Force Touch : pourquoi tous les constructeurs Android vont s’y mettre
Lors de l'annonce officielle de ses iPhone 6S et 6S Plus, le mois dernier, Apple s'est longuement épanché sur une nouvelle fonctionnalité du nom de 3D Touch. En réalité, celle-ci n'est pas si nouvelle que ça puisqu'on la retrouve déjà sur l'Apple Watch et sur le trackpad des derniers MacBook Retina sous le nom de Force Touch, technologie également développée par Apple :
En outre, Apple n'a pas été le premier à proposer Force Touch sur smartphone puisqu'on retrouve également cette technologie sur la version 128 Go du Huawei Mate S, annoncé quelques jours plus tôt. Qu'est-ce que Force Touch ? Pourquoi les constructeurs semblent autant s'y intéresser ? C'est ce que nous allons tenter de voir aujourd'hui.
Force Touch, qu'est-ce que c'est ?
Concrètement, Force Touch est une nouvelle technologie offrant des interactions supplémentaires avec l'écran de son smartphone (ou le trackpad de son MacBook). Le capteur tactile situé sous la dalle permet de reconnaître différents niveaux de pression et propose plusieurs options et raccourcis en fonction de la pression exercée par le doigt de l'utilisateur.
Force Touch repose donc, non seulement sur le logiciel mais également sur le matériel. Un capteur de pression composé d'électrodes est placé juste en dessous de l'écran (ou du trackapd) et va interagir avec l'utilisateur en fonction du niveau de pression exercé. Dans le cas du dernier téléphone d'Apple, on retrouve un dispositif capable de mesurer la distance entre la vitre de l'écran et la zone de rétrocéclairage de la dalle afin de définir la pression exercée.
La version Force Touch du Mate S de Huawei n'ayant pas encore montré le bout de son nez dans le commerce, c'est donc surtout du côté de chez Apple que la technologie s'est le plus fait remarquer au fil des derniers mois et où elle a su évoluer au point de changer de nom.
L'Apple Watch et le trackpad des derniers MacBook sont capables de faire la différence entre un simple toucher et une pression plus forte du doigt tandis que les iPhone 6S et 6S Plus vont plus loin en offrant trois niveaux de pression : le simple toucher, le tapotage qui permet de prévisualiser un contenu et l'appui ferme qui permet d'ouvrir un contenu
3D Touch, le Force Touch d'Apple
Avec les iPhone 6S et 6S Plus, Force Touch devient 3D Touch. La pomme a toujours eu pour habitude de reprendre des technologies existantes (ici, en l'occurrence, la sienne !) pour les améliorer à sa sauce puis les renommer et celle-ci ne fait pas exception à la règle.
Concrètement, les fonctionnalités offertes par 3D Touch sont multiples. Le tapotage (Peek) permet d'afficher le contenu d'un email sans l'ouvrir ou d'un site web en appuyant légèrement sur un lien, de regarder les photos de la galerie pendant que vous êtes en train d'en prendre une autre ou encore de visualiser des lieux en cliquant sur une adresse, le tout sans quitter l'application en cours. Mais c'est surtout avec les Quick Actions que le 3D Touch d'Apple semble le plus intéressant.
En exerçant une pression sur l'icône d'une application, l'utilisateur a alors accès à un menu contextuel offrant plusieurs raccourcis. Avec notamment la possibilité de prendre un selfie ou de capturer une vidéo avant même de se rendre dans l'application « Appareil photo » ou encore de sélectionner un contact avant même d'avoir ouvert l'application Message. Qu'on soit pro ou anti Apple, on ne pourra que souligner l'intégration réussie de 3D Touch au sein d'iOS 9.
En outre, en plus d'être parfaitement intégré à l'OS, 3D Touch bénéficie également du concours des développeurs et la technologie est actuellement supportée par plusieurs applications comme Instagram, Dropbox ou encore Shazam. Seul petit hic, Facebook, Snapchat, YouTube et Spotify ne proposent pas encore de Quick Actions mais ça ne saurait tarder.
