Des économistes veulent instaurer une taxe sur le télétravail
Des économistes de la Deustch Bank estiment que les télétravailleurs devraient payer une taxe supplémentaire, pour compléter les revenus des travailleurs modestes contraints de se rendre sur leur lieu de travail.
Après la taxe sur les casques audio ou encore le malus automobile déterminé par le poids des véhicules, voici une nouvelle idée de taxe issue des économistes allemands de la Deustche Bank. Selon ces chercheurs, il est nécessaire de taxer les télétravailleurs. L'idée est ici de compenser le manque à gagner de certaines professions à cause du télétravail.
“Le télétravail offre des économies financières directes sur des dépenses comme le transport, le déjeuner, les vêtements et le nettoyage. Ajoutez à cela les économies indirectes via le renoncement des dépenses sociales et autres qui auraient été engagées si un travailleur avait été au bureau”, affirme Luke Templeman, chercheur à la Deutsche Bank et co-auteur du rapport dédié à cette nouvelle taxe.
Une taxe pour aider les travailleurs à faible revenu
Selon Luke Templeman et ses partenaires, cette taxe pourrait rapporter des milliards de dollars, qui pourraient ensuite être redistribués aux travailleurs à faible revenu et dont le recours au télétravail est impossible. Selon ces chercheurs, le télétravail va devenir une normalité une fois la crise sanitaire passée, et la mise en place d'une taxe sur cette nouvelle organisation du travail doit être instaurée.
Preuve en est, Twitter a confirmé que ses employés pourraient télétravailler après la crise. Chez Google les employés pourront travailler à domicile jusqu'en juillet 2021, voir plus tard. À titre d'exemple, Luke Templeman rappelle qu'entre 2005 et 2018, le nombre d'Américains travaillant régulièrement à domicile a augmenté de 173 %. Par ailleurs, sur les 52 millions d'Américains travaillant actuellement à la maison, 33 % d'entre eux souhaitent télétravailler au moins deux fois par jour après la pandémie. Autre donnée du cabinet d'étude S&P Global Market, 66% des entreprises britanniques affirment qu'au moins 75% de leurs employés peuvent travailler efficacement à leur domicile.
De fait, le directeur de cette étude propose d'instaurer une taxe de 5% pour chaque jour passé en télétravail. Ainsi, pour un salaire de 37 000 €, soit le salaire annuel moyen en France selon l'INSEE, cela représenterait une cotisation de 7,69 € par jour travaillé à domicile. L'impôt serait payé par l'employeur si la société en question n'a pas de bureaux, tandis que les travailleurs indépendants et les personnes à faible revenu pourraient en être exonérés.
En revanche, les employés qui recourent au télétravail alors qu'ils ont la possibilité de se rendre sur leur lieu de travail auraient l'obligation de s'acquitter de cette taxe via un prélèvement direct sur leur salaire. Pour le chercheur, les travailleurs à domicile privent le circuit économique de nombreuses dépenses potentielles : déjeuner au restaurant entre 12h et 14h, plein d'essence avant d'aller travailler, une bière en terrasse en sortant du boulot… Bref, vous avez compris.
Comme dit précédemment, les sommes récoltées pourraient compléter les revenus des travailleurs avec des revenus modestes. “D'un point de vue personnel et économique, il est logique que ces personnes reçoivent un coup de main. Il est également logique de reconnaître que les travailleurs essentiels qui assument le risque Covidien pour de faibles salaires. Ceux qui ont la chance d'être en mesure de se “déconnecter” de l'économie en face à face le leur doivent”, soutient Luke Templeman.
Selon les résultats obtenus par les chercheurs de la Deutsche Bank, les 29,2 millions de salariés à faible revenu américains pourraient voir leur salaire annuel augmenter de 1 666 $, soit un gain de 138 $ par mois. Bien entendu, cette taxe ne reste qu'une idée parmi tant d'autres évoquées dans le rapport des chercheurs de la Deutsche Bank.
Mais quoi qu'il en soit, cette proposition rappelle à quel point une nouvelle réglementation du travail s'impose, à l'heure où celui-ci est justement totalement bouleversé. Et vous, êtes-vous favorable à l'instauration d'une telle taxe ? La pensez-vous justifiée ? Dites-le-nous dans les commentaires.
Source : Deutsche Bank