Cette appli de mangas très populaire disparaît alors qu’elle pensait avoir trouvé l’astuce pour berner les ayants droit

Clap de fin pour une application de lecture de mangas et visionnage d'animes malgré sa méthode pour éviter les poursuites. Ça n'a duré qu'un temps et elle doit maintenant fermer ses portes.

Mangas
Crédits : 123RF

On parle souvent des sites de streaming illégaux proposant des films et séries. Mais c'est oublier que sur mobile, il existe des applications très populaires (et tout aussi hors-la-loi) axées sur un type de contenu plus précis, les mangas. Lire les différents tomes d'une saga sans payer les volumes reliés est extrêmement simple, et c'est pourquoi les éditeurs serrent la vis avec force depuis plusieurs années. Début 2024, le populaire lecteur Tachiyomi Manga Reader devait ainsi fermer ses portes suite à l'injonction de Kakao Entertainment, importante société sud-coréenne de divertissement et de publication.

Le projet étant open source, il ne faut pas longtemps pour que la relève arrive. Aniyomi apparaît alors et prend un risque supplémentaire : en plus des mangas, il donne accès à de nombreuses séries d'animations, ou animes. Les développeurs savent très bien qu'ils jouent avec le feu, aussi utilisent-ils un moyen détourner de fournir les contenus. L'application en elle-même est “vide”. En revanche, elle contient une liste d'extensions à installer qui elles renvoient vers des plateformes offrant les chapitres et épisodes convoités. Était-ce la solution parfaite ? Loin de là. Sony, par l'intermédiaire de l'entreprise spécialisée Markscan, a réussi à faire supprimer toutes les extensions en question.

Cette appli proposant illégalement des mangas et animes ne fonctionne plus, les ayants droit ont gagné

Pour appuyer sa demande, Markscan détaille les manipulations nécessaires au bon fonctionnement de l'appli Aniyomi : “Pour accéder à l'intégralité du contenu, les utilisateurs doivent installer les extensions répertoriées dans les paramètres de l'application. En cliquant sur le bouton des paramètres, nous avons trouvé une option d'extension menant à une liste d'extensions stockées dans l'application. Nous avons installé plusieurs extensions d'anime telles que Witanime, AnimeOnsen, Egydead, Fasel HD, Animeworld India et Torrent Anime“.

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La firme donne ensuite un exemple concret. “Après avoir installé les extensions, nous sommes retournés sur la page présentant tous les titres de l'anime. Nous avons sélectionné ‘Jujutsu Kaisen' [dont la saison 1 est disponible sur Netflix, ndlr] et cliqué sur l'un de ses épisodes. L'option ‘Source' est apparue, indiquant la source/l'extension à partir de laquelle le contenu peut être regardé gratuitement. Nous avons sélectionné AnimeOnsen, choisi la qualité vidéo et regardé le contenu avec succès“.

Sur la base de ce test, Sony demande alors la suppression des extensions sur le site Github, où les liens pour les téléchargées sont disponibles. Il y en avait plus de 200 et aucune n'a survécu, ou presque. Le développeur en laissé 3 qui elles renvoyaient à des services légitimes, deux pour Google et une pour un lecteur multimédia appelé Jellyfin. Mais s'il est indéniable que les autres menaient à des services illégaux, la manière dont Sony s'y est pris pour le démontrer peut surprendre.

Bien que légitime, l'argumentaire de Sony pose question

Dans les faits, la firme n'a pas vraiment prouvé que les extensions présentes sur Github constituaient une violation de ses droits. En réalité, elle n'est pas allée plus loin que l'essai décrit plus haut. Autrement dit : sur la base de l'installation de quelques extensions et la recherche d'un seul anime licencié, Sony a extrapolé sur toutes les autres, sans les tester. Cela ne veut pas dire que la société s'est trompée puisqu'au final, seuls 2 % des extensions étaient légales, mais la question est de savoir à quel point la demande d'un ayant droit doit être précise pour être considérée comme légitime.

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On sait que des requêtes trop larges ont parfois des conséquences inattendues. Parmi les millions de requêtes envoyées chaque jour à Google par Amazon ou Netflix, il y en a qui aboutissent à l'effacement de services parfaitement légaux. Certes le moteur de recherche corrige le tir plus ou moins rapidement, mais il n'empêche que le mal est fait. On comprend donc d'autant mieux l'importance d'une vérification plus minutieuse. Si rien n'est instauré en ce sens, les ayants droit ne se priveront probablement pas de lancer des demandes volontairement vagues en se disant qu'ils tomberont juste.

Source : TorrentFreak


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