App Store, Play Store : l’Australie ouvre une enquête sur les pratiques d’Apple et Google
Les pratiques commerciales de Google et Apple vis-à-vis de leurs boutiques applicatives attirent la curiosité du régulateur australien chargé de la concurrence. Ce dernier va ouvrir une enquête pour comprendre le fonctionnement et mesurer l’importance d’une meilleure transparence financière. Voire même sur les conditions d’accès à l’App Store et au Play Store.
Comment Google et Apple choisissent-ils les applications qui figurent dans leur boutique applicative ? Quelles sont les conditions pour rester et quels sont les tarifs ? Voilà des questions auxquelles peu de personnes peuvent répondre. Et aucune n’a vraiment envie d’y répondre. L’enjeu économique est évidemment énorme : chez Apple, par exemple, les services (App Store, Apple Pay, Apple Music, Apple TV+, iCloud, etc.) sont devenus la seconde source de revenus de la firme, derrière les iPhone. Et ils sont amenés à passer en tête.
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Pourtant, ces questions sont importantes : elles impactent bien évidemment les développeurs qui vivent de la distribution de leurs applications, mais aussi les consommateurs qui les achètent. Comment être sûr que l’App Store respecte les règles d’une libre concurrence quand Apple y vend ses propres produits et valide en même temps les mises à jour de ses concurrents ? Nous pensons à Deezer, Spotify ou Pandora par exemple, concurrents d’Apple Music.
Après les USA et l'Europe, l'Australie
L’affaire Fortnite et Epic Games, qui a éclaté cet été, n’est pas le premier conflit entre un développeur et Apple ou Google. Mais il attire le regard des autorités de régulation des pays où leurs boutiques sont disponibles et où elles soutiennent un véritable écosystème. Des enquêtes sont en cours des deux côtés de l’Atlantique pour déterminer si Apple et Google ont des pratiques qui favorisent ou non la libre concurrence.
En fin de semaine dernière, l’ACCC (commission australienne chargée de la consommation et de la concurrence) a publié un communiqué de presse pour confirmer l’ouverture d’une enquête pour déterminer si les deux firmes respectent les règles et si une nouvelle loi ne serait pas nécessaire pour améliorer la transparence des prix, des taxes et des commissions. Si cela se confirme, chaque développeur pourrait être autorisé par la loi australienne de communiquer sur l’argent qu’il reçoit pour chaque paiement effectué sur le Play Store ou l’App Store. Rappelons que Google et Apple perçoivent 30 % de commission sur tous les paiements réalisés sur leurs boutiques.
Un duopole impossible à contourner
La situation d’Apple et Google attire aussi l’attention du régulateur australien parce que ce dernier estime que le succès d’une application dépend aujourd’hui de sa présence sur les deux boutiques, tant le duopole d’iOS et Android est fort sur le marché des smartphones. Même s’il existe des alternatives (pour Android), elles ne sont pas suffisamment fortes pour assurer la pérennité d’une offre commerciale (il suffit de se regarder du côté d’AppGallery). L’ACCC espère donc apporter une plus grande transparence quant au processus de validation d’une application.
Le régulateur australien ouvrira donc un sondage ouvert aux consommateurs, aux développeurs et aux fournisseurs de services afin de répondre à quelques questions vis-à-vis de leurs expériences sur les boutiques des deux géants. À partir du résultat de cette enquête, l’ACCC pourrait obliger Google et Apple à montrer davantage patte blanche, ouvrant alors la voie à d’autres organismes de régulations. Rappelons que l’Australie est le premier pays à obliger Google et Facebook à financer en partie la presse locale.
Cette nouvelle enquête s’ouvre donc alors qu’Apple est attaqué en justice par Epic Games, le créateur de Fornite (le free-to-play qui a rapporté le plus d'argent en 2019), parce que son jeu phare a été banni de l’App Store. Pire, non seulement Fortnite ne peut plus être installé par de nouveaux joueurs, mais les anciens ne sont plus autorisés non plus à le réinstaller en cas de suppression de leur smartphone. Apple a pris cette décision suite à l’intégration dans Fortnite d’un système de paiement intégré qui contournerait le système d’Apple (et sa commission de 30%), ce que la firme interdit. Notez que Google a également banni Fornite du Play Store pour des raisons similaires.
Source : ACCC