Test Dragon Age The Veilguard : un retour en Thedas loin d’être tiédasse

Notre avis

Dragon Age The Veilguard, le nouveau jeu de rôle de Bioware, a la lourde tâche de relancer un studio en perdition depuis plusieurs années déjà. Pour séduire le public, le titre mise sur une formule qui a maintes fois prouvé son efficacité, mais marche-t-elle encore en 2024 ? Notre test complet.

Dragon Age est de retour ! Licence action-RPG grand public par excellence, elle a fait les beaux jours de Bioware au début des années 2010. Dix ans après le dernier volet, elle revient avec Dragon Age The Veilguard.

Ce quatrième opus a la lourde tâche d’aider Bioware à renouer avec son public. Pour s’assurer le succès, le studio mise sur ce qu’il sait faire de mieux : une aventure narrative où chaque décision a son importance, mais aussi un jeu de rôle à la troisième personne où l’action est reine. Cette formule fonctionne-t-elle encore en 2024 ?

Le jeu débute dans les rues de Minrathie

Nous avons parcouru le monde de Thedas en long, en large et travers pour vous donner un avis complet. Prêt à déchirer le Voile ?

L’ultime cartouche de Bioware

Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est indispensable de poser un peu le contexte. Dragon Age The Veilguard n’est pas seulement le nouveau jeu de Bioware, c’est avant tout la production de la dernière chance. Développeur emblématique des années 1990/2000, le studio a donné naissance à des titres majeurs tels que Baldur’s Gate, Knights of the Old Republic ou encore Mass Effect. Pourtant, les choses ont tourné au vinaigre ces dernières années. D’abord en 2017 avec l’échec Andromeda, puis en 2019 avec Anthem, véritable désastre critique et commercial.

Sur PC, The Veilguard est évidemment compatible aves les écrans ultra-wide

La situation de la société canadienne en 2024 n’est pas vraiment au beau fixe. Mis à part un remaster très soigné de la trilogie Mass Effect en 2021, elle n’a rien sorti ces dernières années. Pour cause : elle travaillait sur The Veilguard dont le développement n’a pas été de tout repos. Annoncé en 2018, il aurait été repris de zéro plusieurs fois avant d’atteindre sa forme finale. Le voilà enfin, et sa sortie tient presque du miracle. Reste à savoir si cet accouchement difficile donne un bon jeu vidéo.

L’âge de raison

Dragon Age The Veilguard raconte une histoire propre. Il n’y a donc pas forcément besoin d’avoir fait les autres épisodes pour tout comprendre, même si de nombreuses références y sont faites. On y incarne Rook, un personnage que nous pouvons modifier à l’envi via un outil de création très complet. Race, classe, sexe, physique, histoire personnelle, tout y passe.

Avant de se lancer, il faut créer son personnage grâce à un outil très complet

Enrôlé dans l’équipe du nain Varric, notre mission est de traquer Solas, un elfe qui veut briser la frontière entre le monde physique et l’Immatériel, la dimension des démons. Alors que nous interrompons le rituel, une paire de dieux elfiques malfaisants arrive tout de même à se libérer. Ils n’ont qu’une idée en tête : détruire le monde. A nous de le sauver en réunissant les meilleurs combattants de Thedas. Un postulat de départ classique pour un récit d’heroic fantasy, mais efficace.

Solas est un personnage majeur de cet épisode

Bioware s’est toujours distingué par son écriture, qui a la particularité de laisser le joueur libre de ses choix. Ce cahier des charges est soigneusement rempli avec The Veilguard ; ceux qui ont déjà touché à un Dragon Age ou à un Mass Effect seront en terrain connu. Chaque dialogue se matérialise par un système de roue et chaque réplique engendre des conséquences. Cela va de la caractérisation de votre héros, de l’estime que vous porte un compagnon, voire carrément de l’avenir du monde. L’aventure est parsemée de quelques choix cornéliens qui changent drastiquement le scénario ainsi que les lieux visités. Un vrai point fort : chaque joueur a son aventure propre.

