Crush (Friendzy) : à peine sortie, l’application de rencontre fait scandale et inquiète les parents

L’actualité des réseaux sociaux a été mouvementée cette semaine par l’arrivée d’une nouvelle application de rencontres. Baptisée Crush, puis finalement Friendzy, celle-ci a la particularité de s’adresser en premier lieu aux adolescents. Mais pas que, et c’est bien là tout le problème.

friendzy crush

À chaque jour son scandale sur les réseaux sociaux, on en conviendra. Mais celui-ci tient sur la durée, et il n’est pas difficile de comprendre pourquoi. À ce stade, la polémique a pris une telle ampleur que plusieurs médias se sont emparés de l’affaire. Il se peut donc que vous ayez déjà entendu parler de Crush, la nouvelle application de rencontres destinée aux… adolescents.

On peut d’ores et déjà se questionner sur l’éthique d’une telle application dont la cible est en majorité composée de mineurs. S’il existe aujourd’hui des applications de rencontre pour à peu près tous les profils, cette limite reste encore tabou, pour des raisons évidentes de sécurité. Mais, comme toujours, cela n’a pas empêché les adolescents de se constituer des alternatives.

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Qu’est-ce que Crush, la nouvelle appli qui fait polémique ?

Depuis quelques années en effet, les réseaux sociaux (Facebook d’abord, puis ceux plus populaires auprès des adolescents, notamment Snapchat) hébergent des groupes baptisés « Wanted ». Le principe de ces derniers est simple : dans une zone donnée, plus ou moins grande — on peut tout autant avoir un groupe « Wanted Paris » qu’un Wanted dédié à un collège spécifique — les utilisateurs peuvent découvrir qui a un crush sur eux, à savoir une attirance.

C’est sur ce principe que repose Crush. Lancée il y a quelques jours, l’application se destine donc aux collégiens et aux lycéens et propose, à travers une liste de questions, de trouver des matchs dans son établissement scolaire. Depuis sa sortie, de nombreux problèmes autour de Crush ont été soulevés, mais un en particulier a déclenché la colère des internautes : l’application est disponible pour des utilisateurs entre 10 et 21 ans.

En théorie donc, rien n’empêche une personne de 21 ans d’engager une conversation avec un enfant de 10 ans, voire d’entamer un jeu de séduction. Pour beaucoup, il s’agit d’une nouvelle version du site ados.net, connu pour être infesté de pédophiles à la recherche d’adolescents crédules. Car en effet, Crush souffre d’un autre problème de taille : l’absence totale de sécurité.

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Crush est un véritable danger pour les adolescents

Le plus évident est aussi le plus dramatique : il est extrêmement simple de se créer un faux compte et de se faire passer pour un collégien quelconque. « J’ai 31 ans et pour m’inscrire, j’ai simplement eu à sélectionner un autre âge que le mien. De ce que j’ai vu, il n’y a pas de contrôle parental. Une fois ces infos rentrées je suis directement passé à la deuxième étape », écrit le développeur Julien Queffelec sur X (Twitter).

Autant dire que les risques de dérives sont nombreux. Mais ça ne s’arrête pas là. Pour découvrir qui crushe sur eux, les utilisateurs doivent payer un abonnement. Il faut compter 3,99 € par semaine pour découvrir 2 de ses admirateur.ice. s. Là encore, on peut se questionner sur l’éthique de demander à un enfant de payer pour une application de rencontres — et sur la manière dont ils devraient s’y prendre, ces derniers n’ayant pour la plupart pas de carte bancaire.

D’autres menaces pour la sécurité se terrent également dans l’application. Dans un autre thread, l’expert en cybersécurité Mathis Hammel explique qu’il a rapidement trouvé un moyen de siphonner les profils de tous les utilisateurs de l’application, données personnelles comprises — une menace qu’il n’a bien sûr pas menée à exécution.

Mathis Hammel s’inquiète également de l’utilisation des données des adolescents inscrits sur l’application. En fouillant les conditions générales d’utilisation de l’application, ce dernier a découvert que les entreprises mentionnées, qui récupèrent donc lesdites données, n’ont été déclarées nulle part. Autrement dit, il s’agit probablement de sociétés fictives créées par Marc Allain, le développeur à l’origine de Crush, seul détenteur et gestionnaire des données personnelles récoltées.

Une polémique qui ne faiblit pas

Depuis plusieurs jours, Marc Allain se défend donc auprès de qui veut bien l’entendre de toute intention néfaste pour son application. « Mon objectif avec Crush, c’est de lutter contre le harcèlement scolaire en incitant les jeunes d’un même établissement à se faire des compliments via des sondages positifs », explique-t-il auprès du Figaro, en assurant qu’il n’existe « aucun moyen pour les utilisateurs d’entrer directement en communication. » Forcément, il faut payer.

Hier, l’application a fini par se renommer Friendzy, probablement pour se détacher son image sulfureuse d’applications de rencontre romantique pour mettre plutôt l’accent sur l’amitié. Auparavant, le nom de l’application était passé de « Crush, découvre ton crush secret » à « Crush, sondages entre amis ». De la même manière, l’âge minimal pour se créer un profil a été rehaussé à 13 ans, ce qui est d’ailleurs l’âge imposé par la loi pour ouvrir un compte sur un réseau social. Mais cela ne suffit pas à faire les inquiétudes.

« Lorsque nous sommes informés d’une application susceptible d’enfreindre les règles de Google Play, nous l’examinons et prenons les mesures nécessaires, qui peuvent aller jusqu’à la suspension de l’application », a laissé entendre un porte-parole de Google France. À l’heure actuelle, l’application est toujours en ligne sur le Play Store et l’App Store.


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