Facebook espionnait en secret les habitudes des utilisateurs de Snapchat

Un procès en cours entre Meta et des utilisateurs a mis en lumière plusieurs documents internes confidentiels du réseau social américain. On y apprend notamment que Facebook avait lancé en 2016 un projet secret, consistant à espionner le trafic réseau des utilisateurs de Snapchat.

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Crédits : 123RF

En débarquant sur le marché des réseaux sociaux en 2011, Snapchat s'est rapidement imposé comme la tendance à la mode chez les jeunes. L'application fondée notamment par Evan Spiegel a rencontré un succès fou. En quelques années, Snapchat est d'ailleurs devenu la cible à abattre pour Facebook, qui était encore le leader incontesté du marché.

Dans une tentative vaine de reproduire le coup de maître, Facebook ne s'est pas gêné ces dernières années pour imiter, pour ne pas dire copier, des fonctionnalités exclusives de Snapchat. En 2019, le RS de Mark Zuckerberg avait par exemple lancé Avatars, une reproduction conforme des Bitmojis de Snapchat. Facebook Messenger s'est également mis aux messages éphémères, soit la marque fabrique de l'appli au petit fantôme.

Ghostbuster, le projet anti-Snapchat de Facebook

Or, un récent procès entre des utilisateurs et Meta nous permet d'en apprendre plus sur les efforts mis en place pour Facebook pour rivaliser avec ce concurrent. Durant ce bras de fer judiciaire, plusieurs documents confidentiels du réseau social américain ont été dévoilés. On y apprend notamment que Facebook a lancé en 2016 un projet top secret qui consistait à intercepter et décrypter le trafic réseau entre les utilisateurs de Snapchat et les serveurs de l'appli.

L'idée étant de pouvoir analyser le comportement et les habitudes des utilisateurs. En d'autres termes, comprendre ce qui fait le succès de Snapchat. Ce projet, baptisé Ghostbuster (en référence au fameux logo de Snapchat), reposait sur une technologie spécialement conçue par les ingénieurs de Facebook pour contourner les mécanismes de cryptage de Snapchat, mais aussi d'Amazon ou de YouTube.

Chaque fois que quelqu'un pose une question sur Snapchat, la réponse est généralement que, parce que son trafic est crypté, nous n'avons aucune analyse à son sujet”, écrit Mark Zuckerberg, PDG de Meta, dans un mail daté du 9 juin 2016 et publié dans le cadre du procès. “Compte tenu de la rapidité avec laquelle ils se développent, il semble important de trouver une nouvelle façon d'obtenir des analyses fiables à leur sujet. Peut-être devons-nous créer des panneaux ou écrire un logiciel personnalisé. Vous devriez trouver comment faire cela”, suggérait le milliardaire.

A lire également : Snapchat dénonce les tactiques de Facebook et d’Instagram pour écraser la concurrence

Onano, VPN gratuit et outil d'espionnage

Pour ce faire, les ingénieurs de Facebook ont exploité Onavo, un service VPN gratuit acquis par la compagnie en 2013. Régulièrement accusé d'être un outil dédié en réalité au data mining, Facebook a finalement fermé Onavo après la publication en 2019 d'une enquête journalistique prouvant que le réseau social avait payé des adolescents pour qu'ils utilisent Onavo. Ce qui permettait à Facebook d'espionner la navigation de ces jeunes utilisateurs.

Comme le révèlent les documents, les équipes d'Onavo ont développé sur la demande de Zuckerberg en 2016 des kits qui peuvent être installés sur Android et iOS pour intercepter le trafic de sous-domaines spécifiques, et leur permettre de lire ce qui ce serait autrement du trafic crypté. Au sein de Facebook,  plusieurs cadres avaient manifesté leur désaccord face au projet Ghostbuster. C'était notamment le cas de Jay Parikh, ancien responsable de l'ingénierie des infrastructures Facebook, et Pedro Canahuati, ingénieur sécurité.

Je n'arrive pas à trouver un bon argument pour expliquer en quoi cela est acceptable. Aucun professionnel de la sécurit n'est à l'aise avec cela, quel que soit le consentement que nous obtenons du grand public. Le grand public ne sait tout simplement comment cela fonctionne”, dénonçait M. Canahuati dans un courriel présent dans les documents judiciaires.

Source : TechCrunch


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