Essai Fisker Ocean : un concurrent de taille pour la Tesla Model Y
- Le style flatteur
- Les performances
- Les astuces bien trouvées
- Le prix compétitif de la version Sport
- La lenteur et l'ergonomie du système d'infodivertissement
- Déficit de notoriété
Fisker est une toute jeune marque américaine qui lance son premier SUV électrique. Baptisé Ocean, celui-ci se positionne directement en face de la Tesla Model Y, non sans afficher un prix inférieur. Mais est-ce suffisant face à l'un des best-sellers du segment ?
Le nom de Fisker vous dit peut-être quelque chose. Fondée par Henrik Fisker, un designer danois naturalisé américain, le constructeur avait lancé la Fisker karma au début des années 2000. Une voiture hybride inédite à l'époque, au volant de laquelle on pouvait croiser des célébrités telles que Leonardo Di Caprio qui était ambassadeur de la jeune marque. Pour autant, la voiture de sport équipée notamment de panneaux solaires ne rencontrera pas le succès.
Quoi qu'il en soit, Henrik Fisker n'a pas baissé les bras et relance sa marque. Désormais cotée en bourse au New York Stock Exchange, la nouvelle société a un objectif clair : fabriquer des véhicules 100 % électriques conçus en Californie (à Manhattan Beach au sud de Los Angeles), et produits dans l'usine de renom de Magna à Graz en Autriche. Quant au modèle de distribution, Fisker s'est inspiré de ce qui fonctionne, à savoir la vente directe depuis son site web à l'instar d'un certain Tesla. Mais à la différence de ce dernier qui se contente d'une livraison dans un hangar impersonnel sans autres considérations, Fisker ambitionne d'offrir une expérience client différente. Par exemple, en proposant quand c'est possible la livraison à domicile. De quoi faire fi du transport en camion et promouvoir le développement durable à toutes les étapes.
Alors que trois nouveaux modèles ont été annoncés au salon de Munich (la Fisker Ronin une sportive attendue en 2025, la Fisker Pear un petit crossover et le pickup électrique Fisker Alaska), c'est d'abord le Fisker Ocean qui sera commercialisé en France. Il s'agit d'un SUV électrique qui en impose, avec un design qui n'est pas sans rappeler le Range Rover Evoque sous certains angles. Long de 4,77 m, le Fisker Ocean est un concurrent direct de la Tesla Model Y, non sans offrir un look plus séduisant avec ses flancs creusés et sa signature lumineuse léchée.
Son style sportif est souligné par la ligne de toit plongeante et surtout les imposantes jantes de 22 pouces en option voulues par Henrik Fisker, qui rappelons-le, est à l'origine de modèles très réussis tels que la BMW Z8 par exemple. D'ailleurs, celui-ci n'oublie pas de préciser, non sans une certaine fierté, que ces jantes XXL ont un impact moindre sur l'autonomie du véhicule. On y reviendra plus loin. Quoiqu'il en soit, le Fisker Ocean est équipé de série de jantes de 20 pouces ce qui est déjà plutôt généreux, mais autrement moins impressionnant en matière de look.
Autre élément très original, le SUV électrique peut être équipé du SolarSky. Il s'agit de panneaux solaires qui sont intégrés dans le toit vitré panoramique avec panneau coulissant. Ceux-ci sont proposés de série sur la version Extreme, qui est d'ailleurs la mieux dotée de la Fisker Ocean avec toutes les options. Notez que d'autres s'y étaient déjà essayés, notamment Hyundai avec sa Ioniq 5 avant de faire marche arrière. Ici, Fisker promet jusqu'à 2 400 km d'autonomie en plus, en fonction de l'ensoleillement cela va sans dire.
