Ces quatre jeux vidéo avaient tout pour réussir, mais ils ont connu des fours phénoménaux
L’industrie du jeu vidéo vient de vivre un évènement rarissime cette semaine : l’abandon pur et simple du jeu multijoueur Concord, la nouvelle exclu PlaysStation, et ce seulement deux semaines après son lancement. Quand l’échec d’une œuvre est retentissant, c’est tout le média qui vacille. Pour l’occasion, nous avons décidé de revenir sur les flops les plus marquants de nos aventures numériques. Préparez-vous, ça va secouer !
C’est un véritable tremblement de terre qui vient de frapper le monde du jeu vidéo. Deux semaines après la sortie de Concord, un jeu de tir multijoueur PS5 et PC rappelant Overwatch, l’éditeur Sony a pris une décision incroyable en annonçant la fermeture des serveurs et le remboursement des 25 000 pièces vendues (au lancement, seulement 697 joueurs ont été comptabilisés sur Steam). Pour comprendre comment le géant de l’électronique a pu en arrivera là, il faut remonter le temps et revenir à l’année 2018. Cette année-là, Firewalk Studios est fondé à Bellevue dans l’État de Washington et travaille sur un projet ambitieux : Concord. Derrière ce nom se cache un jeu de tir en vue subjective (à la première personne) rappelant les grands noms du FPS en multijoueur comme Overwatch.
Mettant en scène des personnages extra-terrestres et un univers de science-fiction, le jeu est ainsi peaufiné pendant des années, jusqu’au rachat du studio par Sony en 2023. À l’époque, l’éditeur japonais mise, pour son public occidental, sur l’attrait des jeux-service, à savoir des titres qui sont constamment enrichis par le biais d’extensions payantes, prenant souvent la forme de produits saisonniers. Appâtés par cette manne financière, les studios s’infiltrent dans la brèche et une lassitude s’installe doucement chez les joueurs, jusqu’au point de non-retour. Si Helldivers 2 a réussi à tirer son épingle du jeu grâce à un jeu de qualité et une promotion habile, Concord arrive après la bataille et subit le désamour du public. Trop générique et souffrant d’une communication beaucoup trop timide, le jeu souffre également de sa période de sortie, située entre Black Myth Wukong, World of Warcraft The War Within et Star Wars Outlaws. Tout s’est donc arrêté pour lui le 6 septembre dernier et nul ne sait s’il reviendra sous la forme d’un free-to-play.
Le jour d'après
On ne va pas se mentir, il va être très difficile de trouver un cas identique à Concord. Qu’un jeu aussi ambitieux (huit années de développement) sorte dans le commerce et qu’il soit abandonné quatorze jours plus tard, c’est du jamais vu ! Néanmoins, ce n’est pas la première fois que l’industrie du jeu vidéo fait face à des échecs cuisants. Pour l’occasion, Phonandroid a décidé de se pencher sur quelques œuvres malaimées qui ont disparu dans les limbes de nos mémoires. Il faudrait un livre entier pour être exhaustif, mais voici quelques cas qui risquent de faire date à jamais dans l’histoire du jeu vidéo.
Sorti en décembre 2023 après de longs mois d’accès anticipé, The Day Before va connaître un funeste destin. Dans ce jeu de tir massivement multijoueur, les joueurs évoluent dans une Amérique en proie à une terrible pandémie et doivent affronter des hordes d’infectés. Jeu le plus attendu par la communauté de Steam pendant des mois (en raison de bandes-annonces alléchantes et trompeuses), The Day Before va malheureusement sortir dans un état calamiteux et très loin de l’attente des joueurs en raison de promesses, techniques comme ludiques, non tenues. Noté très négativement, il va finalement être supprimé de Steam et emporté avec lui le studio FNTASTIC (accusé de conditions de travail exécrables avec des bénévoles travaillant sur le jeu). Un cas d’école qu’on n’espère ne plus jamais revoir.
D'autres flops historiques ?
Dans le domaine des arlésiennes qui se sont soldées par une catastrophe, il est impossible de passer à côté d’un autre titre tristement emblématique : Duke Nukem Forever. Fruit de plus de quatorze ans de développement, cette aventure est passée de studio en studio pour aboutir à un procès (oui, oui), des départs en cascade et des licenciements. Débuté en 1997, Duke Nukem Forever va finalement voir le jour en 2011 par le biais de Gearbox Software qui a réussi à récupérer la licence. Malheureusement, la qualité n’est pas du tout au rendez-vous et le jeu de tir en vue à la première personne (FPS pour First Person Shooter) est terrassé par les joueurs et la critique. Les avis négatifs s’enchaînent et le jeu, jugé sexiste, daté et poussif, subira des moqueries pendant des semaines… avant d’être oublié. Détenteur du record du plus long développement de tous les temps, avec 14 ans et 44 jours, il fut dépassé en 2022 par Beyond Good & Evil 2 qui, on l’espère, sera à la hauteur des attentes. Depuis ce triste épisode, on parle de vaporware pour désigner les jeux qui sont annoncés et font miroiter une date de sortie, avant d’être repoussés un nombre incalculable de fois, puis souvent annulés.
Par ces exemples, on comprend que la création d’un jeu nécessite une organisation millimétrée et que la moindre petite faille peut mener à une catastrophe. Il arrive aussi que des décisions déconnectées conduisent à un cataclysme. S’il n’est pas le seul fautif à avoir précipiter le crash du jeu vidéo en 1983, le jeu vidéo E.T l’Extraterrestre cristallise ce qui n’allait pas à cette époque. Le développeur du jeu, Howard Scott Warshaw, auteur de titres à succès sur Atari 2600, n’a eu que cinq semaines et demi pour réaliser l’adaptation du film de Spielberg. Le boss d’Atari, qui croyait dur comme fer dans ce projet, a exigé la fabrication de 5… millions de cartouches afin de combler le coût faramineux (25 millions de dollars, une fortune à l’époque) de l’acquisition de la licence. Le problème, c’est que le jeu, bancal et difficile à comprendre, va être assassiné par la critique. Après un démarrage foudroyant, les ventes d’E.T s’effondrent, ce qui obligera Atari… à enterrer les invendus (2,5 millions de cartouches) dans le désert du Nouveau Mexique.
Ces exemples démontrent que les époques changent, mais que les problématiques autour du jeu vidéo demeurent. Certes, les coûts des productions vidéoludiques sont proportionnellement beaucoup plus élevés aujourd’hui et on s’aperçoit que les jeux décriés sont loin de subir de mauvaises ventes. Néanmoins, de mauvaises décisions peuvent véritablement conduire à des naufrages (on peut en citer d’autres, comme Bubsy 3D, Haze, Daikatana, Le Seigneur des Anneaux : Gollum ou encore Suicide Squad) et les développeurs, comme les joueurs, sont généralement les grands perdants dans l’histoire. Il faudra sans doute attendre très longtemps avant de vivre un épisode aussi désolant que celui de Concord, mais le jeu vidéo est dans l’obligation de se renouveler, sous peine de battre de tristes records dans les années à venir.