Box sous Android : les opérateurs ne sont pas d’accord
Android est aujourd’hui présent dans 80% des smartphones dans le monde. Google a pour objectif d’étendre son système d’exploitation sur d’autres supports comme la voiture, la maison, les objets connectés et… la TV. Ainsi, le géant de Mountain View est parvenu à s’intégrer dans les box de l’opérateur SFR et bientôt dans la nouvelle box « Miami » de Bouygues Telecom, prévue pour la fin d’année.
Mais Orange et Free ne voient pas l’arrivée de l’OS dans leurs box d’un bon oeil et n’approuvent pas la stratégie de leurs concurrents. Ils craignent une perte de contrôle de leurs contenus et l'impossibilité d'établir des stratégies viables.
SFR et Bouygues sont pour
Android est un monde ouvert qui propose les toutes dernières applications innovantes à avoir sur son écran TV, que SFR ne pourrait pas faire seul. C’est un avantage compétitif – Guillaume Boutin, directeur marketing SFR –
Pour les deux opérateurs qui ont opté pour la présence d’Android dans leur box, l’intérêt est évident pour eux : Android est totalement gratuit. Il propose un accès à un grand nombre d’applications et ne nécessite pas un travail pharaonique de développement, seulement quelques ajustements. Grâce à Android, les opérateurs peuvent convaincre davantage de clients et c'est ce qui importe.
Google nous offre la richesse de son système d’exploitation. Mais on garde la main sur l’expérience utilisateur, avec une interface à nous – Olivier Roussat, PDG de Bouygues Telecom –
Cela permet donc de faire de belles économies en terme de R&D et la possibilité donc de proposer une box performante à un prix très compétitif, et de travailler sur d'autres axes plus orientés sur le contenu par exemple. Bouygues Telecom prévoit de profiter de la gratuité d'Android pour commercialiser sa box « Miami » avec des forfaits sous la barre des 30 euros par mois.
Orange et Free sont contre
Demain, lorsque l’on aura un parc Android sur la France entière, ce sera Google qui pourra décider, depuis Mountain View, de la VOD qui peut être distribuée et des programmes qu’il souhaite mettre en avant – Maxime Lombardini, patron de Free –
Free a déclaré la semaine dernière lors d’un colloque de l’Arcep, que l’opérateur ne voulait pas d’Android dans ses box. Il estime qu’à terme, Google sera partout, contrôlera tout, et décidera des contenus présents dans la box. Aucune décision stratégique ne pourra plus être prise par l’opérateur dès qu’Android sera présent dans la box.
A l’instar de Microsoft dans les PC, Android détiendra un quasi-monopole sur les box et Free n’en veut pas. L’Europe non plus d’ailleurs puisque Google doit déjà répondre à plusieurs accusations venant de Bruxelles. Un refus catégorique donc.
C’est un vrai problème. Cela peut nous empêcher d’exister dans Internet, de proposer nous-mêmes des choses – Stéphane Richard, PDG d’Orange –
Et Orange rejoint Free dans la bataille. Son PDG Stéphane Richard a eu l’occasion de discuter de l’omniprésence de Google directement avec Larry Page. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas été tendre, accusant Google de proxification, procédé consistant à encrypter le trafic entre Google et le client final ce qui dessert complètement ce client final.
Google parle de sécurité, Orange y voit une stratégie de mise en place d’un monopole sur internet. De fait, Orange ne veut pas d’Android dans ses box puisqu'il craint que le géant américain s'adonne au même genre de pratique.
Enfin certains spécialistes se posent la question de savoir s’il est bien nécessaire de laisser entrer Google dans nos télévisions quand, en France, nous disposons d’un vrai savoir-faire sur nos box.
Il est plus coûteux de concevoir la totalité de son offre mais c'est le prix à payer pour garder le contrôle. Ce débat n'est pas sans rappeler celui qui a fait rage avant l'arrivée de Netflix, et finalement tous les opérateurs, excepté Free, proposeront très bientôt ses services.