Cette startup vise la Lune pour miner le carburant du futur

Fondées par deux anciens de Blue Origin, la société Interlune veut miner la Lune pour recueillir de l'hélium-3, considéré comme le carburant du futur, puis le rapatrier sur Terre et le vendre.

L'appareil de minage d'Interlune
L'engin qui servira à miner l'hélium-3 sur la Lune / Crédits : Interlune

Astre désert depuis des milliards d'années, la Lune pourrait bientôt se retrouver grouillante d'activités. La NASA compte bien y installer une base d'ici 2040, autour de laquelle on trouvera des routes fabriquées grâce à une loupe géante, des cultures de plantes et même un élevage de poissons. Et à côté de ça, il se pourrait même qu'on y installe une exploitation minière. C'est en tout cas l'objectif de Rob Meyerson et Gary Lai, deux anciens de Blue Origin, la société spatiale de Jeff Bezos qui livre dans l'espace et veut fabriquer des panneaux solaires sur la Lune justement.

En 2022, les deux hommes créent Interlune, une startup dont le but est clair : miner l'hélium-3 présent sur le satellite de la Terre, le rapatrier chez nous et le vendre aux intéressés. L'hélium-3 est un isotope de l'hélium, l'un des atomes qui constitue le gaz. Il est produit par le Soleil et transporté dans l'espace par le vent solaire. Ce gaz est non-radioactif et très rare sur la Planète Bleue, mais abondant sur la Lune. Il se dépose en effet régulièrement dans le régolithe, la couche de poussière qui recouvre la surface de l'astre. On considère que l'hélium-3 est ni plus ni moins que le carburant du futur.

Une startup veut miner de l'hélium-3 sur la Lune, un carburant très rare sur Terre

L'hélium-3 a plusieurs applications potentielles. Il intéresse particulièrement les scientifiques cherchant à atteindre la fusion nucléaire, pour laquelle il est le carburant parfait. Pour rappel, maîtriser ce phénomène permettrait de produire de l'énergie à partir de très peu de matières premières, qui n'émet pas de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique, et sans création de déchets radioactifs à la durée de vie importante. Mais ce n'est pas la seule utilisation possible de l'isotope.

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Il pourrait par exemple être intégré dans les ordinateurs quantiques, ces machines surpuissantes dans lesquelles la France a investi près de 2 milliards d'euros, ou servir à des technologies encore en développement comme la cryogénie. Même l'imagerie médicale bénéficierait de l'hélium-3. Pour Rob Meyerson, “l'hélium-3 est la seule ressource disponible dont le prix est suffisamment élevé pour se permettre d'aller sur la Lune et de le ramener sur Terre. Il y a des clients qui veulent l'acheter dès maintenant“. Un litre de l'isotope coûte plusieurs milliers de dollars.

L'exploitation minière de la Lune est possible, mais pas pour tout de suite

La route est encore longue avant de créer une véritable exploitation. Pour en extraire ne serait-ce qu'un gramme, des centaines de tonnes de régolithe doivent être traitées. Interlune affirme avoir développé un processus d'extraction économe en énergie, mais un problème de taille subsiste : il n'y a actuellement aucune manière de renvoyer l'isotope sur Terre. La startup est toutefois très confiante en sa capacité à créer une entreprise viable.

En 2026, Interlune va lancer une mission de démonstration. Son objectif est de recueillir un échantillon de régolithe lunaire, de mesurer la quantité d'hélium-3 qu'il contient puis de l'extraire. La mission partira sûrement en profitant d'un des vols commerciaux vers la Lune effectués par la NASA, grâce auxquels les entreprises privées peuvent faire livrer du matériel sur l'astre. Si l'opération est un succès, l'idée est de construire une usine pilote directement sur la Lune d'ici 2028 au plus tard, puis de commencer à livrer l'isotope sur Terre vers 2030.

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Les allers-retours seraient assurés par les vaisseaux de SpaceX, la société d'Elon Musk, ou par ceux de Blue Origin dont les fondateurs d'Interlune sont issus. Les deux firmes sont en effet en train de développer des atterrisseurs lunaires réutilisables et un système de transport de marchandises entre la Lune et la Terre. Le projet est très ambitieux, surtout avec des échéances aussi proches, mais Rob Meyerson et Gary Lai croient fermement en cette ruée vers l'or spatiale.

Source : Ars Technica


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