilise la psychologie évolutionniste comme cadre théorique pour examiner si les messages basés sur des campagnes anti-piratage réelles provoquent une réactance et si cet effet s'explique par le genre et les attitudes préexistantes”.
En clair, les participants sont exposés à des messages déjà utilisés par le passé. On vérifie s'ils ont un impact sur leur intentions de pirater, le tout selon qu'ils sont des hommes ou des femmes, et selon leur attitude préalable face à l'acte de piratage (favorable ou non).
Les campagnes anti-piratage fonctionnent-elles ? Oui et non selon une étude
Trois types de messages sont présentés. Les premiers sont repris de la campagne Get It Right et de type procosial, c'est-à-dire volontaires et dirigés vers autrui afin qu'il en retire un bénéfice. Exemple : nNe piratez pas, passez plutôt par un site légitime”. Les deuxièmes viennent de Crimestoppers et mettent l'accent sur les risques d'infection par un virus. Enfin, les troisièmes sont de type réponses graduées, comme ce que faisait la loi Hadopi en France. Un groupe de contrôle n'est exposé à aucun message.
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Les résultats sont très significatifs. Un message prosocial n'a aucun effet, ni sur la réactance, ni sur la diminution de l'envie de pirater, quels que soient le sexe et l’attitude préalable. En revanche, “les messages menaçants, en particulier Crimestoppers, […] ont eu un effet polarisant sur le groupe avec une attitude favorable à l'égard du piratage. Les hommes ayant une attitude favorable à l'égard du piratage ont signalé une augmentation, et les femmes ayant une attitude favorable à l'égard du piratage ont signalé une diminution des intentions de piratage“.
En terme de chiffre, les hommes à la base favorables au piratage sont 30 % plus motivés à pirater suite aux menaces. À l'inverse, les femmes sont réceptives à l'effet recherché par ce type de campagne. Elle sont entre 15 et 20 % moins susceptibles de pirater par la suite. Il ne s'agit bien sûr que d'une seule étude, mais elle pourrait bien ouvrir la voie à d'autres recherches plus approfondies. Quant à savoir si les créateurs de messages anti-piratage s'en serviront, l'avenir nous le dira.
Source : TorrentFeak