Empêcher le téléchargement d’e-books pirates a-t-il un effet sur les ventes de livres ? Cette étude répond
Des chercheurs se sont penchés sur la question de l'efficacité des mesures anti-piratages de livres. L'objectif de l'étude était de mesurer l'impact de ces dernières sur les ventes des ouvrages.
La lutte contre le piratage n'est pas limitée au streaming illégal de rencontres sportives ou de films et séries Netflix, entre autres. Tous les domaines pour lesquels il existe une version numérique d'un produit sont concernés : musiques, jeux vidéo, livres… Autant dire que le combat des ayants droit est sans fin.
L'une des questions qui revient souvent à ce propos est celle de l'efficacité des mesures anti-téléchargement pirate. Sur le comportement des utilisateurs par exemple, où de simples menaces peuvent avoir des effets dissuasifs. Mais aussi sur les ventes des versions légitimes des contenus supprimés.
Des chercheurs de l’université de Varsovie en Pologne se sont penchés sur ce point en ciblant les livres en version papier. Contrairement aux recherches du même genre qui se “contentent” d'une comparaison avant et après effacement des copies pirates, celle-ci étudie l'évolution des ventes dans le temps en utilisant un groupe de contrôle.
Cette étude veut savoir si interdire le téléchargement illégal d'e-books a un impact sur les ventes de livres physiques
La méthodologie est la suivante : pendant un an, 9 éditeurs polonais importants (sur 12 au total, 3 s'étant finalement désistés) ont sélectionné entre 5 et 53 ouvrages de leur catalogue. Une partie a été assignée à un groupe “avis de retrait”, dont le but était de supprimer les titres de sites pirates. L'autre partie a constitué le groupe de contrôle, pour lequel aucune demande anti-piratage n'a été formulée. La répartition s'est basée sur plusieurs critères comme le prix du livre, son format ou les chiffres de ventes précédentes afin de former des ensembles comparables.
Lire aussi – Bloquer les sites pirates profite à Netflix et Disney+, cette étude le prouve
Une fois la recherche terminée, les chercheurs ont d'abord confirmé que les avis de retrait avaient rendu les livres visés plus difficile à pirater. Mais de prime abord, l'analyse statistique ne montre pas une augmentation significative de ventes pour les titres de ce groupe comparé au groupe contrôle.
Ce n'est qu'en adoptant une autre approche dite bayésienne que les résultats apparaissent. “L’utilisation d’études antérieures sur le « piratage » pour générer un a priori a conduit à la conclusion que la protection contre le piratage entraînait une augmentation significative des ventes d’environ 9 %“.
Un chiffre assez élevé pour ne pas être ignoré, même si l'étude mérite d'être approfondie. Par exemple en étant menée dans des pays où le marché de l'e-book est plus développé, ce qui entraîne une plus grande disponibilité de leurs versions pirates.