Ces marques étaient prêtes à tout pour vendre de la malbouffe aux enfants et n’hésitaient pas à créer des jeux vidéo pour en faire la pub. Le pire, c’est que certains étaient très bons
De nos jours, la publicité est omniprésente dans les jeux vidéo. Que ce soit par le biais d’affiches publicitaires, d’associations avec des licences prestigieuses ou par le biais de marques détournées, le placement de produit n’est plus une denrée rare. Dans les années 1990, la pratique était moins répandue, mais elle est parvenue à se démocratiser dans les jeux de sport ou certaines œuvres entièrement dédiées à cette cause. Quand la publicité rime avec le jeu vidéo, cela donne un mélange détonnant.
Si les jeux vidéo ont souvent eu une image négative auprès du grand public, cela n’a pas empêché les annonceurs de s’y intéresser de très près. Ces derniers ont rapidement compris qu’il était très facile, pour eux, d’apparaître sur les terrains virtuels en profitant de l’affichage des panneaux publicitaires dans les stades. Le football numérique, à commencer par l’indétrônable FIFA (aujourd’hui appelé EA Sports FC), a été un point d’entrée très important pour la publicité dans les jeux vidéo. Mais il n’est pas le seul…
On l’oublie parfois, mais il existe de très nombreux jeux vidéo qui mettent en scène des personnages et des marques publicitaires. Si certaines licences ont simplement profité de cette particularité pour se faire un nom, d’autres ont trouvé l’équilibre parfait entre réalité et virtuel. Voici une rétrospective de quelques œuvres qui pourraient vous rappeler bien des souvenirs.
Quand le jeu vidéo part en sucette
Au début des années 1990, un drôle de personnage, typé ninja, débarque sur les micro-ordinateurs et consoles. Développé par le studio Gremlin Graphics, le jeu de plateforme affiche certaines qualités, mais se fait surtout remarquer pour une tout autre originalité. Et pour cause, Zool est l’occasion pour Gremlin Graphics, qui est aussi l’éditeur de ce jeu, d’inaugurer un partenariat florissant avec la marque de sucettes et autres confiseries Chupa Chups. Ainsi, les possesseurs de micro-ordinateurs se voient offrir une sucette de la marque dans chaque boite de jeu, mais ils peuvent aussi s’adonner à une aventure entièrement orchestrée autour du monde des Chupa Chups. Calqué sur la philosophie d’un Sonic, le brave Zool sera loin de faire l’unanimité (même si cela reste un jeu très correct), mais il n’en reste pas moins un pionnier dans le rapprochement entre publicité et jeu vidéo.
A cette même période, les consoles de jeu voient débarquer des jeux McDonald’s ou ce qui peut s’apparenter au célèbre fast-food. Pour comprendre cette incroyable histoire, il faut remonter à l’année 1992. Un jeune développeur débarque au studio Trilobyte, qui travaille pour l’éditeur Virgin, et reçoit la mission de créer un jeu de plateforme estampillé McDonald’s. Alors que celui-ci s’exécute, Nintendo remarque que le jeu ressemble un peu trop à un jeu Super Mario et demande l’exclusivité – que Trilobyte n’est pas en mesure de refuser. L’éditeur Virgin, qui a un contrat multi-éditeurs (chacun de ses jeux doit sortir sur les consoles de Nintendo et SEGA), se retrouve dans la panade. Dos au mur, il embauche un jeune développeur irlandais appelé David Perry – qui deviendra une pointure de l’industrie du jeu vidéo en programmant, notamment, Aladdin sur Mega Drive. Ce dernier, à son tour, reçoit la mission de créer un jeu McDonald’s, qui donnera naissance au génial Global Gladiators sur Amiga, Master System, Game Gear et Mega Drive. Il y a même eu un jeu entièrement créé par une équipe japonaise sur la mascotte de l’époque, Ronald, intitulé McDonald’s Treasure Land Adventure. Plutôt fou, non ?
