Amazon a réalisé moins de 10 livraisons par drone depuis le lancement de Prime Air
Après un mois de test pour son service de livraison par drones, le bilan est très mitigé pour Amazon. En effet, la firme aurait complété moins d’une dizaine de livraisons, selon plusieurs rapports. Deux suspects sont dans le viseur : les réglementations particulièrement strictes sur le sol américain d’une part, et la récente vague de licenciements d’autre part.
En 2013, Jeff Bezos faisait une annonce digne d’un scénario de science-fiction : bientôt, promettait-il, Amazon pourrait effectuer des livraisons par drones. 10 ans plus tard, force est de constater que l’idée est pour le moins ambitieuse. L’année dernière déjà, plusieurs rapports s’inquiétaient du développement catastrophique du projet. Malgré un investissement conséquent, Prime Air essuyait encore des échecs les uns après les autres.
Finalement, le mois dernier, Amazon ouvre enfin une première phase de test pour le grand public. Celle-ci se déroule en Californie et au Texas et, malgré certaines réticences de la part des locaux, cette nouvelle étape marque enfin une avancée significative pour Prime Air. Du mois, c’est ce que l’on pensait. À ce jour, le service n’aurait même pas effectué une dizaine de livraisons.
La FAA, ennemi numéro 1 de Amazon Prime Air
Alors, que fabrique Amazon ? Pour comprendre ce qui se trame en coulisses — et pourquoi les 2 milliards de dollars investis ne parviennent pas à faire bouger les choses — il faut d’abord regarder du côté de la FAA. La Federal Aviation Administration, l’agence en charge de la régulation de l’aviation civile aux États-Unis, a en effet mis de gros bâtons dans les roues d’Amazon depuis le lancement du projet.
En effet, comme l’expliquent nos confrères de The Verge, le géant du e-commerce fait face à un obstacle de taille. À ce jour, la FAA interdit la firme de faire voler ses drones au-dessus des routes. Plus précisément, pour que le trajet d’un drone croise une route, un employé d’Amazon doit se rendre sur place pour s’assurer qu’aucun véhicule ne circule sur la voie à ce moment-là. Pas très pratique pour un service qui tend justement à se passer d’intervention humaine, donc.
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Et ce n’est pas tout : jusqu’à encore récemment, les drones d’Amazon devaient voler exclusivement au-dessus de zones peu peuplées, n’avaient pas le droit de survoler des immeubles ni s’en approcher à moins de 30 mètres. Il faut dire que la FAA prend ses précautions. Tout au long de la phase de test, Amazon a engendré plusieurs crashs de ses drones, notamment qui a déclenché un feu de forêt sur plus de 10 hectares. Reste que l’entreprise n’a toujours pas le droit de voler au-dessus de personnes, ni effectuer des trajets de plus de 6 km.
Amazon a licencié de nombreux employés chargés de la sécurité des drones
Mais la FAA ne peut pas être désignée comme seule responsable de ce fiasco. Dans un récent rapport, Business Insider explique ainsi que la sécurité des opérations est un autre frein majeur à l’expansion du programme. Et pour cause : en novembre dernier, Amazon a licencié 10 000 employés à travers le monde, dont une grande partie ferait partie de l’équipe chargée de la sécurité des drones.
« Je pense que cela en long sur leurs priorités », témoigne un employé ayant gardé son poste. « Si Amazon accordait autant d’importance à la sécurité qu’ils aiment le dire aux médias, cette équipe n’aurait pas été licenciée. » En parallèle, les habitants des zones où se déroulent les livraisons sont nombreux à exprimer leurs inquiétudes quant aux dangers de Prime Air, obligeant Amazon à investir massivement dans la communication à ce sujet.
« Les récentes réductions de personnel n’ont pas d’impact sur nos plans de livraison dans ces endroits », affirme Maria Boschetti, porte-parole d’Amazon, interrogée par The Verge. « Nous continuerons à offrir un service de livraison par drone sûr et exceptionnel à nos clients dans ces deux endroits. Nous étendrons progressivement les livraisons à davantage de clients dans ces zones au fil du temps. »
Sources : The Verge, Business Insider