Canal, TF1, M6 et France TV déclarent la guerre à Netflix et YouTube
Canal, TF1, M6 et France TV s'organisent pour contrer les nouveaux acteurs du marché audiovisuel, Netflix et YouTube en tête. Ils exigent une révision de la législation pour leur permettre de lutter à armes égales et préparent la riposte. Le service de SVOD SALTO est toujours d'actualité alors que Canal+ annonce une offre concentrée sur les séries à bas prix.
Une responsable de YouTube a passé un mauvais moment jeudi 22 novembre 2018, lors d'une table ronde regroupant les principaux acteurs audiovisuels en France et dont le thème était “A quoi ressemble la télévision du futur ?”. Comme le rapporte Le Monde, elle a été assez maltraitée par les patrons de TF1, M6 et France Télévisions, qui s'en sont également pris à Netflix lors de leurs interventions.
Canal, TF1, M6 et France TV vs Netflix et YouTube
Justine Ryst, dirigeante de YouTube pour l’Europe du Sud, évoquait une “logique de complémentarité et d’opportunité avec les groupes médias” ainsi qu'un “partage de la valeur”. Une déclaration qui n'a pas plu à Delphine Ernotte, PDG de France TV qui n'y est pas allée par quatre chemins : “le partage de revenus qu’on touche de YouTube, c’est rien du tout, c’est du pourboire pour le petit personnel”. Avant d'annoncer que France Télévisions allait “arrêter de mettre les œuvres intégrales sur YouTube”. Elle avait déjà brandi cette menace envers Netflix en septembre 2018.
Nicolas de Tavernost, président du directoire de M6, critique de son côté la réglementation imposée aux chaînes TV et pas aux plateformes vidéo américaines concurrentes. Il dénonce “un cambriolage des ressources […] Cambriolage dans la publicité, car on n’a pas le droit de faire de la publicité adressée alors que sur Internet c’est possible ; cambriolage de notre programmation car nous ne pouvons pas diffuser du cinéma à la télévision certains jours de la semaine”. Le PDG du groupe TF1, Gilles Pélisson, a abondé en son sens. Il évoque aussi le fait que Netflix ne partage pas ses données sur les habitudes de consommation de ses abonnés et sa participation insuffisante au financement des productions françaises.
Les patrons des chaînes TV demandent de nouvelles armes législatives afin de pouvoir concurrencer ces plateformes. Ils ont déjà des projets plein la tête. TF1, France TV et M6 vont lancer SALTO, un service de vidéo à la demande regroupant en commun leurs programmes. “On ne doit pas laisser aux Américains l’entrée de marché à 10 euros”, a quant à lui estimé Maxime Saada, président du directoire de Canal+. Ce dernier a confirmé l'arrivée d'une offre “très focalisée sur les séries et au coût le plus bas possible” pour la fin du premier trimestre 2019. La résistance des chaînes historiques face aux nouveaux acteurs, qui gagnent de plus en de parts de marché, s'organise.
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