Ces experts veulent interdire les smartphones aux moins de 13 ans, voici pourquoi c’est une fausse bonne idée
Un rapport publié ce lundi 29 avril pose un constat inquiétant. Selon la commission en charge de l’enquête, il serait nécessaire d’interdire toute forme d’écran aux enfants moins de 3 ans. Les smartphones, eux, devraient être réservés aux plus de 13 ans. Des mesures qui ont déjà été expérimentées dans d’autres pays, sans grand succès.
En moyenne, les enfants reçoivent leur premier smartphone à 9 ans. Un chiffre qui a drastiquement baissé au fil des années, qui s’explique certes par la démocratisation de l’appareil et l’évolution des mœurs. Si bien qu’aujourd’hui, 40 % des enfants de seulement 4 ans ont d’ores et déjà un téléphone. Si le phénomène paraît désormais inarrêtable, il ne manque pas d’inquiéter tout un pan de la population, notamment Emmanuel Macron.
En début d’année, le Président de la République évoquait la possibilité d’interdire les écrans aux enfants. Ce dernier a alors réuni une commission d’experts chargés d’enquêter sur le sujet, afin d’obtenir selon ses propres termes un « consensus scientifique ». Ladite commission a fini par rendre son rapport ce lundi 29 avril. Sans surprise, la conclusion appelle effectivement à réduire le temps d’écran des enfants, voire à les interdire pour une certaine tranche d’âge.
Des experts appellent à limiter les écrans chez les enfants
Le rapport préconise ainsi d’interdire toute forme d’écrans aux moins de 3 ans. Pour rappel, les pédiatres avaient déjà appelé à la mise en place d’une telle mesure en 2018. Aussi, la commission souhaite bannir entièrement les télévisions et les ordinateurs des maternités ainsi que des crèches et des écoles maternelles. Ensuite, de 3 à 6 ans, les enfants seront autorisés à consulter des écrans sous surveillance et de manière très limitée, « avec des contenus de qualité éducative et accompagné par un adulte ».
Enfin, les adolescents auraient droit à leur premier téléphone portable à partir de 11 ans, à condition que celui-ci n’ait pas accès à Internet. Ce n’est qu’à partir de 13 ans qu’ils pourraient toucher leur premier smartphone, mais là encore sous certaines conditions : interdiction d’utiliser le moindre réseau social avant 15 ans. Des mesures drastiques, qui soulignent l’ampleur des inquiétudes des experts derrière ce rapport.
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« Nous avons été bousculés par ce que nous avons vu : des stratégies de captation de l’attention des enfants. Les biais cognitifs sont utilisés pour enfermer les enfants sur leurs écrans, les contrôler, les réengager, les monétiser », déclare Amine Benyamina, neurologue et co-président du comité d’experts. Ces derniers déplorent également les risques de dépression et d’anxiété engendrés par les réseaux sociaux, ainsi que l’exposition à des contenus choquants sur le web.
Interdire les écrans aux enfants, ça fonctionne ?
La France n’est pas le premier pays à s’interroger sur les risques des smartphones et autres. À l’étranger, certaines initiatives ont déjà lieu localement, certaines villes n’hésitant pas à bannir les téléphones chez les plus jeunes. Le Royaume-Uni, quant à lui, a récemment proposé d’interdire la vente de smartphones aux moins de 16 ans. Mais ces mesures fonctionnent-elles vraiment ? Pour le savoir, il faut jeter un coup d’œil en Asie.
En 2015, Taïwan vote une loi obligeant les parents à limiter le temps d’écran de leurs enfants à une « durée raisonnable ». Depuis. L’amende de 1500 dollars prévue par la loi n’a jamais été appliquée, le gouvernement avouant plus tard que celle-ci avait plutôt une « portée symbolique ». Il faut dire que la chose n’était pas facilement prouvable par les autorités.
La Corée du Sud, quant à elle, a imposé un couvre-feu aux moins de 16 ans en 2011. Ces derniers n’avaient alors plus le droit de jouer aux jeux vidéo entre 22 h et 6 du matin. Une mesure finalement abandonnée 10 ans plus tard, notamment à cause de la pression exercée par les géants du jeu vidéo en ligne.
Citons également l’exemple de la Chine, qui en plus de vouloir limiter les smartphones à deux heures par jour, a imposé une limite de 3 heures par semaine aux mineurs pour les jeux en ligne. Malgré les affirmations du PCC, aucune étude à ce jour n’est venue prouver l’efficacité de telles mesures. « Les récentes recherches sur le sujet suggèrent qu’en pratique, elles ne fonctionnent pas très bien », explique Orsolya Király, chercheuse à l’université de Budapest. « Les premières pistes sont que les joueurs cherchent à contourner les règles et que les entreprises ne les appliquent pas très bien ».