Chaque dialogue engendre des conséquences

Si l’histoire se suit sans déplaisir, nous regrettons tout de même une écriture loin du Bioware de la grande époque. La particularité du premier Dragon Age, c’était son univers âpre, sans concessions, qui n’hésitait jamais à aborder des thèmes difficiles et à aller dans le gore. Une ambiance sombre déjà diluée dans les épisodes suivants, et totalement annihilée ici, à part dans quelques très rares passages. Dommage, car c’est vraiment ce qui le caractérisait par rapport aux autres jeux du genre, mais rien de dramatique.

Bioware a choisi de laisser de côté l'aspect dark fantasy

The Veilguard se vautre dans la high fantasy la plus pure avec une aventure colorée et épique. L’un des symptômes les plus visibles est l’écriture des compagnons, au nombre de sept. Adieu l’équipe d’écorchés vifs obligés de collaborer comme dans Origins ou même Mass Effect, puisqu’ici, nous avons une troupe de joyeux lurons vaguement cools à la Gardiens de la Galaxie. Tout le monde est heureux d’être là, prêt à aider, et les tensions dans le groupe sont inexistantes. Dommage, car c’est ce qui faisait le sel des jeux susnommés. C’est un choix assumé pour plaire au plus grand nombre, mais qui efface un peu plus la rugosité du monde de Thedas. Pas d’inquiétude, on passe finalement vite au-dessus.

Chaque compagnon propose des quêtes propres afin d'augmenter les liens que vous avez avec eux

Le monde de Dragon Age est servi par une direction artistique extrêmement soignée et inventive. Le jeu n’hésite jamais à nous en mettre plein la vue avec des panoramas réussis et des lieux aussi variés qu’identifiables au premier coup d’œil. On aime parcourir cet univers, découvrir de nouvelles contrées, même tard dans l’aventure. Cette diversité nous apporte une réelle sensation de voyage, indispensable dans un récit de fantasy, et nous pousse toujours à continuer pour connaître notre prochaine destination. C’est fort.

La direction artistique est folle

Ici, c’est le très décrié moteur Frostbite qui est utilisé. Bonne nouvelle, le titre se montre parfaitement optimisé sur PC, en plus d’offrir à la fois du DLSS 2, du FSR ou du Xess selon votre carte graphique. Evidemment, le ray-tracing est de la partie, tout comme la génération d’image (DLSS 3) afin de donner un coup de boost au framerate. En revanche, il faudra faire avec un aspect visuel un peu artificiel, les personnages donnent l’impression d’être des poupées de cire animées. Plus encore, certains décors, notamment en ville, sont un peu vides. Dommage. Point intéressant : les cheveux sont tout simplement bluffant, chacun donnant la sensation d’être animés séparément. Une belle prouesse.

Non mais regardez les cheveux PARFAITS de ce méchant !

Une structure classique, mais diablement efficace

A sa sortie en 2014, Dragon Age Inquisition avait bousculé la formule de la licence en proposant d’immenses zones ouvertes. Un choix de design qui avait grandement divisé, mais qui avait le mérite de proposer quelque chose de neuf. The Veilguard joue la sécurité en revenant sur une progression plus classique, dite « mission driven », et c’est pour le mieux.

Le titre de Bioware base sa structure en deux phases. La première représente les missions scénarisées, de longs couloirs remplis de monstres, d’énigmes et de secrets à découvrir. La deuxième, ce sont les HUB, ces grandes zones labyrinthiques qui accueillent les quêtes secondaires, mais aussi une multitude de puzzles qui verrouillent des trésors cachés. Elles se débloquent après une (trop) longue introduction qui dure environ cinq heures. Une construction qui rappelle furieusement ce que faisait Mass Effect, surtout le 2 et le 3, mais en beaucoup plus abouti. En 2024, elle fait un peu artificielle, certes, mais force est d’admettre qu’elle fonctionne toujours aussi bien, notamment pour plonger le joueur dans l’histoire. On ne se perd pas dans un monde ouvert gavé de contenu, on va à l’essentiel et c’est pour le mieux.

Le jeu contient plusieurs grandes zones ouvertes intelligement construites

Cette formule axée sur la narration est maîtrisée par le studio, c’est incontestable, mais elle se montre parfois frustrante. C’est comme si les développeurs craignaient de lâcher la bride aux joueurs. Par exemple, il est impossible de résoudre un problème de plusieurs façons différentes. A un moment, Rook doit entrer dans un bâtiment fermé. Il n’y a qu’une seule manière d’y arriver : passer par un passage dérobé, bien balisé. Dommage, on aurait aimé avoir un peu de liberté sur cet aspect, comme forcer la porte ou corrompre les gardes. The Veilguard est un jeu dirigiste et l’assume totalement, mais c’est un peu archaïque dans un monde où Baldur’s Gate 3 ou Kingdom Come existent.

