Fibre optique : il va falloir dépenser des milliards d’euros pour protéger les câbles contre la casse
Le Plan France Très Haut Débit a déjà coûté 36 milliards d’euros pour raccorder tous les Français à la fibre, mais les investissements ne sont pas encore finis. Les institutions s’inquiètent désormais de la résilience du réseau, et réfléchissent à diverses méthodes pour protéger les câbles contre les aléas climatiques. Engendrant de nouveaux investissements pharaoniques.
Raccorder les foyers à la fibre optique, c’est bien. Mais faire en sorte que le réseau ne se détériore pas trop vite, c’est mieux. Or, alors que les conditions météorologiques deviennent de plus en plus instables à cause du dérèglement climatique, les risques de casse sur le réseau planent de plus en plus lourdement. Et ce, en partie à cause d’une décision hasardeuse au moment du déploiement.
En effet afin d’accélérer le raccordement, de nombreux câbles ont été rattachés à des poteaux téléphoniques, de fait plus susceptibles de lâcher en cas de conditions météo difficiles. Selon Victor Denouvion, président de Haute-Garonne Numérique, « les polémiques sur la qualité des raccordements ne doivent pas masquer l’importance du sujet de fond qu’est la résilience des réseaux ».
Sur le même sujet – Orange doit déployer la fibre dans les zones moyennement denses, le Conseil d’État a tranché
La protection du réseau fibre va coûter des milliards d’euros
Si ce dernier reconnaît que de trop de nombreux raccordements sont encore ratés aujourd’hui, il souligne en effet une nouvelle urgence : la protection du réseau. Comme l’explique Antoine Darodes, directeur des investissements dans la transition numérique à la Banque des Territoires, « les services permis par la fibre sont beaucoup plus critiques que ceux qui passaient par le réseau cuivre. Un service de télésanté qui tombe pendant quelques heures, c’est critique ! ».
Pour lancer le processus, InfraNum, la Fédération fondatrice du Comité Stratégique de Filière Infrastructures Numériques, a mandaté le cabinet Tactis pour déterminer la marche à suivre. Après étude, le constat de ce dernier est sans appel : la résilience du réseau fibre français est « moyennement satisfaisante ». Pour remédier à ce remédier, il n’y a pas 36 solutions : il va falloir dépenser entre 7 et 17 milliards d’euros.
En tout, trois scénarios sont évoqués. Le premier consiste à enfouir la totalité du réseau, scénario de fait le plus onéreux de tous mais qui assurerait la meilleure résilience. Ce dernier prévoit également de déplacer les infrastructures à proximité des routes, trop sujettes aux accidents, ainsi que ceux situés en zones inondables.
Le second scénario, qualifié de « plancher », consiste à enfouir uniquement les câbles situés entre deux communes. Une variante baptisée « ambitieuse » y ajoute l’enfouissement des câbles situés en forêt, mais prévoit de ne pas toucher à certaines infrastructures localisées entre deux communes. Il s’agirait alors de déterminer la marche à suivre selon les spécificités locales, notamment en termes de topographie et de météo.
Enfin, le troisième scénario, considéré comme « priorisé », appelle à appliquer le scénario plancher dans certaines zones et le scénario ambitieux dans une trentaine de départements considérés à risque. Qu’importe le scénario envisagé, l’investissement sera donc conséquent, surtout après les 36 milliards d’euros qu’a coûté le plan France Très Haut Débit. D’autant que le gouvernement ne tient pas à participer au financement, d’après un porte-parole Bercy.
Source : Les Échos