Amazon veut concurrencer Starlink et signe un contrat historique avec le géant de l’aérospatial ULA
Pour espérer rattraper le retard accumulé face au Starlink d'Elon Musk, Amazon vient de signer plusieurs contrats avec trois entreprises majeures de l'aérospatiale. En effet et pour assurer l'envoi en orbite basse de ses 3236 satellites, le géant américain s'est offert les services de ULA, d'Arianespace, et de BlueOrigin, la société de Jeff Bezos.
Depuis 2019, Amazon fait part de ses ambitions de devenir un fournisseur d'accès internet par satellite, à l'image d'un certain Starlink, le service propulsé par SpaceX d'Elon Musk. Pour s'en donner les moyens, le géant américain du e-commerce a d'ores et déjà annoncé qu'il comptait investir 10 milliards de dollars pour envoyer plus de 3000 satellites en orbite basse.
Il y a peu de temps, les locaux français de Kuiper ont d'ailleurs ouvert leurs portes à Clichy, et on retrouve à sa tête Philippe Daly, responsable notamment du développement d'Alexa, l'assistant vocal d'Amazon. Et alors que Starlink est disponible dans l'Hexagone depuis mai 2021 maintenant, la compagnie américaine autrefois menée par Jeff Bezos a décidé de passer à la vitesse supérieure.
Le projet Kuiper d'Amazon passe à la vitesse supérieure
En effet, la firme de Seattle annonce ce mardi 4 avril 2022 la signature de plusieurs contrats avec de grands noms de l'aérospatiale, à savoir l'américain ULA, le français Arianespace et Blue Origin, la société de Jeff Bezos. Ces trois entreprises, spécialisées dans le développement et le lancement de fusées, aideront Amazon à envoyer en orbite basse les 3 236 satellites qui constitueront la constellation du projet Kuiper, le service internet par satellites d'Amazon.
Pour les non-connaisseurs, ULA ou United Lauch Alliance est le concepteur des lanceurs américains Atlas, Delta et du futur Vulcan. Arianespace vient quant à elle de dévoiler récemment Ariane 6, sa fusée de nouvelle génération, tandis que Blue Origin s'est déjà illustré par le passé avec New Shepard, une fusée mono-étage réutilisable que vous avez pu voir lors du premier vol habité vers l'espace en juillet 2021. Jeff Bezos faisait partie de l'équipage.
Ces accords prévoient jusqu'à 83 lancements espacés sur une période de 5 ans. “La sécurisation de la capacité de lancement auprès de plusieurs fournisseurs a été un élément clé de notre stratégie dès le premier jour”, assure Rajeev Badyal, vice-président technologie du projet Kuiper pour Amazon. D'après les dires du géant, il était impératif de recourir aux services de plusieurs opérateurs de fusées pour espérer rattraper le retard face à Starlink, qui déploie sa constellation depuis maintenant trois ans.
Un contrat en or massif pour Arianespace
Dans le détail, Amazon a commandé 18 fusées Ariane 6 à Arianespace pour mettre en orbite une partie de ces satellites (35 par lancement). “Un grand moment dans l'histoire de la société”, se félicite Stéphane Israël, président exécutif de la société, dans le communiqué officiel d'Amazon. Il faut dire qu'avec ce contrat, Arianespace réunit les meilleures conditions pour remplir son objectif de 11 vols par an avec Ariane 6. Le cap pour atteindre la rentabilité. Avec ces accords, Arianespace peut déjà s'appuyer sur six vols par an rien qu'avec Amazon.
L'américain ULA prendra évidemment sa part, avec pas moins de 38 lancements prévus via la fusée Vulcan depuis le site de Cap Canaveral en Floride. Pour l'occasion, une deuxième plateforme de lancement sera d'ailleurs construite pour procéder “à des opérations à cadence élevée” avec le lanceur lourd Vulcan Centaur.
On retrouve ensuite et sans grande surprise Blue Origin. La société de Jeff Bezos se chargera quant à elle de douze lancements avec New Glenn, le fameux lanceur lourd réutilisable 25 fois. Notez qu'Amazon a d'ailleurs pris une option pour 15 lancements supplémentaires, ici encore depuis le pas de tir de Cap Canaveral. Concernant le montant total de la somme dépensée par Amazon, elle est tenue secrète mais d'après de nombreux spécialistes, un tel investissement dépasse aisément les 10 milliards de dollars.
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Le projet Kuiper a encore du chemin à faire avant de rattraper Starlink
Pour espérer tenir la dragée haute à Starlink, Amazon veut s'appuyer sur son expérience dans des secteurs clés, à savoir la logistique bien entendu et surtout l'infrastructure cloud de Amazon Web Services, sans oublier la production de hardware. À ce sujet, Amazon planche toujours sur le kit qui sera fourni aux utilisateurs du projet Kuiper. L'objectif étant de proposer quelque chose de moins imposant et de moins onéreux que celui de Starlink, dont le prix est fixé à 499 € en France.
Après des années de galère pour développer une antenne fiable et maniable, Amazon aurait toutefois mis au point la solution miracle avec une antenne miniature de 30 centimètres d'envergure seulement. Concernant le déploiement de Kuiper, il ne devrait pas démarrer avant 2023, voire 2024/2025.
Source : Les Échos