Cet enfant gagne 50 000 $ en 10 minutes en revendant sa propre cryptomonnaie et c’est théoriquement légal

Génie de la crypto, arnaqueur ou simple opportuniste ? L'histoire de cet enfant qui a gagné 50 000 $ en quelques minutes grâce à sa propre monnaie virtuelle relance le débat sur leur régulation.

Enfant cryptomonnaie
Crédits : 123RF

Si l'on vous dit que vous pouvez gagner des dizaines de milliers d'euros en moins de 10 minutes et sans rien faire d'autre que remplir un petit formulaire, vous y croyez ? Non bien sûr, c'est exactement le genre d'arnaque qui pullule sur Internet depuis de trop nombreuses années. Et si l'on vous dit que dans certains cas, ça fonctionne vraiment ? Juré, vous allez voir.

Le 19 novembre 2024 à 19h48, Peter Biesk (ce n'est pas son vrai prénom) est devant son ordinateur en Californie. Il se rend sur la plateforme Pump.fun, où il est possible de lancer sa cryptomonnaie gratuitement en quelques minutes.

L'enfant crée Gen Z Quant, en diffuse 1 milliard d'unités puis en achète aussitôt 51 millions, environ 5 % du total, pour 350 $. Comme sur Twitch, Pump.fun permet de streamer en direct pour faire la promotion de sa monnaie. Sûrement intriguées par le fait de voir quelqu'un de si jeune, de nombreuses personnes se connectent au flux et commencent à acheter des Gen Quant Z.

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À peine 8 minutes après sa création, à 19h56, celles de Peter valent 30 000 $. L'enfant les revend aussitôt, provoquant une perte de valeur brutale et donc une perte sèche pour les acheteurs. Après avoir remercié les investisseurs par deux doigts d'honneur à la caméra, il fait la même chose avec deux autres crypto de sa création, qu'il appelle imsorry (“je suis désolé”) et mydoglucy (“mon chien Lucy”). Peter gagne 20 00 $ de plus.

Un enfant revend sa propre cryptomonnaie et gagne 50 000 $, faisant tout perdre aux investisseurs

Fier de son succès, il va s'en vanter auprès de sa mère. Son père Adam entend la conversation, mais le couple n'y prête pas trop attention. Puis les premiers messages d'investisseurs furieux commencent à arriver sur le compte Instagram de la mère de Peter. Peu de temps après, la photo de Peter, celle de ses parents ainsi que leur numéro de téléphone sont publiés sur Twitter. Les appels de menace à toute heure du jour et de la nuit pleuvent.

Commentaires Instagram
“Ton fils a volé mon pu**** d'argent”, “Envoyez ce gamin en prison”, “Ton fils est une menace”… Les commentaires sur le compte Instagram de la mère ne sont pas tendres / Crédits : @DaBunnyOFFICIAL via X

Toujours dans le but de se venger, des gens continuent à acheter des Gen Quant Z pour en tirer un maximum de profit et faire regretter à Peter d'avoir vendu trop tôt. Au plus fort de la hausse, il aurait en effet pu tirer plus de 3 millions de dollars de son stock.

Au final, beaucoup de gens ont gagné de l’argent avec sa cryptomonnaie. Mais pour nous, coincé au milieu, il y avait beaucoup d’émotions. Les réactions en ligne sont devenues si effrayantes que la prise de conscience qu'il avait gagné de l'argent a été tempérée par le fait que les gens se sont mis en colère et ont commencé à [nous] intimider“, se souvient Adam Biesk. Mais qu'en est-il de la légalité du procédé utilisé par Peter ? Est-ce une arnaque ? Sur le papier, non.

Le flou juridique permet théoriquement à n'importe qui de faire la même chose sans risque

Peter a fait ce qu'on appelle un “soft rug pull“, littéralement tirer le tapis doucement. C'est éthiquement très discutable, mais non répréhensible. Et surtout impossible à interdire. “Quoi que nous fassions pour empêcher les gens de faire cela, il y a toujours un moyen de contourner la situation si vous êtes assez malin. L'important est de créer une interface aussi simple que possible et de donner aux utilisateurs les outils nécessaires pour voir si une cryptomonnaie est légitime ou non“, précise l'un des 3 fondateurs de Pump.com, qui tient à rester anonyme.

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L'enfant a aussi, sûrement sans le savoir, profité d'une zone grise juridique. “Ces actions exploitent les lacunes des cadres réglementaires existants, où un comportement contraire à l'éthique – comme des développeurs qui annoncent un projet et l'abandonnent par la suite – peut ne pas violer explicitement les lois s'il n'y a pas de fausse déclaration frauduleuse, de rupture de contrat ou d'autres violations“, explique Ronghui Gu, professeur agrégé d'informatique à l'université de Columbia.

De son côté, la plateforme Pump.fun n'a pas souhaité commenter l'incident. Elle a juste indiqué qu'elle mettrait en place “des restrictions d'âge à l'avenir“, sans donner plus de détails. Les parents de Peter ont passé leurs comptes sur les réseaux sociaux en privé, mais à part cela, ils semblent tout à fait disposer à garder l'argent gagné par leur fils.

Le 1er décembre, deux semaines après cette histoire, Peter a créé deux nouvelles cryptomonnaies sur Pump. Malgré leur nom explicite, test et dontbuy (“n'achetez pas”), elles se sont suffisamment écoulées pour que l'enfant en tire 5 000 $. Peut-être que le vrai problème est à chercher du côté des acheteurs.

Source : Wired


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