Bouygues est accusé de cacher des pixels espion dans les e-mails envoyés à ses abonnés
Bouygues Télécom est dans le collimateur de eWatchers, une association de défense de la vie privée sur internet. L'association accuse l'opérateur de Martin Bouygues de cacher des pixels espion au sein des e-mails envoyés à ses 22 millions d'abonnés, en violation flagrante du RGPD. eWatchers a déposé une plainte auprès de la Cnil.
Comme tous les opérateurs, Bouygues Télécom envoie régulièrement des courriels électroniques à ses 22 millions d'abonnés fixe et mobile. Ces courriels informent les clients d'une augmentation tarifaire, sur leur facture mensuelle ou sur d'éventuelles promotions.
D'après une enquête menée par eWatchers, une association française ayant pour but “d'améliorer la protection des internautes et de les sensibiliser sur l’importance de la sécurité et de la vie privée”, ces e-mails en apparence inoffensifs cachent des pixels espion. Il s'agit de petites images de seulement 1 pixel, enregistrées aux formats PNG ou GIF, dont la quantité au sein des e-mails a explosé au cours des dernières années.
Bouygues Télécom est accusé de partager les données de ses clients avec des tiers
Ces pixels, chargés automatiquement dès que l'abonné ouvre le courriel, permettent à Bouygues de collecter des informations sur ses clients. Parmi les pixels identifiés, on trouve un pixel liée à Google Analytics et un pixel appartenant à Weborama, une firme marketing.
Toujours d'après eWatchers, ces deux pixels permettent de collecter l'adresse IP des internautes. Encore plus inquiétant, Bouygues a “omis d’activer l’option permettant d’anonymiser les adresses IP collectées par Google Analytics et omis de désactiver l’option permettant de ne pas utiliser les données collectées à des fins de publicité ciblée”. Concrètement, les données personnelles peuvent être exploitées à des fins publicitaires par Google et Weborama.
Cette pratique est contraire aux règles du RGPD, le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) entré en vigueur en 2018. Pour collecter l'adresse IP d'un internaute, une entreprise doit impérativement obtenir le consentement explicite de celui-ci. “Bouygues Telecom ne communique cependant aucune information à ses abonnés sur la présence de ces pixels espions et il ne leur permet pas non plus de s’y opposer”, regrette eWatchers.
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Dans une plainte déposée auprès de la CNIL, la Commission nationale de l'informatique et des libertés de France, l'association de défense exige que l'opérateur se débarrasse de tous les pixels espion cachés dans ses mails et informe ses abonnés concernant la collecte de données. Enfin, eWatchers souhaite que Bouygues mette tout en oeuvre afin que les données collectées par des firmes comme Google et Weborama soient effacées. Des dédommagements, dont le montant n'est pas indiqué, sont aussi à l'ordre du jour.
Source : eWatchers