Facebook peste contre Apple et ses nouvelles règles qui protègent la vie privée

Les nouvelles règles d'Apple en matière de vie privée ne plaisent pas du tout à Facebook et à son patron Mark Zuckerberg. Dans un communiqué l'entrepreneur prétend que les nouvelles règles “auront un impact négatif sur de nombreuses petites entreprises” et accuse Apple de pratiques anticoncurrentielles en raison de sa mainmise sur l'App Store et plus largement sur son écosystème. Apple souligne de son côté vouloir simplement donner plus de contrôle à ses utilisateurs, qui ont désormais le choix d'accepter de continuer à être pistés… ou pas.

Mark Zuckerberg Facebook
Mark Zuckerberg, PDG de Facebook en avril 2019 / Crédits : Anthony Quintano CC BY 2.0

On vous en parlait hier : Apple a fait une annonce fracassante autour de la vie privée dans son écosystème. Apple force désormais les développeurs à respecter strictement la vie privée des utilisateurs iOS, avec notamment beaucoup plus de transparence sur la manière dont ils utilisent les autorisations d'accès dans leurs applications. Ils doivent notamment remplir un nouveau questionnaire sur l'honneur dès qu'ils publient une application ou une mise à jour sur l'App Store. En cas de problème, Apple utilisera les réponses à ce questionnaire pour évaluer si l'éditeur en question a été, ou non, transparent et honnête. Avec à la clé le risque de voir son compte suspendu et l'application retirée de la plateforme.

En outre, toute utilisation des données personnelles doit avoir pour contrepartie un “opt-out”. Autrement dit les développeurs n'ont plus le choix et doivent impérativement obtenir le consentement des utilisateurs. Apple affirme prendre au passage à son compte les recommandation du RGPD européen, le fameux règlement de protection des données personnelles. Avec pour objectif d'en faire un standard au niveau mondial, tout en servant de base à une législation similaire dont la firme pousse à l'adoption aux Etats-Unis.

Pour Facebook, pas question de remettre en cause un modèle économique basé sur l'exploitation des données personnelles

A priori, il y a plutôt de quoi applaudir Apple – dont on connaît le modèle économique, depuis toujours davantage basé sur des produits plus chers que la concurrence, plutôt que d'exploiter les données personnelles de ses utilisateurs à des fins publicitaires. A l'évidence tout n'était pas parfait jusqu'ici, puisque le pistage avait lieu dans de nombreuses applications tierces, même si c'était déjà de manière relativement encadrée depuis quelques temps. L'écosystème iOS est néanmoins désormais le seul à vraiment protéger totalement les utilisateurs contre le pistage abusif depuis la mise en place de ces nouvelles règles.

Pourtant cette nouvelle initiative a immédiatement soulevé des réactions outrées d'autres géants du net. Notamment Facebook qui va jusqu'à accuser Apple de pratiques anti-concurrentielles pour cette seule raison ! Dans un message intitulé “Se lever pour défendre les petites entreprises” le PDG du réseau social, affirme : “la nouvelle politique d'Apple dans iOS 14 aura un impact délétère sur de nombreuses petites entreprises qui bataillent pour rester debout dans un internet libre dont nous dépendons aujourd'hui tous plus que jamais”. Le responsable accuse un peu sans gêne, il faut le dire, Apple de pratiques anti-concurrentielles à cause de sa mainmise sur son magasin d'applications.

Selon Mark Zuckerberg, les nouvelles règles vont en effet donner du lustre à la marque sur le dos des développeurs d'applications et des petites entreprises. On en est presque à se demander si le commentaire de l'entrepreneur avait une visée humoristique : Facebook s'est illustré à de nombreuses reprises pour ses pratiques anti-concurrentielles, allant par exemple jusqu'à copier les fonctionnalités de Snapchat pour assécher sa base d'utilisateurs, ou racheter un à un tous ses plus gros concurrents comme WhatsApp et Instagram, de sorte qu'il ne reste aujourd'hui plus vraiment de réseau social qui fasse le poids face à Facebook.

Et l'on ne parle même pas ici de la vie privée, sujet sur lequel le réseau social de Mark Zuckerberg n'a pas vraiment de leçons à donner. Difficile d'oublier en effet le scandale Cambridge Analytica, par exemple. De son côté, Apple estime que les nouvelles règles n'impliquent pas que Facebook devra changer “la manière dont le réseau social piste ses utilisateurs et créée de la publicité ciblée”. Apple pense que la seule vraie conséquence sera que Facebook aura l'obligation de laisser les utilisateurs d'iPhone, iPad et mac de choisir s'ils acceptent ou non de voir leurs données personnelles collectées en permanence pour utiliser le réseau social.

“Nous pensons qu'il s'agit simplement de se lever pour défendre nos utilisateurs, lance, un brin taquin Apple. Qui poursuit : “les utilisateurs devraient savoir lorsque leurs données sont collectées et partagées avec d'autres applications et sites internet – et ils devraient avoir le choix d'autoriser cela ou non”. Touché ? Notons pour terminer que Facebook et Google sont en ce moment visés par une plainte aux Etats-Unis justement pour des pratiques anti-concurrentielles. Les deux firmes se seraient entendues pour capturer la moitié du marché publicitaire en ligne au niveau mondial. 40 Etats américains ont également porté plainte contre Facebook accusé de monopole, et demandent son démantèlement.

Source : Mashable

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