Cette entreprise affirme pouvoir retirer les microplastiques de notre sang, mais comment ?
Une clinique privée londonienne dit avoir inventé un système permettant de filtrer les microplastiques et autres toxines de notre sang. Comment fait-elle et est-ce que ça a vraiment un impact sur la santé ?

Vous avez sûrement entendu parler des microplastiques. Comme leur nom l'indique, ce sont des particules de plastique en très grande majorité invisibles à l’œil nu. Les recherches ont montré qu'il y en a absolument partout : dans l'air, l'eau, les nuages, le sel, la bière, la neige… Et dans les êtres vivants, humains compris. Notre sang en contient par exemple. La quantité varie bien sûr d'une personne à une autre en fonction de son degré d'exposition aux microplastiques, mais ils sont bien là.
Spontanément, on se dit que ce n'est pas bon pour la santé. Et partant de ce principe, la startup Clarify Clinics, basée à Londres, propose de les retirer de votre sang en filtrant ce dernier. L'opération se déroule comme vous l'imaginez sûrement.
Vous vous asseyez dans un fauteuil, on vous pose une perfusion pour extraire le sang qui passe alors dans une machine le séparant du plasma qu'il contient. Ce dernier est ensuite filtré à travers une colonne censée retenir les microplastiques et substances similaires avant d'être remélangé aux globules rouges et réinjecté au patient.
Filtrer les microplastiques et autres toxines de notre sang, la promesse de cette startup intrigue
Le processus dure deux heures, ce qui permet de traiter entre 50 et 80 % du volume de plasma dans le sang. Vous vous en doutez, cela a un coût, à savoir la modique somme de 9 750 livres sterling, environ 11 430 €. En tant qu'entreprise privée, Clarify Clinics ne détaille pas le fonctionnement de son système. En revanche elle pointe vers les témoignages des clients, qui après le traitement disent mieux dormir et se sentir plus énergiques.
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En guise de preuve, Yael Cohen, PDG de la clinique, affiche les mesures de la qualité du sommeil telles que capturées avec un anneau connecté Oura, équivalent de la Galaxy Ring. Les scores passent de 70 avant filtrage à 90 dans les 6 semaines après, score qu'Oura qualifie de sommeil “optimal”. Et si ce sont les seules données présentées, c'est tout simplement parce qu'on ignore encore si les microplastiques ont un effet négatif sur la santé.
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En 2022, un rapport de l'Organisation mondiale de la santé se terminait ainsi : on manque de données pour affirmer que les microplastiques sont dangereux (ou non). Les études qui associent leur présence à un effet néfaste ne parviennent pas à démontrer un lien de cause à effet direct, même récemment. Pour le chercheur Frederic Béen, “la dose fait le poison. C’est pourquoi il est important de déterminer avec précision la quantité de microplastiques ou de tout autre type de contaminant environnemental auquel les humains sont exposés“.
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Le problème, c'est que ces particules sont absolument partout, rendant la contamination du moindre échantillon très facile. Autrement dit, il est très délicat de donner un niveau correct en vu de comparer un avant et après filtrage, par exemple. Notez que dans certains cas, il peut être nécessaire, voire vital, de procéder à quelque chose de similaire. On pense à des cas d'exposition forte à des substances nocives comme les PFAS, aussi appelés “polluants éternels“. Des saignées permettent alors de retirer le sang contaminé.
Reste que les patients de Clarify Clinics semblent se sentir mieux après leur passage dans les locaux de la startup. On imagine sans peine que l'effet placebo joue un rôle là-dedans, accentué par le prix très élevé du service. Mais peut-être que ces gens font exactement ce que nous devrons bientôt faire pour être en meilleure santé. Après tout, en l'absence de preuve, les deux conclusions se valent.
Source : Wired