Apple dévoile des changements radicaux pour iOS, Safari et l’App Store en France
Apple vient d’annoncer une série de modifications importantes de son système d'exploitation mobile, de son navigateur web et de sa boutique d'applications, afin de se conformer aux nouvelles réglementations de l'UE qui affecteront ses produits et services.
Cela fait maintenant plusieurs semaines que nous savions que des changements importants se profilaient à l’horizon chez Apple, et le géant américain vient enfin de dévoiler toutes les modifications qu’elle apportera à iOS, Safari, mais aussi l’App Store.
Ces changements, qui seront introduits dans iOS 17.4 en mars, offriront aux utilisateurs de l'UE davantage de choix et d'options pour télécharger des applications, naviguer sur le web et payer des biens et des services numériques. Cependant, Apple n'est pas satisfaite de ces nouvelles règles et affirme qu'elles nuiront à l'expérience des utilisateurs et à la sécurité de ses appareils.
Apple va enfin se plier aux nouvelles règles européennes
Les changements majeurs prévus sur iOS s'inscrivent dans le cadre de la loi européenne sur les marchés numériques (Digital Markets Act), qui vise à limiter le pouvoir et les pratiques des grandes entreprises technologiques, telles qu'Apple, Google, Meta et Amazon.
La loi sur les marchés numériques, qui a été adoptée en 2022 et qui entrera en vigueur en mars, comporte plusieurs règles qui s'appliquent aux “gatekeepers”, c'est-à-dire aux grandes plateformes en ligne qui fournissent des services de base, tels que les boutiques d'applications, les moteurs de recherche, les réseaux sociaux et les services de messagerie.
Le DMA exige des “gatekeepers” qu'ils permettent aux utilisateurs d'accéder à d'autres plateformes et de les utiliser, qu'ils désinstallent les applications préinstallées, qu'ils modifient les services par défaut, qu'ils rendent leurs plateformes interopérables avec leurs rivaux et qu'ils n'abusent pas de leur position sur le marché ou de leurs données.
Quels changements sont prévus sur iOS avec la mise à jour 17.4 ?
L'un des changements les plus importants qu'Apple devra opérer consistera à autoriser d'autres magasins d'applications et systèmes de paiement sur iOS, le système d'exploitation qui équipe l'iPhone et l'iPad. Jusqu'à présent, Apple ne permettait aux utilisateurs que de télécharger des applications à partir de son propre App Store, et exigeait des développeurs qu'ils utilisent son propre système de paiement et qu'ils paient une commission pouvant aller jusqu'à 30 % sur les biens et services numériques.
En vertu des nouvelles règles, les utilisateurs de l'UE pourront télécharger des applications à partir d'autres sources, telles que des sites web ou des magasins d'applications tiers, et les développeurs pourront utiliser d'autres systèmes de paiement et payer une commission moins élevée, de 17 %, à Apple. Les utilisateurs pourront également définir une boutique d'applications autre que l'App Store comme étant l'application par défaut de leur appareil.
Un autre changement majeur qu'Apple devra effectuer est d'autoriser d'autres moteurs de navigation sur iOS, c'est-à-dire la technologie qui alimente les navigateurs web. Jusqu'à présent, Apple n'autorisait que les navigateurs web qui utilisent son propre moteur de navigation, appelé WebKit, qui est le moteur qui sous-tend Safari, son propre navigateur web. WebKit n'est pas le seul moteur de navigateur sur le marché, puisqu'il en existe d'autres, tels que Chromium, utilisé par Chrome de Google et de nombreux autres navigateurs, et Gecko, utilisé par Firefox de Mozilla
En vertu des nouvelles règles, les utilisateurs de l'UE pourront utiliser des navigateurs web qui utilisent d'autres moteurs de navigation, et les développeurs pourront créer des navigateurs ou des navigateurs in-app qui utilisent d'autres moteurs de navigation. Les utilisateurs pourront d’ailleurs directement choisir un autre navigateur par défaut lorsqu'ils ouvriront Safari pour la première fois.
Apple s'apprête également à autoriser les développeurs de l'Espace économique européen à proposer des paiements NFC dans leurs applications tierces, ce qui permettra aux utilisateurs de payer avec leur appareil grâce à la technologie sans contact. Les développeurs pourront aussi choisir d'utiliser les services de paiement et les achats in-app d'Apple ou d'intégrer un système de paiement tiers sans payer de frais supplémentaires à Apple. Cependant, s’ils souhaitent s'en tenir au système de paiement in-app existant d'Apple, ils devront s'acquitter de frais de traitement supplémentaires de 3 %.
Au niveau d’iMessage, Apple a également été contraint d’annoncer l’adoption imminente des RCS, le nouveau protocole qui remplace les SMS. Cependant, les messages entre iPhone et Android resteront en vert, car Apple veut garder les bulles bleues pour iMessage. Malgré cela, il s’agit d’une excellente nouvelle pour tous les utilisateurs, puisque les propriétaires d’iPhone ne devront plus passer par le système SMS, peu sûr, lorsqu’ils communiquent avec un smartphone Android.
Les utilisateurs d’iPhone vont pouvoir jouer à des jeux dans le cloud
Les nouvelles règles affecteront également d'autres aspects de l'écosystème iOS, tels que la diffusion de jeux en continu et les paiements NFC. À partir d'aujourd'hui, Apple ouvre son App Store aux applications et services de streaming de jeux, tels que Xbox Cloud Streaming et GeForce Now, qui n'étaient auparavant accessibles sur iOS que par l'intermédiaire d'un navigateur web.
Cela signifie que les utilisateurs pourront profiter d'une expérience de jeu complète sur leurs appareils, sans avoir à télécharger les jeux. Les développeurs pourront proposer une seule application capable de diffuser tous les jeux de leur catalogue, mais Apple prévient que chaque jeu devra respecter les directives d'évaluation de l'App Store et la classification par âge de l'application hôte.
Apple craint que les nouvelles règles mettent en danger les utilisateurs
Apple est manifestement mécontent de ces nouvelles règles et affirme qu'elles perturberont l'expérience des utilisateurs et compromettront la sécurité et la confidentialité de ses appareils. L’entreprise affirme que les nouvelles règles obligeront les utilisateurs à se confronter à une liste de navigateurs et de boutiques d'applications par défaut avant d'avoir la possibilité de comprendre les options qui s'offrent à eux, et que les nouvelles options interrompront leur expérience lorsqu'ils ouvriront Safari.
Apple réaffirme également que la pratique du « sideloading », déjà possible sur Android, n’est pas sûre. D’après elle, les magasins d'applications et les moteurs de navigation alternatifs présentent un risque pour la sécurité et les performances, et que seuls son propre App Store et WebKit sont réellement optimisés et sécurisés pour ses appareils.
Seuls les utilisateurs européens sont concernés par ces changements
Les nouvelles règles ne s'appliqueront qu'aux utilisateurs de l'UE, et non à ceux des autres régions. Apple affirme qu'elle permettra aux utilisateurs européens de voyager sans casser leur moteur de navigation ou leur magasin d'applications, mais qu'elle veillera à ce que seuls les comptes appartenant à des personnes vivant dans l'UE bénéficient de ces nouvelles fonctionnalités.
Dans les autres régions, les utilisateurs continueront à bénéficier de WebKit Chrome et de WebKit tout court, et seront toujours limités à l'App Store et au système de paiement d'Apple. Cependant, ce qui est sûr, c’est que ces nouvelles règles devraient avoir un impact significatif sur l'économie et la société numériques dans l'UE et au-delà, et pourrait donner envie à d’autres régions d’adopter des mesures similaires.