Comment une blague se transforme en casse-tête pour Razer

Le constructeur de périphériques et accessoires pour joueurs Razer est dans le viseur d'une institution américaine à cause d'un produit sorti en 2021 et désormais retiré de la vente.

Razer Zephyr
Le masque RGB “anti-COVID” Zephyr de Razer

Les entreprises multinationales ne sont pas forcément dénuées d'humour. C'est juste qu'à leur échelle, une simple blague peut vite prendre des proportions gigantesques et avoir des répercussions réelles. Parfois, ça fonctionne très bien. On se souvient par exemple de Microsoft qui promettait la commercialisation d'un mini-frigo Xbox Series X s'il gagnait le prix de tweet de l'année. L'objet devient une réalité quelques temps plus tard pour le plus grand plaisir de celles et ceux qui en rêvaient. D'autres histoires du genre finissent moins bien en revanche.

En janvier 2021, un an à peine après la pandémie mondiale de COVID-19 ayant entraînée un confinement massif, le fabricant de périphériques PC et d'accessoires pour joueurs Razer dévoile un objet insolite au CES de Las Vegas : un masque de protection avec LED RGB intégrées. Ça ressemble à un poisson d'avril en avance, mais non. L'opération marketing que certains qualifierait d'opportuniste est officielle et le Zephyr, c'est son nom, sort bel et bien. Comme souvent malheureusement, les scalpers s'en donnent à cœur joie et revendent le masque à prix d'or. Mais c'est loin d'être le seul problème.

Le masque “anti-COVID'” RGB de Razer n'en était pas un

Lors de la présentation du Zephyr, Razer affirme qu'il est doté de filtres N95. Une classification réglementée signifiant qu'il peut filtrer au minimum 95 % des particules en suspension dans l'air, dont celles qui peuvent contaminer une personne avec le virus de la COVID-19. On s'en doute, ce genre d'affirmation ne peut pas être prononcée à la légère. Il faut faire examiner son produit par des institutions spécifiques qui vont le tester avant de dire si oui ou non l'appellation N95 est légitime. Razer ne l'a visiblement jamais fait.

Lire aussi – Razer dévoile une paille réutilisable livrée avec un kit de nettoyage, mais sans RGB

Après plusieurs essais démontrant que les filtres du masque ne sont pas aussi efficaces qu'annoncés, l'entreprise efface discrètement la mention N95 de la page du Zephyr sur son site, avant de finalement supprimer toute trace du produit et le retirer de la vente. La firme va même jusqu'à modifier le communiqué de presse récapitulant ce qu'elle a présenté au CES 2021 pour qu'on n'y voit plus le masque anti-COVID. Un comportement qui sonne comme un aveu pour la Federal Trade Commission (FTC) américaine, qui entend bien obtenir réparation.

Razer est condamné à rembourser celles et ceux qui ont acheté le masque Zephyr

La FTC n'a pas apprécié la manière dont Razer a géré la situation, affirmant qu'elle n'a “arrêté la fausse publicité qu'à la suite d'une couverture médiatique négative et de l'indignation des consommateurs face aux allégations trompeuses“. Pour l'agence, le constructeur aurait dû soumettre son produit à la Food Drug Administration (FDA) ou au National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH). Ce dernier a d'ailleurs déclaré que le masque Zephyr n'a “jamais été évalué ou approuvé” par ses soins.

Razer et la FTC sont arrivés à un accord, même si la marque tient à faire savoir qu'elle n'est pas coupable de tout ce dont on l'accuse. “Nous ne sommes pas d'accord avec les allégations de la FTC et n'avons admis aucun acte répréhensible […]. Notre intention n’a jamais été d’induire qui que ce soit en erreur, et nous avons choisi de régler cette affaire pour éviter toute distraction et perturbation due à un litige et continuer à nous concentrer sur la création d’excellents produits pour les joueurs“.

Lire aussi – Razer dévoile des protège-doigts antidérapants pour les hardcore gamers sur smartphone

Quoi qu'il en soit, la FTC a condamné Razer à payer environ 1 million d'euros. Ils serviront à rembourser toutes les personnes qui ont acheté le masque Zephyr. À la somme s'ajoutent un peu moins de 94 000 € d'amende, ainsi qu'une interdiction pour l'entreprise de faire de “fausses déclarations en matière de santé liées au COVID” et d’autres “allégations de santé non fondées” tant qu'elle n'a pas reçu l’approbation de la FDA. Razer dit avoir remboursé ses clients “il y a plus de deux ans“, sans préciser le nombre de personnes concernées ni la manière dont s'est déroulée l'opération.

Source : IGN

Voir les commentaires
Ailleurs sur le web