L’Italie passe à la vitesse supérieure contre le piratage, les FAI risquent la prison s’ils ne coopèrent pas
L'Italie vient tout juste de passer à la vitesse supérieure dans sa lutte contre le piratage. Avec ces nouveaux amendements, le gouvernement va obliger les services de VPN et DNS à bloquer les contenus piratés signalés par les ayant-droits. Les FAI sont également concernés par ces nouvelles mesures.
Dans la lutte contre le piratage, un pays européen s'est illustré ces dernières années pour sa vélocité : l'Italie de Giorgia Meloni. En 2023, nos voisins transalpins ont lancé une plateforme automatisée d'un genre nouveau. Baptisé Piracy Shield, ou bouclier anti-piratage dans la langue de Molière, cet outil accélère et automatise la procédure de signalement et de blocage des flux pirates, des noms de domaine et des sites web qui diffusent illégalement des rencontres sportives en direct.
A son lancement en février 2024, le bouclier anti-piratage a connu des débuts compliqués. Comme il fallait s'y attendre, la plateforme a malheureusement fait du zèle en bloquant une adresse IP gérée par Cloudflare. Problème, elle était partagé avec pas moins de 42 millions de sites italiens parfaitement légitimes… Résultat, au moins la moitié de ces sites sont devenus inaccessibles durant quelques heures. On trouvait parmi eux les pages Web d'un fournisseur de télécoms, celle d'une association caritative ou encore celles de plusieurs écoles.
L'Italie passe à la vitesse supérieure contre le piratage
Et si le problème a été réglé rapidement, il a mis en lumière les failles de ce système. Depuis ce couac, le système Piracy Shield est devenu pleinement opérationnel et se révèle très efficace d'après les autorités italiennes. Et toujours dans l'optique de renforcer leur arsenal contre le piratage, les commissions du Budget et des Finances du Sénant italien viennent tout juste d'approuver de nouvelles propositions de loi.
Concrètement, ces amendements vont surtout bénéficier à la Série A, le championnat de football italien de première division. Ils vont introduire les mesures suivantes :
- Obligation pour les services VPN et DNS à bloquer les contenus piratés, pas seulement les FAI
- Autoriser le blocage des adresses IP et des domaines, même si du contenu légal est présent
- Supprimer les limites sur le volume de domaines et d'adresses IP que les FAI doivent bloquer de manière permanente
- Obliger les fournisseurs de services à signaler les crimes présumés, sous peine d'un an de prison
Parmi les autres mesures validées, on note également :
- la mise en place d'un dispositif permettant aux personnes affectées par erreur par un blocage de faire appel
- la possibilité de demander la réhabilitation d'un domaine/adresse IP six mois après un blocage, à condition que l'utilisation illégale soit terminée
- une nouvelle exigence pour les services en ligne d'instaurer un canal pour entrer directement en communication avec les autorités
Fait loin d'être anodin, ces propositions ont été signées par les sénateurs Dario Damiani et Claudio Lotito du parti Forza Italia. Pour le second, il s'agissait d'une bataille extrêmement importante. Pour cause, il est actionnaire majoritaire et président du club de série A de la Lazio. En d'autres termes, le sénateur a tout intérêt (surtout financier) à renforcer l'arsenal italien contre le piratage.
Source : Torrent Freak