Chaque zone à sa DA et sa colorimétrie, ce qui leur donne une vraie personnalité

Ce défaut n’enlève rien au plaisir d’écumer les moindres ruelles de la cité tentaculaire de Minrathie, de flâner dans le marché de la paisible Treviso ou encore d’arpenter la foret d’Arlathann avec ses temples qui se croisent et s’entrecroisent. Ces zones regorgent de secrets et poussent constamment le joueur à fouiller pour mettre le grappin dessus. Addictif !

Cet aspect exploration est en plus nécessaire à la progression, chaque région étant liée à une faction avec une réputation à améliorer et ses quêtes dédiées. Le level design est brillamment construit, et s’ouvre petit à petit en fonction des compagnons. Il n’est pas rare de se perdre et de retomber sur ses pattes grâce à un raccourci et dire « ah oui, mais je suis là en fait ! ». Des faux airs de Souls, et c’est un compliment de taille.

Le Phare est votre QG dans lequel vous reviendrez régulièrement

Entre deux bastons, le joueur peut prendre un moment de détente en passant par son QG, le Phare. Un sanctuaire personnalisable et dédié à la narration, puisque c’est ici qu’on discute avec nos compagnons pour nouer des amitiés… voire plus. Du grand classique dans les jeux du studio. Ce dernier applique méticuleusement sa formule et la mayonnaise prend encore. On aime aller rendre visite à chacun de nos équipiers après une mission, juste pour voir comment ils se portent et faire un brin de conversation. Même s’ils ne bénéficient pas de la qualité d’écriture des passagers du Normandy, ils restent de petits tas de pixels auxquels on s’attache très vite. Par exemple, nous adorons Emmrich, le nécromancien dandy, ou encore l’espionne Neve, qui sort petit à petit de sa coquille au fil du jeu. Bioware n’a pas totalement perdu la main sur ce point.

Comme dans tous les jeux Bioware, il est évidemment possible de romancer ses compagnons

Mon épée est vôtre

Le premier Dragon Age avait été pensé comme une suite spirituelle aux RPG mythiques de Bioware, à savoir Baldur’s Gate et Neverwinter Nights. De fait, il proposait des combats presque similaires, qui s’axaient sur la tactique avec un système de pause active. Un gameplay qui a disparu dès le deuxième épisode pour s’orienter vers l’action. Ce quatrième opus continue sur cette lancée pour épouser totalement son côté beat them all.

La bagarre !

Dragon Age The Veilguard est un pur jeu d’action où les bastons vont à cent à l’heure. Un aspect encore plus renforcé si le joueur choisi une classe au corps à corps, comme Guerrier ou Voleur. Un coup faible, un coup fort, une esquive, une capacité ultime et une besace de potions… un système simple mais diablement efficace qui rappellerait presque God of War. C’est pourquoi le jeu à la manette, même sur PC, est conseillé, tant ce gameplay a été pensé pour.

Les combats de boss peuvent durer un certain temps

L’aspect RPG reste tout de même présent, notamment via l’équipement, les stats, mais surtout les capacités à activer au combat. Ces dernières se déverrouillent via un arbre de talent complet, qui a l’avantage de ne pas se remplir totalement en fin de partie ; un tableau dédié à chacune des trois classes (guerrier, voleur, mage) qui permet de débloquer neuf sous classes. On aime cette liberté ! Chacun aura donc son style propre, tant certaines capacités donnent une dynamique différente aux affrontements. Plus, il faudra faire avec les faiblesses de nos ennemis et le système d’ébranlement, qui permet de les sonner un instant afin d’effectuer un finish.

Un arbre de talent très complet permet de construire le style de son personnage

Deux compagnons nous prêtent main forte, avec chacun leurs coups spéciaux et leurs styles. D’une simple touche, on ouvre un menu qui met le jeu en pause, afin de choisir quelles techniques utiliser. Pour ceux qui n’ont pas le temps, la croix directionnelle donne la possibilité de lancer directement les sorts de notre équipe. Cerise sur le gâteau, des combos sont présents, associant deux capacités de personnages différents afin d’avoir un effet précis, comme immobiliser l’adversaire ou le geler. En plus d’être jouissif, ce système apporte une vraie plus-value à la construction de notre escouade.

