De plus en plus de gens achètent des jouets sur Temu ou Shein et cette tendance inquiète, voici pourquoi
Les plateformes de vente en ligne à bas prix Shein et Temu vendent de plus en plus de jouets. Une tendance que beaucoup de professionnels trouvent inquiétante. Voyons ce qui les préoccupe.
Successeurs spirituels de Wish, célèbre plateforme de vente en ligne chinoise déréférencée de Google en France, Temu et Shein sont deux noms désormais bien connus des acheteurs. Affichant des prix défiant toute concurrence, ces sites ont le vent en poupe, surtout à l'approche des fêtes de fin d'année. Ajoutez à ça les soldes du Black Friday de novembre et vous obtenez la recette parfaite pour une augmentation forte du nombre de transactions.
En observant les chiffres de Temu et Shein en 2024, on constate qu'un type de produits a vu ses ventes monter en flèche : les jouets. En Europe, 39 % des internautes en ont acheté sur l'un des deux sites ou sur AliExpress depuis le début de l'année. On grimpe à 60 % chez les 18-34 ans selon une étude de Circana.
Un porte-parole de Shein confirme la tendance : entre 2023 et 2024, les ventes de jouets ont connu une augmentation à deux chiffres, ce qui en fait l'une des catégories enregistrant la plus forte croissance. Si les vendeurs se frottent les mains, les professionnels du secteur sont bien plus mitigés.
Les jouets se vendent très bien sur Shein et Temu, mais ce n'est pas forcément une bonne chose
Le succès des deux enseignes virtuelles a bien sûr été remarqué par les fabricants de jouets. Quelques uns y voient une belle opportunité, comme l'américain MGA Entertainment : “Nous voulons atteindre [tous les niveaux] de consommateurs, et pas seulement les personnes aux revenus moyens“, explique le PDG Issac Larian. D'autres ont déjà franchi le pas et ne regrettent rien, à l'instar du distributeur Popmarket, qui vend des produits Funko, Hasbro ou encore G.I Joes sur Shein.
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L'entreprise précise que ses résultats dépassent les prévisions initiales. Il envisage désormais d'intégrer le catalogue de Temu. D'après Tim Hinsley, responsable du commerce de détail pour la société mère Alliance Entertainment, les possibilités de partenariat sont toujours bien accueillies : “Tout le monde était très enthousiaste à l'idée de disposer d'un nouveau marché et d'atteindre ce groupe démographique [les foyers aux revenus modestes, ndlr]”.
Les professionnels s'inquiètent des contrefaçons et des risques pour les enfants
Mattel, derrière les poupées Barbie, entre autres, ne vend rien sur Shein et Temu. Ses distributeurs n'y sont pas autorisés non plus. Pourtant, il est facile d'y trouver le jeu de cartes Uno ou encore des voitures Hot Wheels dont la fiche produit s'accompagne d'un badge assurant de leur authenticité. Temu a retiré depuis les produits incriminés, tandis que Shein assure qu'une équipe travaille en permanence pour vérifier que les articles ne sont pas des contrefaçons.
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Le fabricant Spin Master a quant a lui remarqué que plusieurs poupées visibles sur les deux sites ressemblent énormément à sa nouvelle “Ms Rachel”. Des “faux” selon un porte-parole, qui les juge dangereux : destinées aux enfants très jeunes, dès 6 mois, elles n'ont probablement pas été soumises aux tests de sécurité habituels. Là aussi, Temu les a supprimé.
D'une manière générale, les professionnels rappellent qu'une contrefaçon de jouet n'a pas qu'un impact économique. Elle peut indiquer une mauvaise tranche d'âge par exemple, et comporter des petites pièces entraînant un risque d'étouffement. Rappelons que Temu est sous le coup d'une enquête de la Commission européenne. Parmi les points soulevés, on trouve la manière dont la firme lutte contre la vente d'articles non conformes sur le Vieux continent.
Source : Reuters