C’est quoi Nobody Wants to Die, ce jeu à mi-chemin entre Blade Runner, Les Experts et les vieux films noirs ? Notre test
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Nobody Wants to Die pourrait bien être le jeu vidéo sensation de l’été. Ce titre narratif nous met aux commandes d’un enquêteur désabusé dans une New York dystopique. Sa particularité ? Son ambiance de film noir et sa mise en scène maîtrisée. Un cocktail qui fonctionne jusqu’à un certain point. Notre mini-test.
New York, 2329. James Kara, un détective alcoolique, accro à la clope et rongé par son passé se voit confier une affaire qui le dépasse. Des gros bonnets de la ville se font tous liquider les uns après les autres. Règlement de compte ou complot à grande échelle ? A lui de démêler ce sac de nœuds avec votre aide, vous, le joueur.
Voici le postulat de Nobody Wants to Die, le bébé du studio polonais Critical Hit Games. Il s’agit d’un titre qui mise tout sur sa narration et qui veut immerger le joueur dans son univers à mi-chemin entre Altered Carbon et les films noirs des années 1940. Dans cet univers rétro futuriste, la vieillesse n’est plus un problème. Il est possible d’acheter un nouveau corps quand vous sentez la fin arriver, à condition d’en avoir les moyens. Pourtant, cela n’empêche pas les meurtres et c’est à vous de les résoudre.
Un gameplay dirigiste, mais une ambiance fantastique
Les premières minutes du jeu nous mettent au volant de notre vieille voiture, devant un drive-in qui diffuse un film en noir et blanc peu passionnant. Après un dialogue qui nous familiarise avec le bagou de notre héros, on sort de notre tacot et on se rend compte que nous ne sommes pas dans les années 1940, mais bien dans une New York futuriste et cauchemardesque où les immeubles sont si hauts que ses habitants ne voient même plus le soleil. Un formidable panorama qui pose l’ambiance : tout dans Nobody Wants to Die est fait pour nous en mettre plein la vue, nous surprendre avec des plans à couper le souffle. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette première scène réussit son coup.
Nobody Wants to Die est un jeu à la première personne qui se découpe en petits segments diversifiés. Certains vous demanderont d’enquêter sur les scènes de crime, d’analyser le déroulé des événements en remontant le temps grâce à votre bracelet à la manière d’un Cyberpunk 2077. D’autres de trouver des liens entre plusieurs éléments de l'affaire via un puzzle interactif qui rappelle le palais mental d’Alan Wake 2. Enfin, de nombreuses scènes sont purement narratives, respirations ponctuées de dialogues qui, selon vos réponses, influeront sur l’histoire.
Ce sont bien ces moments d’apaisement qui font la vraie force de Nobody Wants to Die. Le studio Critical Hit a un talent fou pour poser son ambiance. La direction artistique est fabuleuse ; chaque niveau est un tableau devant lequel on aime s’arrêter, le tout servi par une qualité graphique de haute volée. L’aventure plonge à 100% dans sa proposition film noir, reprenant habilement tous les clichés du genre pour les tordre au fur et à mesure de l’aventure, même s'il en abuse un peu trop, parfois.
Le tout est servi par des dialogues finement écrits, un doublage (uniquement anglais) quasi-parfait et une bande-originale aussi jazzy que dépressive. Les plus anciens y verront sans doute un hommage à l’auguste Under the Killing Moon (1994) qui adoptait un ton similaire. Une aventure de cinq à six heures empreint d’une certaine mélancolie et qui pousse constamment à continuer pour découvrir la vérité derrière les meurtres.
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Une belle aventure, mais souvent bancale
Poser l’ambiance est une chose, rendre son univers consistant en est une autre. Malheureusement, c’est sur ce point qu’échoue un peu Critical Hit Games. En effet, au fil de l’enquête, nous avons souvent cette impression de flou qui ne nous quitte jamais, comme si les scénaristes avaient du mal à nous présenter clairement les enjeux et les bases de l’intrigue. Exemple concret : il n’est pas rare de comprendre une notion pourtant cruciale du scénario sur le tard, celle-ci étant mal expliquée dès le départ (on pense au fonctionnement de l’ichorite). On s’emmêle aussi les pinceaux entre tous les personnages, beaucoup étant très peu caractérisés (les victimes, notamment). Cela n’empêche pas de progresser, mais on est souvent perdu dans une histoire qui aurait gagnée à être simplifiée.
Ce qui déçoit le plus, c’est bien le gameplay parfois trop dirigiste. Enquêter sur une scène de crime consiste à reconstituer une action via un hologramme pour comprendre ce qui a provoqué le drame. On aurait apprécié que le jeu nous lâche un peu la bride, nous laisse tâtonner pour que nous puissions faire nous même nos déductions à la manière d’un Return of the Obra Dinn, mais non. Les segments sont mécaniques et nous ne quittons jamais les rails : allez voir ce corps, activer tel objet pour repérer tel indice, remontez jusqu’à ce moment précis, etc. Un peu dommage de ne pas vraiment enquêter dans un jeu d’enquête. Laissez la police faire son travail, bon sang !
Il faut donc prendre Nobody Wants to Die pour ce qu’il est : un jeu purement narratif avec une ambiance aussi maîtrisée que réussie. Se laisser porter comme s’il s’agissait d’un film interactif, s’envoûter devant ses panoramas et apprécier ses dialogues ciselés. Un titre qui plaira aux amateurs de polars et à ceux qui cherchent une aventure bien balisée pour profiter d'un scénario bien ficelé.
Nobody Wants to Die est un jeu narratif qui arrive à nous porter grâce à son univers particulier, son ambiance extrêmement réussie et sa direction artistique fabuleuse. Même si on est happés par l’aventure, on regrette tout de même un gameplay bien trop dirigiste ou encore scénario qui a souvent du mal à poser ses enjeux. Un titre sympathique qui reste cependant bien loin des meilleurs du genre.
- Ambiance fantastique
- Mise en scène maîtrisée et direction artistique très réussie
- Rythme bien géré
- Bande originale impeccable
- Dialogues ciselés
- Scénario et univers parfois flous
- Aucune réflexion dans l'analyse des scènes de crime, on est sur des rails de A à Z
- Abuse parfois un peu trop des clichés du film noir