Amazon : élus et ONG veulent stopper la plateforme “avant qu’il ne soit trop tard”

120 ONG, syndicalistes, élus et citoyens signent une lettre ouverte. Destinée au gouvernement celle-ci dénonce les faveurs qui seraient accordées à Amazon en pleine crise du COVID-19. Et souligne que ce dernier poursuit son expansion comme jamais, au détriment des commerces de proximité particulièrement ébranlés par la crise. 

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Crédits : @helloimnik via Unsplash

A quoi va bien pouvoir ressembler “le monde d'après” ? La crise de la COVID-19 et les mesures pour endiguer sa progression ont mécaniquement poussé des millions de Français sur les plateformes de commerce en ligne. Le groupe américain Amazon est assurément l'un des grands gagnants de cette période trouble, grâce à son secteur d'activité, la présence d'entrepôts sur tout le territoire, et son expertise, qui lui permet de proposer des prix compétitifs et des délais de livraison très rapides.

En face, les commerçants français ne jouent clairement pas avec les mêmes armes. Dans l'ensemble peu organisés ou réellement commercialement présents sur internet, nombre de commerçants doivent composer avec des fermetures administratives, et la désertion des clients qui réalisent plus facilement leurs achats en ligne. Il faut dire que se rencontrer dans des lieux publics clos n'est pas vraiment recommandé. Et que pour ne rien arranger, les petits commerces ne s'étaient pas suffisamment préparés à la vente en ligne.

Amazon, révélateur des effets de la crise COVID-19 ?

C'est donc dans ce contexte précis que 120 signataires, parmi lesquels on trouve la CGT, FSU, Attac, Greenpeace, Agir pour l'environnement, Confédération paysanne, Amis de la Terre, des responsables FI, PCF, EELV et PS, mais aussi des libraires ou des éditeurs, maires, députés, sénateurs ou conseillers municipaux – publient une lettre ouverte dans laquelle ils demandent au gouvernement de contrarier la progression d'Amazon.

Les signataires commencent par faire remarquer que la COVID-19 a donné lieu à une “crise sans précédent qui a une nouvelle fois révélé les profondes inégalités de notre société”. Et de détailler : “des dizaines de milliers de personnes ont perdu ou vont perdre leur emploi et un million de personnes supplémentaires sont passées sous le seuil de pauvreté en France”.

Or, à lire la lettre, “tout le monde n’est pas affecté de la même manière”. Les commerces physiques ont en effet été particulièrement impactés par les mesures de lutte contre le coronavirus, ce qui n'est pas le cas des plateformes en ligne comme Amazon, mais aussi ses concurrents français tels que Cdiscount ou Rue du Commerce dont il n'est pourtant à aucun moment question dans cette lettre ouverte.

Désigné comme seul problème, Amazon n'en est pourtant qu'une partie

Quand bien même selon les derniers chiffres disponibles, Amazon détient une part de marché de 20,3 % sur le commerce en ligne en France. Ce qui est la plus grosse part de marché sur ce segment. On y trouve néanmoins d'autres acteurs français – comme on vous le disait Cdiscount (8,1%), Vente Privée (3,4%) Fnac-Darty (2,5%), La Redoute (1,7%) Boulanger (1,6%) ou encore Zooplus (1,6%).

Or, pour les signataires, le succès d'Amazon en pleine crise du COVID-19 (comment pourrait-il en être autrement ?) est trop insolent. Ils poursuivent : “Amazon, le géant du e-commerce, apparaît comme le grand gagnant de la crise. Depuis le début de l’année 2020, ses ventes ont explosé et la fortune de Jeff Bezos a dépassé les 200 milliards de dollars.

Et de lancer : “Tant pis si cela se fait au prix de 20 000 salariés contaminés par le Covid, d’une explosion du nombre de produits importés, du recours à des modes de transports polluants qui se conjuguent à des dérogations au temps de conduite des chauffeurs routiers prises par décret, de la destruction de milliers d’emplois dans les commerces de proximité, d’une évasion fiscale massive, ou de l’artificialisation des terres pour construire 19 nouveaux entrepôts en France”.

Stopper l'expansion d'Amazon, une bonne idée ?

Pour les signataires “Amazon favorise en réalité la multiplication d'achats superflus et suremballés, consommateurs de ressources et émetteurs de CO2″. Même si en disant cela, ils ne disent rien sur l'impact des plateformes concurrentes, ou même, en comparaison, du commerce de détail. Ils ne s'arrêtent pourtant pas là.

Et dénoncent également les pratiques d'Amazon en matière sociale, notamment les “revendications salariales” qui seraient “balayées d’un revers de main”. Et bien sûr la “fermeture de nombreux petits commerces”. Or, à en croire la lettre ouverte, le président de la République “déroule le tapis rouge” au groupe américain. Ce qui selon eux “dessine un monde d’après pire qu’avant”.

Lire également : Amazon – les commerçants exigent l'interdiction du Black Friday

Pointant la “survie même de l’ensemble du secteur du commerce”, les signataires demandent donc au gouvernement de “stopper l’expansion du géant du e-commerce avant qu’il ne soit trop tard”. Et prévoient une mobilisation le 27 novembre, date du Black Friday sur Amazon.

Source : Francetvinfo


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