Festival de Cannes 2017 : pourquoi Netflix sème la zizanie dans le monde du cinéma
À une semaine du début du Festival de Cannes 2017, Netflix est au coeur d’une polémique qui ne cesse d’enfler. Le géant américain présente 2 des 19 productions en lice pour la Palme d’or, mais aucune des deux ne sera diffusée dans les salles de cinéma. Le monde du cinéma ne sait plus sur quel pied danser.
Je déplore profondément l'intransigeance de Netflix […] Cette décision empêche les spectateurs français de voir librement ces œuvres dans les cinémas, comme c'est la tradition. Netflix limite ainsi la diffusion de ces films à ses seuls abonnés. – Frédéric Bredin, présidente du Conseil national du cinéma (CNC) –
Vous ne comprenez pas ce qu’il se passe ? Petit retour en arrière. Cette année, dans la course à la Palme d’or, deux des dix-neuf films présentés sont des productions Netflix. S’agissant de productions Netflix, les films qui seront présentés ne seront jamais diffusés dans les salles de cinéma françaises mais bien sur le service de vidéo à la demande.
Les deux films en question (Okja du réalisateur coréen Bong Joon-Ho, et Meyerovitz Stories de l’américain Noah Baumbach) ne seront donc diffusés que dans les salles de cinéma du festival. Pour les puristes du Festival de Cannes, la pilule a du mal à passer. Car la tradition veut que les films présentés au festival soient diffusés dans les salles de cinéma. L’essence du cinéma expliquent les puristes, c’est la salle de cinéma.
S’est alors posée la question de savoir si les deux productions de Netflix pouvaient toujours concourir pour la Palme d’or. Après une longue réflexion, les responsables du Festival ont décidé de laisser les deux films Netflix en compétition. La présidente du CNC s’en est félicitée et a expliqué que le Festival avait trouvé “une solution respectueuse pour les réalisateurs ainsi que pour les équipes artistiques et techniques de ces deux films”.
Festival de Cannes : Netflix bouleverse les règles pour concourir
Pour Netflix il était hors de question d’accepter les conditions du Festival. En effet, ce dernier “a demandé en vain à Netflix d’accepter” que les deux films puissent sortir en salle et ne soient “pas uniquement” disponibles sur son service de VOD.
Mais la législation française impose une attente de 3 ans entre la sortie d’un film en salle et sa diffusion sur un service de VOD comme Netflix. Il n'était pas envisageable pour Netflix de rentabiliser ses productions via son service trois ans après leur diffusion en salle. Surtout que Netflix compte 100 millions d'abonnés dans le monde. Se passer de ce public serait une grave erreur.
Le Festival a donc cédé cette fois, mais ce sera la seule et dernière. Car le Festival de Cannes va changer ses règles pour l’édition 2018. Ainsi, “dès 2018, tout film en compétition devra obligatoirement sortir dans les salles françaises”. Une façon d’apaiser les exploitants de salles qui étaient montés au créneau lorsque l’éventualité de voir une Palme d’or ne pas sortir au cinéma se profilait.
Une chose est certaine, la mutation de l’industrie du cinéma avec des services comme Netflix ne fait que commencer. La prochaine grosse production de l'américain va réunir trois monstres du cinéma mondial : Martin Scorcese, Al Pacine et Robert De Niro. Tout un symbole.
Il ne fait plus aucun doute que dans les années à venir, les plus conservateurs vont devoir s’adapter et changer leurs règles. Car de tout temps un film a été réalisé pour être vu, et non pour contenter tous les acteurs d’une économie.
Si Netflix et consorts deviennent les supports privilégiés pour regarder des films, l’industrie devra s’adapter, ou mourir. La TV en fait déjà les frais actuellement, personne ne pourra dire qu'on ne les avait pas prévenus.