Des matériaux recyclés à foison à bord de la Fisker Ocean
Lors de notre rencontre avec Henrik Fisker et ses équipes, tous ont longuement insisté sur l'importance du développement durable. Une volonté qui se retrouve donc au cœur de la Fisker Ocean, qui met à profit plus de 50 kg de matériaux recyclés et de polymères d’origine biologique. Le plastique provient de sources diverses, tantôt récupéré dans les océans ou à partir de bouteilles recyclées, tandis que les fibres de carbone, l'acier et l'aluminium sont également recyclés. Et ce n'est pas tout. Alors que les différents éléments ont subi un traitement minimal de sorte à autoriser leur recyclage, plus de 70 % des fournisseurs principaux sont basés dans les 1000 km du site de production.
À première vue, la présentation intérieure est soignée, même s'il faut bien le reconnaître, plutôt éloignée de SUV tels que les Mercedes EQE SUV, EQS SUV et autres BMW iX. Ces derniers offrent en effet des prestations plus premium que la Fisker Ocean même dans sa version Extreme la plus onéreuse.
Dans l'habitacle, c'est forcément l'écran tactile central en position verticale qui attire tous les regards. Il faut dire que sa dalle tactile de 17,1 pouces de série sur les finitions Extreme et One, en impose. Baptisé Revolve, cet écran propose une caractéristique inédite à ce jour : une fois la Fisker Ocean à l'arrêt, il suffit d'appuyer sur un bouton pour basculer du mode Control au mode Hollywood. Ce dernier est alors plus adapté pour regarder des films pendant les pauses de recharge avec son affichage en 16/9, grâce au mode paysage. Et histoire d'en rajouter une couche, le constructeur n'a pas hésité à intégrer un système audio qui délivre une puissance généreuse de 575 watts via les 15 haut-parleurs, un caisson de basses de 19 litres. Croyez-vous sur parole, ça déménage sans distorsion marquée à niveau élevé. En entrée de gamme, il faudra néanmoins se contenter d'un système audio signé Harman, avec cette fois huit haut-parleurs et sans caisson pour faire vibrer vos passagers.
Si l’écran d’infodivertissement est incontournable à bord de la Fisker Ocean, le constructeur n’a pas supprimé tous les boutons et c’est tant mieux. Les commandes de climatisation prennent place sous l’écran offrant ainsi un accès direct forcément plus pratique. Juste en dessous se trouvent deux berceaux pour poser des smartphones afin de les recharger sans fil via le protocole Qi comme dans la Tesla Model Y. Le cas échéant, la voiture est également équipée de nombreux ports USB Type C tant à l’avant qu’à l’arrière.
En revanche, si l'interface du système d'infodivertissement est claire, la fluidité reste perfectible avec un processeur qu'on sent parfois à la peine. Celle-ci adopte une présentation étrange en affichant les aides à la conduite tout en haut de l'écran. La fenêtre dédiée à la navigation est ainsi reléguée plus bas, contraignant le conducteur à baisser le regard ce qui n'est pas idéal.
De la même façon, plusieurs clics sont nécessaires qu'il s'agisse de choisir le mode de récupération de l'énergie au freinage (sur trois niveaux, mais sans possibilité de conduite à une pédale pour le moment) ou de désactiver les alertes liées à la vitesse ou à l'attention du conducteur. Imposées par les normes de sécurité, ces dernières sont automatiquement réactivées à chaque démarrage du véhicule comme chez toutes les autres marques aujourd'hui. Agaçant, mais Fisker devrait par la suite proposer une astuce via son application mobile (indisponible au moment de notre essai). Grâce au profil utilisateur, il sera possible de retrouver automatiquement ses réglages (sièges, rétroviseurs), mais aussi de désactiver certaines fonctionnalités, dont ces bips insupportables à la longue.
Par ailleurs, notez que la Fisker Ocean est équipée d'un petit écran derrière le volant contrairement à la Tesla Model Y, qui doit se contenter de son seul écran central d'infodivertissement. Cet écran dédié à l’instrumentation rappelle beaucoup celui de la Ford Mustang Mach-E. Il a l'avantage d'afficher des informations en face du conducteur, et notamment la vitesse de la voiture, la navigation et l'autonomie restante.
