Coronavirus : Trump torpille la solution de pistage de Google et Apple malgré l’urgence
Le système de lutte contre le coronavirus que développent Apple et Google depuis le mois de mars ne récolte pas que des compliments. Donald Trump, chef de guerre d'une Amérique très durement touchée par le coronavirus a étonné en s'en prenant à une initiative qu'il juge “inconstitutionnelle”. Au risque de rater une opportunité d'accélérer la sortie de crise.
Vous le savez, Apple et Google développent depuis maintenant plusieurs semaines une solution pour pister les contacts avec les personnes malades du coronavirus. Leur solution, optionnelle, propose de mettre à parti les capacités Bluetooth LE des smartphones pour garder une trace de toutes vos rencontres pendant deux semaines.
Il s'agit a priori d'une API (interface de programmation) que d'autres applications développées par les autorités sanitaires pourront directement utiliser pour simplifier le développement, augmenter l'interopérabilité entre les modèles et marques d'appareils, et donc rendre l'intégralité du dispositif plus fiable.
Depuis que l'on a appris l'existence du projet, les réactions, en particulier institutionnelles, sont largement positives. Les autorités françaises examinent elles aussi ce qui pourrait constituer une base technique, alors que Emmanuel Macron a confirmé dans son discours lundi 13 avril 2020 que le déconfinement s'accompagnerait de la mise en place d'une telle application (nom de code StopCovid).
Et pour cause, on parle peut-être des deux seuls acteurs dans le monde qui peuvent régler le dispositif au plus près des capacités techniques du parc de smartphones en circulation et des besoins. L'initiative a néanmoins rencontré une critique inattendue pour ne pas dire troublante en ce temps d'urgence sanitaire.
Donald Trump se montre très critique à l'égard d'Apple et de Google
Donald Trump n'a en effet pas hésité à tirer une salve de critiques, comme s'il tentait de saborder ces efforts au profit d'une autre solution qu'il ne prend même pas la peine d'esquisser. Comme si, au fond, malgré l'urgence de l'épidémie, les autorités auraient suffisamment de temps pour trouver parfaitement chaussure à leur pied.
Au détour de son point quotidien sur le coronavirus le président a lancé à propos de l'initiative de Google et Apple : “c'est un truc génial, mais beaucoup de gens ont quelques très gros problèmes constitutionnels avec cela vous le savez” – une parole d'expert, le président ayant maintes fois montré depuis le début de son mandat à quel point il plaçait très haut le respect de ces normes dans l'exercice de ses fonctions.
Donald Trump ajoute que d'autres pays “pensent utiliser quelque chose de semblable mais pas aussi bon […] nous avons plus un problème constitutionnel qu'un problème mécanique (sic), mais nous établirons une décision sur cela. C'est quelque chose que nous allons discuter avec beaucoup de monde ces prochaines quatre semaines. Cela serait une manière très précise de le faire mais beaucoup de gens ont des problèmes avec cela”.
Peut-on être à la hauteur de l'urgence sans Apple et Google ?
De deux choses l'une. D'abord, il n'est peut être pas très malin de se montrer critique vis à vis d'initiatives déjà bien avancées dans un contexte où ce genre de dispositif peut être à la fois utile pour éviter un confinement trop lourd et permettre à l'économie de tourner. Surtout lorsqu'aucune décision n'a encore été arrêtée. Ensuite, la solution imaginée par Apple et Google n'est pas pensée d'emblée comme obligatoire.
Il s'agit d'un soutien pour permettre aux autorités sanitaires de développer une solution plus efficace. Cette solution sera par ailleurs facultative, et la collecte de données devra passer par le consentement de l'utilisateur. Bref, dans ces conditions, on a dû mal à comprendre ce que ce sujet a de vraiment constitutionnel – ou tout du moins en quoi la constitution américaine empêcherait son déploiement.
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Après tout, Google, Facebook et les autres grandes firmes américaines ont pu pendant des décennies collecter des données personnelles sur les internautes sans que la constitution ne soit brandie à longueur de discours. Espérons simplement que ces critiques ne déboucheront pas sur une réponse sanitaire retardée…
Source : 9to5Mac