Foot en streaming : les chaînes TV partent en guerre contre les pirates
Le phénomène du foot en streaming inquiète les chaînes sportives qui se mobilisent pour tacler le phénomène. Réunies au sein d'une association, elles veulent profiter de la loi sur la réforme de l’audiovisuel pour asseoir les bases de la lutte contre le piratage de contenus sportifs.
Ligue 1, Ligue des Champions et championnats étrangers : le foot en streaming est en train de prendre des proportions inquiétantes pour les professionnels du football. D'autant que trouver des sources qui diffusent illégalement des matchs en ligne est devenu un jeu d'enfant. Résultat : en France, 1,5 à 2 millions de personnes fréquentent les sites de streaming sportif selon Médiamétrie, ce qui représente un chiffre considérable.
Football en streaming : les professionnels du sport veulent enrayer le phénomène
L’audience des chaînes sportives est en train de fondre. Comme le note Le Parisien, en un an, la grande affiche de Ligue 1 des dimanches soir a perdu 250.000 téléspectateurs sur Canal+. Elle est en effet passée de 1,33 million de téléspectateurs en 2017 à 1,08 million en moyenne entre août et décembre 2018. Toutes les chaînes sont concernées par cette perte d’audience dont les causes coulent pourtant de source.
Il faut dire qu'en seulement quelques années, l'offre chez les diffuseurs légaux s'est beaucoup complexifiée. Alors qu'il fallait au départ s'abonner à Canal+ pour avoir droit à la grande majorité des compétitions de football (hors équipes nationales), l'arrivée de beIN Sports a bouleversé le marché. Malgré tout, il y avait encore un certain équilibre qui est aujourd'hui rompu avec l'entrée en scène d'autres acteurs : RMC Sport et maintenant Mediapro qui s'est octroyé les droits TV de la Ligue 1 pour la période allant de 2020 à 2024.
« Il faut comprendre les Français ! À un moment, ils en ont marre qu’on leur demande de payer toujours plus cher et de changer de fournisseur tous les ans pour suivre leur club ! » s'indigne « un grand nom du sport français » cité par Le Parisien.
Du côté des professionnels du football, le phénomène du piratage a atteint des proportions qui imposent un passage à l'action. Pour Didier Quillot, le directeur général de la Ligue de football professionnel, la lutte contre cette tendance qui a un impact négatif sur toute l'économie du sport est le principal enjeu de 2019.
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Les chaînes TV préparent leurs armes
Les chaînes TV ne seront pas en reste dans cette lutte. Il y a environ un an, elles mettaient sur pied l’Association pour la Protection des Programmes Sportifs (APPS). Celle-ci appelle aujourd'hui à une mobilisation générale. Caroline Guenneteau, directrice juridique BeIN Sports affirme que le piratage des programmes de sport est un « problème global, qui n’affecte pas uniquement les chaînes sportives, mais aussi ceux qui les distribuent ». Elle souhaite des mesures restrictives comme la mise à contribution des FAI pour bloquer les sites qui diffusent des matchs en streaming.
L'association veut également profiter de la loi sur la réforme de l’audiovisuel pour tacler le phénomène. « On regarde ce qui se fait aussi au Royaume-Uni, où la justice fait fermer des serveurs Internet. Notre idée, c’est de nous en prendre à ceux qui diffusent, pas à ceux qui regardent », ajoute Caroline Guenneteau.
Mais on peut bien se demander si cette lutte aura vraiment l'effet escompté d'autant que l'Hadopi de son côté avoue son impuissance face à la complexité du piratage. C'est dire que l’Association pour la Protection des Programmes Sportifs et les autres professionnels du sport ont du pain sur la planche.