Deezer : comment les majors empochent 200 millions d’euros sur le dos des artistes
Polémique dans l'industrie musicale. BFM Business a réussi à mettre la main sur détails des accords liant Deezer aux majors de la musique. On y découvre que Warner Music, Universal Music et EMI touchent un pactole de 200 millions d'euros pour ouvrir leur catalogue à Deezer. Les artistes, eux, ne touchent rien.
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Je t'ouvre mon catalogue, tu me donnes une partie de ton capital
Nous supposions déjà plus ou moins que les majors de la musique étaient de très fins négociateurs et qu'ils n'allaient pas offrir leur catalogue aux services de streaming musical contre des cacahuètes. En ce qui concerne Deezer, on peut tout de même dire qu'elles ont fait fort.
BFM Business a pu obtenir les détails des accords qui lient les majors au service de streaming musical. On y découvre que Warner Music, EMI et Universal Music ont autorisé l'ouverture de leur catalogue à Deezer en échange de bons de souscription d'actions au capital du service de streaming musical.
Pour faire simple, les bons de souscritpion d'actions permettent aux porteurs (les majors) d'acheter des actions à un prix prédéfini. Si le court de l'action s'envole, les porteurs ramassent un joli pactole. C'est ce qu'il s'est visiblement passé entre les majors et Deezer.
En 2012, lorsque Deezer avait été valorisé un peu moins de 300 millions d’euros Universal Music avait déjà chiffré son gain latent à 20 millions d’euros. – BFM Business –
Les maisons de disque auraient en effet obtenus ces fameux bons à prix d'or voire gratuitement en l'échange de l'ouverture de leur catalogue. A l'époque Deezer était valorisé à 300 millions d'euros, aujourd'hui il en vaut 1 milliard. En tout, les majors seraient assises sur un pactole de 200 millions d'euros grâce à ces accords dont 60 millions pour Universal Music.
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“Le streaming ne rémunère pas les artistes” disaient-ils
On ne sait pas vraiment si on doit en rire ou en pleurer, mais pour ceux qui ont suivi les débuts du streaming musical, ce système a été violemment critiqué par les majors à ses débuts. Aucune maison de disque ne voulait entendre parler de ce nouveau moyen d'écouter de la musique.
Universal Music accusait même Deezer d'exploiter illégalement les catalogues. Aujourd'hui encore, certains acteurs n'hésitent pas à monter au créneau pour expliquer que les revenus générés par le streaming musical sont très minces pour les artistes.
Mais alors que dire de ces accords qui rapportent gros aux maisons de disque alors que les auteurs, compositeurs, interprètes et producteurs indépendants n'ont droit à rien ? Cherchez la cohérence.
Il est vrai que cette somme entre dans les caisses des maisons de disque et donc restent dans l'univers de la culture. Mais cela reste tout de même limité aux catalogues des majors. Tous les studios indépendants ne profiteront pas de cette manne financière, les jeunes talents non plus, les producteurs en devenir non plus, bref tout ceux qui ne sont pas connus mais qui gagnent à l'être.
Cette découverte concernant les détails des accords entre Deezer et les majors décrédibilise totalement le discours des représentants de ces maisons de disque. Car dans leur discours, les services de streaming musical ne sont pas néfastes pour les artistes qui ont signé chez eux, ils ont des revenus assez confortables.
Non, dans leurs discours, ce sont bien les artistes de l'ombre, les créateurs, les jeunes talents qui étaient défendus. Le grand Pascal Nègre, PDG d'Universal Music avait même déclaré “il n'y pas écrit couillon ici”. En effet, on ne peut que le constater.