La Fisker Ocean ne s'arrête pas là en matière d'originalités. En témoigne la tablette qui se déplie de la console centrale avant de pivoter pour être placée devant le conducteur. Le passage à l'avant n'est pas en reste avec lui aussi une tablette qui est cette fois intégrée dans le tableau de bord. Il est donc possible de travailler confortablement ou même de manger à bord de la voiture si vous en avez envie.
Autre astuce, des compartiments de rangement sont dissimulés sous les sièges avant, sans gêner les passagers assis à l'arrière qui peuvent incliner leurs sièges grâce à une commande électrique.
Enfin, le mode California autorise l'ouverture de toutes les fenêtres en appuyant sur un bouton. Y compris celle du hayon et des custodes à l'arrière. Le cas échéant, rien n'empêche le conducteur de simplement ouvrir la vitre du hayon, par exemple pour un animal de compagnie ou pour loger des planches de surf grâce à la configuration 40-20-80 des sièges.
Ceci étant l'espace ne manque pas à bord de la Fisker Ocean, bien loin de là. Tous les occupants sont très bien lotis, et notamment aux places arrière en l'absence de tunnel de transmission central. Le coffre affiche une capacité de 476 litres, mais la Tesla Model Y fait mieux avec plus de 850 litres, sans compter le frunk à l'avant. Et bizarrement pour une voiture américaine, ce dernier est absent sur la Fisker Ocean. Dommage, car c'est un rangement toujours pratique pour accéder facilement aux câbles de recharge quand le coffre du véhicule est déjà plein. Il faudra donc se contenter d’un espace supplémentaire sous le plancher du coffre du SUV électrique. Enfin, une prise secteur prend place à côté du bouton de commande du crochet d’attelage. Elle délivre une puissance maximale de 3 000 W pour brancher n’importe quel appareil. Pratique.
Trois versions pour la Fisker Ocean
La Fisker Ocean se décline dans trois versions Sport, Ultra et Extreme. La première est une traction avant dotée d'un moteur électrique, qui délivre une puissance de 275 ch pour un 0 à 100 km/h en 7,4 secondes. Il est alimenté par une batterie LFP (lithium fer phosphate) de 65 kWh afin de parcourir jusqu'à 440 km sur une seule charge. À noter que cette version Sport est la seule à être dotée d'un toit BigSky panoramique fixe en verre teinté, les autres profitant d'un toit vitré à panneau coulissant via une commande électrique (et les panneaux solaires pour la finition Extreme).
La version Ultra de la Fisker Ocean bénéficie d'une transmission intégrale avec deux moteurs électriques qui délivrent une puissance cumulée de 540 ch. De quoi passer de 0 à 100 km/h en 4,2 secondes. La batterie NMC baptisée Hyper Range est énorme avec 113 kWh de capacité brute (106 kWh nets), pour une autonomie jusqu'à 610 km.
Enfin, la Fisker Ocean en version Extreme pousse tous les curseurs à fond avec ses 564 ch et 736,8 Nm de couple. De quoi vous coller à votre siège en accélérant de 0 à 100 km/h en 3,9 secondes seulement. La batterie affiche toujours une capacité de 113 kWh, mais Fisker annonce néanmoins une autonomie revue à la hausse par rapport à la finition Ultra : jusqu'à 701 km avec les jantes de 22 pouces chaussées de pneus Bridgestone dédiés, et jusqu'à 707 km avec les modèles de 20 pouces. Des chiffres étonnants qu'il nous tarde de vérifier à l'occasion d'un essai longue durée.
En matière de recharge, la Fisker Ocean se contente d'un chargeur embarqué de 11 kW, sans option de 22 kW pour les recharges en courant alternatif (AC) sur bornes triphasées pour le moment. En revanche, le SUV électrique accepte jusqu'à 200 kW lors de la recharge sur une borne rapide en courant continu (DC). Le constructeur annonce ainsi un temps de pause de 35 minutes pour voir la capacité de la batterie passer de 10 à 80 %.
