Temu dans le viseur de l’Europe, une enquête est ouverte contre le site de ventes en ligne
La plateforme de ventes en ligne d'origine chinoise Temu est soupçonnée de manquements à la loi européenne sur les services numériques (DSA). La Commission européenne ouvre une enquête et Temu nous a fait part de sa réaction.
Dans le monde du commerce en ligne, les grandes plateformes chinoises suscitent toujours des avis partagés. On y trouve certes de très nombreux produits aux tarifs défiant toute concurrence, mais en coulisse, il y a de nombreux problèmes. Contrefaçons, articles dangereux… Des aspects bien réels qui ont par exemple abouti au déréférencement de Wish dans le moteur de recherche Google en 2021. Aujourd'hui, d'autres sites ont pris le relais. Et parmi les plus connus, Temu n'est pas sans créer la polémique.
Soupçonné d'arnaquer les acheteurs voire de les espionner, l'e-commerce est surveillé par l'Union européenne depuis quelques temps déjà. Après analyse, entre autres, des informations fournies par Temu suite aux demandes de l'UE, elle a décidé d'ouvrir une enquête officielle. Le but est de vérifier la conformité du site avec la loi sur les services numériques (DSA), entrée en vigueur fin août 2023.
Pourquoi la Commission européenne ouvre une enquête sur Temu
Comme le résume Margrethe Vestager, vice-présidente exécutive pour une Europe adaptée à l’ère du numérique : “Nous voulons nous assurer que Temu respecte la législation sur les services numériques. En particulier en veillant à ce que les produits vendus sur leur plateforme respectent les normes de l’UE et ne nuisent pas aux consommateurs“.
Dans le détail, l'investigation se concentrera sur les points suivants :
- La façon dont Temu lutte contre la vente de produits non conformes dans l'UE. Le site est en effet tenu de “limiter la réapparition de commerçants malhonnêtes précédemment suspendus” et de mettre en place des “systèmes visant à limiter la réapparition de produits non conformes“.
- Les procédures déployées par Temu pour limiter les risques d'addiction à sa plateforme. La présence, par exemple, de programmes de récompenses assimilés à des jeux peut “avoir des conséquences négatives sur le bien-être physique et mental d'une personne“.
- Le système de recommandation de contenus et de produits aux utilisateurs. Le DSA oblige les sites à en divulguer publiquement les paramètres principaux et à proposer “au moins une option facilement accessible qui ne repose pas sur le profilage“.
- Le respect de l'obligation de “donner aux chercheurs l'accès aux données accessibles au public de Temu“, conformément au DSA.
Comme le rappelle la Commission européenne, Temu est considéré comme une VLOP, une “très grande plateforme en ligne“. Elle doit donc se plier aux “obligations les plus strictes” prévues par la loi sur les services numériques. En septembre 2024, le site d'e-commerce a déclaré 92 millions d'utilisateurs mensuels.
Temu a réagi en nous envoyant la déclaration suivante : “Temu prend très au sérieux ses obligations en vertu de la DSA. Nous investissons continuellement dans le renforcement de nos procédures de contrôle de la conformité des produits vendus sur notre plateforme, afin de garantir les intérêts et la sécurité de nos clients.Nous coopérons ainsi pleinement avec les régulateurs pour soutenir notre objectif commun d'un marché sûr et fiable pour les consommateurs.
À cette fin, nous sommes notamment engagés dans des discussions afin d'adhérer au ‘Memorandum of Understanding (MoU) on the sale of counterfeit goods on the internet', un accord volontaire facilité par la Commission européenne, qui allie les acteurs majeurs du e-commerce en Europe et les titulaires de droits (de biens dont des versions contrefaites et piratées sont vendues en ligne) dans la lutte contre le référencement de produits contrefaits sur les plateformes.
La contrefaçon est un problème qui touche l'ensemble du secteur, et nous pensons que des efforts de collaboration sont essentiels pour atteindre nos objectifs communs de protection des consommateurs et des détenteurs de droits.“