Force Touch, ça existe déjà sous Android…enfin presque
Lorsque les premières rumeurs faisant état de la présence de Force Touch au sein des nouveaux iPhone ont fait surface, le développeur Adam Outler a alors publié un billet sur Google+ dans lequel où pouvait apprendre que l'OS de Google supporte la gestion de la pression depuis l'API Niveau 5 d'Android 2.1 Eclair. Autant dire que ça ne date pas d'hier ! Une fonctionnalité que Google a toutefois choisi de ne pas mettre en avant, partant du principe qu'elle était « contre-intuitive » car trop complexe.
D'un côté, Outler n'a pas complètement tort mais d'un autre, Force Touch, tel qu'on le connait aujourd'hui ne se base pas seulement sur le logiciel mais également sur le matériel, sinon pourquoi intégrer un capteur de pression supplémentaire ?
Ce capteur, on le retrouve, non seulement chez Apple mais également au sein du Huawei Mate S 128 Go, premier smartphone Android à mettre en avant cette technologie dans sa communication. Toutefois, cette version 128 Go, ne sera pas disponible de suite et les fonctionnalités offertes sont encore assez floues pour l'utilisateur. On sait qu'il sera notamment possible de zoomer une zone précise d'une image à l'aide d'un appui prolongé mais un capteur de pression était-il vraiment indispensable pour cela ?
D'après les visuels montrés lors de la présentation, le téléphone serait également capable de peser un objet dont le poids serait compris entre 100 et 400 grammes, comme un fruit, en l’occurrence une pomme, ironie du sort !
Alors oui, Force Touch est prêt à faire son arrivée sous Android par le biais du dernier flagship de la société chinoise mais il faudra attendre la sortie de cette version 128 Go pour avoir un véritable aperçu de la mise en œuvre de cette technologie au sein du Mate S. En outre, le concours des développeurs sera bien évidemment primordial car si le téléphone est équipé du matériel, il faudra maintenant attendre de voir ce qu'il propose sur le plan logiciel.
En attendant, voici une vidéo de prise en main réalisée par nos confrères américains d'Android Authority.
Force Touch sur Android, c'est pour bientôt !
La technologie 3D Touch qu'on retrouve au sein des deux derniers iPhone constitue un avantage concurrentiel de taille sur Android. Apple a axé l'essentiel de sa communication sur cette nouveauté qui rattrape le peu de changements, sur le plan hardware, et même si pour certains, elle apparaît encore comme un simple gadget (au même titre que les capteurs d'empreintes digitales lors de la sortie de l'iPhone 5S), sa démocratisation est inévitable.
Les concurrents voudront rattraper leur retard sur la pomme et sans pour autant spéculer sur le nom du premier constructeur Android (hormis Huawei) à intégrer Force Touch au sein d'un de ses futurs flagships, on sait déjà que cette technologie fera partie intégrante des futurs hauts de gamme de 2016. D'ailleurs, son arrivée devrait se faire plus rapidement qu'on aurait pu l'imaginer. Au cours de la soirée d'hier, Synaptics dévoilait trois nouveaux contrôleurs tactiles parmi lesquels le ClearPad 3700 équipé de la technologie ClearForce, dérivée de Force Touch, au même titre que 3D Touch.
Quant au dernier communiqué de presse de la société, il ne laisse aucun doute sur sa volonté d'imposer ClearForce sur la première vague de flagships Android attendus pour l'édition 2016 du Mobile World Congress. On peut notamment y lire que les premiers adoptants ne seraient autres que les « constructeurs leaders de l’industrie à la recherche d’une technologie capable d’améliorer et de rendre plus productive l’expérience utilisateur ».
Constructeurs majeurs qui se comptent donc sur les doigts de la main. Une chose est sûre, l'arrivée de Force Touch sur Android, c'est pour bientôt et la grande question est désormais de savoir qui sera le premier (ou plutôt le second après Huawei) à le proposer. Le top du top et l'étape ultime serait bien sûr que Google l'intègre directement à Android, comme il l'a déjà fait avec la reconnaissance biométrique.