Au volant de la Fisker Ocean
La Fisker Ocean offre une position de conduite agréable et caractéristique des SUV, avec notamment une excellente visibilité à l'avant. Notre modèle d'essai était une version Extreme la mieux dotée et la plus puissante avec ses 564 ch. Rien de surprenant à ce que le SUV offre des accélérations canons et des reprises à l'avenant. Si la puissance est largement suffisante pour rendre vos passagers malades en un clin d'oeil, les 2,4 tonnes de la bête viennent vite limiter ses ambitions dynamiques. C'est donc sur le terrain du confort que la Fisker Ocean tire son épingle du jeu face à une Tesla Model Y plus agile.
S'agissant des premiers modèles de série de la Fisker Ocean, nous n'avons pas pu profiter des aides à la conduite qui seront activées via une prochaine mise à jour. Le constructeur indique qu'avec ses cinq radars numériques et des caméras, la Fisker Ocean est fin prête pour la conduite autonome de niveau trois quand la mise à jour sera mise en ligne. De la même façon, l'ordinateur de bord n'indiquait pas encore la consommation du véhicule. Là encore, il faudra attendre un essai plus long pour se faire une idée plus précise de l'autonomie de la Fisker Ocean que nous pouvons néanmoins estimer à plus de 500 km en ne dépassant pas les 110 km/h. Mais de là à atteindre les plus de 700 km annoncés, y compris avec un usage strictement urbain, on demande à voir.
Quel budget pour la Fisker Ocean
La Fisker Ocean est commercialisée à un tarif à partir de 41 900 euros pour la finition Sport d'entrée de gamme avec sa batterie de 75 kWh et une autonomie annoncée de 440 km. Un tarif très agressif qui lui permet de prétendre au bonus écologique d'autant qu'elle est produite en Autriche. C'est également moins que la Tesla Model Y dans sa version propulsion, qui est affichée à partir de 45 990 euros. Cette dernière profite néanmoins d'un équipement plus généreux.
Comptez 57 750 euros pour la finition Ultra et 69 950 euros pour la Extreme. Soit 10 000 euros de plus que la Tesla Model Y performance pour cette dernière. D'autres marques occupent le terrain sur un marché du SUV électrique qui devient bien garni, mais tous les autres modèles affichent des tarifs plus élevés à équipement équivalent. Reste à savoir si les clients sont prêts à signer un chèque à une jeune marque dépourvue du moindre réseau de distribution dans l'hexagone pour le moment.
Par ailleurs, la batterie est garantie pendant 10 ans de garantie ou 160 000 km ou à 75 % de capacité. Par ailleurs, le constructeur prévoit d'ouvrir des centres Fisker Center+ dans les principales villes européennes, et notamment à Paris. En attendant, l'entretien pourra être réalisé dans des centres agréés dont la liste n'a néanmoins pas encore été communiquée au moment de notre essai.
Design, confort et performances, la Fisker Ocean est une belle surprise en matière de SUV électrique. À cela s'ajoutent quelques idées bien trouvées et surtout un tarif très attractif pour un modèle de cette taille, qui affiche des performances suffisantes, notamment du côté de l'autonomie. Cependant, et comme d'autres nouveaux constructeurs aujourd'hui, la jeune marque devra faire avec un défaut flagrant de notoriété, et surtout l'absence d'un réseau de distribution au-delà de la vente directe par Internet. Un défi qui n'a cependant rien d'insurmontable comme l'a prouvé Tesla face aux géants de l'industrie automobile.
- Le style flatteur
- Les performances
- Les astuces bien trouvées
- Le prix compétitif de la version Sport
- La lenteur et l'ergonomie du système d'infodivertissement
- Déficit de notoriété