Cette entreprise dénonce les mesures de blocage des sites pirates et les accuse de censure
Dans sa lutte contre le piratage sportif, Canal+ obtient des décisions de justice imposant à Quad9 de bloquer des sites de streaming illégal. Ce service DNS non lucratif critique ces mesures qu’il qualifie de censure, mais applique pour l’instant le blocage à l’échelle mondiale.
La lutte contre le piratage en ligne s’intensifie, notamment dans le domaine des retransmissions sportives. Ces dernières années, des acteurs comme Canal+ ont multiplié les recours judiciaires pour empêcher l’accès à des sites diffusant illégalement des compétitions majeures comme la Ligue des Champions ou la Formule 1. Cette stratégie repose sur des ordonnances judiciaires ciblant non seulement les fournisseurs d’accès à Internet, mais aussi les services de résolution DNS, qui permettent de convertir les adresses web en adresses IP.
Dernièrement, le tribunal judiciaire de Paris a ordonné à Quad9, un service DNS suisse, et à Vercara de bloquer plusieurs sites liés au piratage de contenus sportifs. Ces injonctions s’inscrivent dans une série de décisions visant à élargir les mesures de blocage au-delà des FAI traditionnels. Les sites visés concernent notamment la diffusion illégale de matchs de la Ligue des Champions, de la Premier League et du championnat français de rugby. Bien que la société suisse ait déjà contesté avec succès des décisions similaires en Allemagne, l’entreprise applique pour l’instant les blocages ordonnés en France.
Quad9 critique le blocage mondial des sites pirates imposé par la France
Quad9 dénonce ces décisions qu’elle considère comme une censure injustifiée et une application “absurde“ du droit d’auteur. Selon la société, les services DNS doivent être considérés comme des outils neutres, à l’image de cartes géographiques n’ayant aucun contrôle sur les lieux qu’elles répertorient. Pour des raisons de confidentialité, la société ne collecte pas de données précises sur la localisation de ses utilisateurs et applique ainsi les blocages de manière uniforme à l’échelle mondiale. Ce choix, dicté par les lois européennes et suisses sur la vie privée, revient à étendre l’application du droit français à tous ses utilisateurs, où qu’ils se trouvent.
Cette affaire pourrait avoir des implications majeures sur l’avenir des mesures de blocage liées au piratage. Alors que Quad9 prévoit de faire appel, elle appelle également le public sur sont site officiel, à soutenir financièrement sa lutte pour un Internet libre et ouvert. L’entreprise espère convaincre les tribunaux supérieurs que les services DNS ne devraient pas être soumis à ces obligations, car ils n’assurent pas de fonction de transmission. Pendant ce temps, Canal+ poursuit son offensive judiciaire, et alimente un débat global sur l’équilibre entre la protection des droits d’auteur et le respect des libertés numériques.
Source : Torrent Freak