Antitrust : les États-Unis voudraient séparer Facebook, Instagram et WhatsApp
Selon le Wall Street Journal paru cette semaine, Facebook pourrait faire l’objet d’une injonction préliminaire menée par la commission fédérale américaine dédiée au commerce. Le but de cette enquête serait d’empêcher la firme de renforcer l’interopérabilité entre ces différents services, notamment Facebook, WhatsApp et Instagram.
Il y a une citation de Tim Cook qui est une vérité implacable, même pour ceux qui n’apprécient pas Apple : « Si un service est gratuit, c’est vous le produit ». Cela veut dire qu’un service est monétisé, quel que soit son modèle économique. S’il n’est pas payant, il se finance avec de la publicité. Et qui dit publicité dit ciblage marketing. Et donc utilisation des données personnelles.
Dans le domaine des données personnelles, et notamment de la monétisation des données personnelles, Facebook est un archétype. Qui en sait autant que Facebook sur vous ? Si vous partagez avec vos proches vos photos, vos voyages, vos avis sur un film ou une chanson, ou encore vos gouts en matière de cuisine, de politique ou de littérature, Facebook dispose d’un profil très fourni.
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Un profil qui peut même sortir du cadre du réseau social, grâce aux multiples sites qui proposent de se connecter avec un profil Facebook ou de liker des informations ou des produits sur des sites marchands. En outre, Facebook, ce n’est pas que Facebook. C’est aussi Instagram, WhatsApp et Messenger. Ce sont trois services qui participent de plus en plus au chiffre d’affaires de Facebook. Et ce sont, de plus en plus, des sources importantes d’information sur les Internautes.
En début d’année 2019, suite au scandale Cambridge Analytica pour lequel le réseau social à écopé d'une amende de 5 milliards de dollars, Facebook a annoncé de nouvelles mesures pour renforcer le respect de la vie privée. L’une d’entre elles est l’interopérabilité de Facebook, WhatsApp, Messenger et Instagram. L’idée est simple : il y aura plus de ponts entre les services, lesquels profiteront du même niveau de sécurité. Par exemple, un message crypté pourra partir de Messenger et transiter sur WhatsApp. Aujourd’hui, pour rester crypté, ce message ne peut sortir du service d’où il est émis.
Facebook, Instagram et WhatsApp sont trop proches
Cependant, les régulateurs américains craignent que Facebook n’utilise cette interopérabilité pour améliorer le profil des utilisateurs. Et ainsi créer de nouveaux croisements et de nouveaux segments publicitaires. Et compte tenu de la place prépondérante des principaux produits de la firme, une telle proximité pourrait être considérée comme une situation monopolistique et anticoncurrentielle, puisque Facebook aurait alors une trop avantageuse.
Selon un article du Wall Street Journal, la commission fédérale américaine en charge du commerce (la fameuse FTC) réfléchirait à émettre une injonction préliminaire contre Facebook afin de bloquer l’intégration des messageries avec le réseau social. Cette action aurait la préférence de la commission vis-à-vis d’une enquête, car elle peut être menée plus rapidement. Et le temps est compté, car l’interopérabilité des trois services aurait pour conséquence de limiter leur intégration. Et la commission souhaite que les trois services restent séparés.
Pourquoi ? Parce qu’à long terme, cette injonction pourrait ouvrir la porte à d’autres actions menées par le législateur américain. Potentiellement, si ce dernier estime que la position de Facebook est monopolistique, il pourrait forcer Facebook à se séparer de l’une des deux autres applications phares de son catalogue. Voire les deux. Or, si les trois services sont trop intégrés les uns avec les autres, la séparation serait trop difficile.
Source : Wall Street Journal