Amazon s’auto-proclame défenseur des petits portefeuilles en luttant contre le projet de frais de port sur les livres
Après la décision du gouvernement d’imposer des frais de port de 3 € minimum pour tous les livres achetés sur Amazon, le géant du e-commerce riposte en déposant un recours auprès du Conseil d’État. Dans un communiqué de presse, celui-ci argue que cette mesure heurtera le pouvoir d’achat des Français ainsi que, ironiquement, les affaires des petites librairies.
Amazon vs. gouvernement, épisode 3. Tout a commencé à l’automne 2021, alors que l’Assemblée générale a adopté en grande majorité un texte de loi visant à imposer des frais de port de 3 € minimum pour tout achat de livre sur Amazon inférieur à 35 €. Le but, bien entendu, étant de soutenir les librairies physiques, largement mises à mal par l’arrivée du mastodonte numérique sur le marché. Un an plus tard, la mesure devient officielle.
Mais la plateforme n’a pas dit son dernier mot. Dans un communiqué de presse publié ce mardi 27 juin, Amazon annonce avoir déposé un recours auprès du Conseil d’État pour abus de pouvoir. Si on ne s’attendait pas à ce que la firme américaine accepte gentiment de courber l’échine, son argumentaire, quant à lui, est plus surprenant. En effet, Amazon prétend que cette mesure va grandement heurter le pouvoir d’achat des Français.
Amazon protège les Français et les petites librairies pour éviter une chute de ses ventes
« Cette mesure […] va pénaliser les lecteurs, les auteurs et la lecture en général » estime Frédéric Duval, directeur général d’Amazon France, avant d’appeler à « faire valoir le droit dans l’intérêt des consommateurs. » À l’heure où de nombreux Français s’inquiètent de leur pouvoir d’achat en berne, l’entreprise n’hésite pas à brandir cet argument pour obtenir gain de cause.
Sur le même sujet — Amazon lutte contre le piratage de livres électroniques… en punissant les auteurs
Pour Frédéric Duval, « l’offre en ligne et celle des libraires sont en réalité complémentaires ». En effet, la majorité des libraires françaises se situent en zone urbaine. Les habitants de zones plus rurales n’ont souvent pas d’autres choix que d’opter pour la solution numérique — bien qu’Amazon, malgré sa domination incontestable, est loin d’être le seul acteur de ce secteur.
En outre, il se pourrait bien qu’Amazon obtienne gain de cause. En effet, la Commission européenne a d’ores et déjà émis des doutes quant à la validité de la mesure, soulignant elle aussi les manquements à l’intérêt des consommateurs. À la place, l’organisme imagine plutôt un tarif postal dédié, bien plus avantageux et déjà en place pour les achats provenant de l’étranger.
Source : Amazon