Une simple touche ouvre une roue des compétences tout en mettant l'affrontement en pause

La bagarre de Dragon Age The Veilguard est donc très réussie, c’est même son principal point fort. Toutefois, ce système n’est pas sans défaut. Toute cette action frénétique a tendance à effacer l’aspect tactique. On prend tous les affrontements de la même façon et on a tendance à toujours utiliser les compétences les plus puissantes. Plus encore, on ne gère que notre personnage. Nos compagnons sont dispensés de barre de vie. Tant qu’on est debout, ils le sont aussi. Il faut donc définitivement faire le deuil des combats tactiques et gagnés sur le fil avec un seul personnage en vie. Même les bastons contre les boss manquent de finesse. On bourrine, on utilise éventuellement un sort qui exploite leur faiblesse et roulez jeunesse. Un constat que nous avons fait même en mode difficile. Un peu dommage, on aurait aimé avoir un peu plus la mainmise sur la stratégie, comme le font les derniers Final Fantasy, par exemple.

Tactique ? Mais qui a besoin d'une tactique ?

Reste qu’on adore foncer dans le tas et voir notre héros gagner en puissance. Un gameplay nerveux qui ne va pas plaire à tous, mais qui a le mérite d’être très maîtrisé et amusant manette en main.

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Alors, on joue ?

Le studio Bioware sait qu’il joue sa survie avec The Veilguard, et cela s’en ressent dans la construction même du jeu. Ce nouvel opus de Dragon Age reprend à la lettre les codes de ses plus grands succès, tout en plongeant à pied joint dans l’action frénétique. Une manière de renouer avec son public, mais aussi d’en séduire un nouveau, plus jeune. Pari réussi, car The Veilguard est incontestablement un bon jeu qui arrive à trouver le bon équilibre entre l’aspect rôliste et la bagarre débridée.

Chaque passage au phare est l'occasion de tailler un bout de gras avec nos compagnons

Une réussite, certes, mais pas éclatante. Le fait est que ce Dragon Age est handicapé par son statut de jeu de la dernière chance. A trop vouloir jouer la sécurité, Bioware ne surprend jamais vraiment. Tous les habitués retrouveront les gimmicks des précédentes productions. Lors de notre test, nous nous sommes fréquemment fait la réflexion « tiens, c’est comme dans Mass Effect, ça » ou « ah oui, je reconnais du Dragon Age 3 là-dedans ». Ce n’est pas un défaut, mais cela ne contribuera pas de faire de The Veilguard un jeu qui marquera. Constamment, il reste appliqué mais trop prudent, comme si les développeurs avaient craint d'y inclure des idées nouvelles.

Chaque décision peut être approuvée ou désaprouvée par vos équipiers

The Veilguard fait-il oublier la mauvaise passe Andromeda/Anthem ? Non, car ces deux titres, aussi bancals soient-ils, font partie intégrante de l’histoire du studio. Sans eux, Dragon Age 4 n’aurait jamais été ce qu’il est. En tout cas, le développeur montre qu’il sait encore faire de bons RPG et qu’il maîtrise parfaitement sa formule. Si cette dernière est un peu veillotte en 2024, elle fonctionne toujours du tonnerre. On aime Dragon Age The Veilguard pour ce qu’il est : un jeu prenant, intelligent, touchant, dépaysant mais aussi parfois un peu gauche.

Dragon Age : The Veilguard Ps5
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Notre Verdict

Dragon Age The Veilguard est un action-RPG réussi qui reprend à la lettre les codes des précédentes productions Bioware. S’il ne surprend jamais vraiment, il séduit grâce à son histoire à embranchements, sa structure maîtrisée, son excellent level design et surtout grâce à son système de combat qui mise sur l’action frénétique. Un jeu de rôle qui adopte une formule « doudou » qui, si elle est un peu archaïque en 2024, reste toujours aussi efficace. Pour les adeptes du studio, c’est du petit lait, pour les autres, c’est une aventure attrayante mais parfois frustrante par son dirigisme.

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