Allez Norbert, mange un Dany
Avec toutes ces histoires, on pourrait croire que cela s’arrête là, mais c’est oublier que les prémices du jeu vidéo étaient dignes du Far West. Vous ne le croirez peut-être pas, mais la Super Nintendo a accueilli un jeu sur des yaourts Danone ! En 1995, la publicité est de plus en plus présente dans l’univers du jeu vidéo et les éditeurs cherchent de nouveaux moyens de financement pour des productions qui coûtent de plus en plus chères. Cryo Interactive, qui est lancé dans de multiples projets, décide de nouer un partenariat avec la marque Danone pour créer un jeu sur les yaourts Dany. C’est ainsi que la Super Nintendo voit débarquer une aventure sous le signe du gamin à la houppette. Dans ce jeu à la Lost Vikings, le joueur contrôle trois personnages qui disposent d’aptitudes différentes et il faut progresser en résolvant une série de casse-têtes. Loin d’être mauvais, le jeu n’a pas marqué les esprits, mais il fut une rampe d’apprentissage pour un certain David Cage, futur fondateur du studio français à succès, Quantic Dream – qui travaille actuellement sur Star Wars Eclipse.
Capsule temporelle
Les consoles de la génération Super Nintendo et Mega Drive ont décidément profité d’étranges pépites dans leur ludothèque. Il y a quelques décennies, la marque 7Up s’est notamment fait connaître en utilisant deux personnages : Fido Dido et Cool Spot. Eh bien, on vous le donne en mille, les deux loustics ont, eux aussi, été croqués à la sauce jeu vidéo. Le premier s’intitule tout simplement Fido Dido et prend la forme d’un jeu de plateforme sur Mega Drive. Bien que l’aventure soit assez difficile, le contraste entre le héros en noir et blanc et le monde en couleurs est plutôt saisissant. Avec quelques ajustements, ce titre aurait pu être très cool… mais il n’est malheureusement jamais sorti, bien que terminé. Le second, en revanche, est sans doute l’un des meilleurs jeux à licence jamais sortis. Connu sous le nom de Cool Spot, il met en scène la célèbre capsule de 7Up dans un jeu de plateforme à l’animation incroyable. Avec ses musiques géniales et sa diversité visuelle, c’est une œuvre emblématique de la génération 16-bits et la preuve irréfutable que pub et jeu vidéo peuvent faire bon ménage.
Un Coca et ça repart
L’Europe n’est pas la seule à avoir accueilli des jeux à tendance publicitaire. Le Japon a souvent été maître dans cet art, et l’un des jeux les plus célèbres en la matière (si l’on excepte le jeu Virtua Fighter Kids et son partenariat avec la marque de thé Java Tea) n’est autre que Pepsiman. Totalement méconnu chez nous, ce drôle de personnage va carrément avoir le droit à son propre jeu PlayStation. Sorti en 1994 et réalisé par une toute petite équipe, ce titre met en scène le super-héros japonais Pepsiman dans une course éperdue dont le but est de sauver des personnes déshydratées. Proche d’un Crash Bandicoot dans la représentation graphique (pas dans la réalisation), Pepsiman invite le joueur à éviter toutes sortes d’obstacles pour mener à bien sa mission. Barrières, voitures en mouvement, grues de chantier… tout y passe ! Bien que répétitif et rempli de pubs à la gloire de Pepsi, Pepsiman est une sacrée curiosité !
On pourrait continuer pendant longtemps, mais la tendance ne s’est pas tarie avec les années. En 2006, la marque Burger King a sorti un jeu déboussolant appelé Sneak King. Vendu à prix réduit et distribué dans tous les fast-foods de la marque, le jeu fait incarner le célèbre roi de la franchise dans une aventure improbable mêlant infiltration et humour. Et à en croire les derniers bruits de couloir, nombreux sont les éditeurs à travailler, pour le futur, sur des systèmes permettant l’intrusion subtile de publicité. On n’a donc pas fini d’en parler…
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