FR-Alert : voici comment fonctionne le système d’alerte d’urgence du gouvernement
Ce mardi 21 juin 2022, le gouvernement français a lancé FR Alert, un tout nouveau système d'alerte d'urgence. Ce dispositif a pour objectif d'envoyer des notifications sur les téléphones mobiles des Français en cas de danger. On vous explique comment ça fonctionne, dans quelles situations et sur quels appareils.
Vous vous souvenez peut-être de l'application SAIP (Système d'alerte et d'informations des populations) lancée par le gouvernement en 2016 en amont de l'Euro 2016. Cette application mobile, qui devait être téléchargée, avait pour mission de prévenir les utilisateurs en cas de danger à proximité de leur position géographique.
Malheureusement, l'appli, développée à la va-vite après les attentats du 13 novembre, a rapidement montré ses faiblesses. A plusieurs reprises, SAIP a montré son inefficacité, notamment lors de l'attaque du 14 juillet 2016 à Nice, ou encore de celle du Louvre commise au couteau par un forcené en début d'année 2017. La même année, l'appli s'était déclenchée par erreur lors d'un exercice anti-terroriste au parc d'exposition de Grand-Quevilly.
Face à ces nombreux ratés, l'application SAIP a été mise au placard le 1er juin 2018. Et 5 ans plus tard, son successeur vient d'entrer en activité. En effet, le gouvernement vient de lancer ce mardi 21 juin 2022 FR-Alert, son tout nouveau système d'alerte d'urgence. Fonctionnement, appareils compatibles, situations concernées, on vous présente en détail ce nouveau dispositif.
FR-Alert, c'est quoi ?
FR-Alert est le nouveau dispositif d'alerte et d'information des populations lancé par le gouvernement ce mardi 21 juin 2022. Contrairement à SAIP, il ne nécessite pas d'installer une application mobile. En effet, il utilise le réseau de télécommunications pour envoyer des notifications sur les téléphones mobiles des personnes présentes dans une zone dangereuse.
Le but est de les informer sur la nature du risque en question, sur sa localisation exacte et sur les comportements à adopter pour se protéger. Il faut préciser que la directive européenne du 11 décembre 2018 impose aux 27 états membres de l'Union européenne de se doter d'un système d'alerte des populations via la téléphone mobile.
A quoi ressemblent ces alertes ?
Ces alertes prennent la forme d'une simple notification. Lors de la réception, votre mobile émettra une sonnerie particulière, qu'il soit en mode silencieux ou en vibreur. La sonnerie cessera uniquement lorsque le message est consulté. Attention toutefois, impossible de recevoir l'alerte si vous êtes en mode Avion ou si le smartphone est éteint. Selon l'importance de l'événement, la notification pourra contenir plusieurs paragraphes, dans lesquels vous retrouverez toutes les informations essentielles :
- la nature du risque
- l'autorité qui diffuse l'alerte
- la localisation du danger (établissement, quartier, commune, agglomération, département, etc.)
- L'attitude et les comportements à adopter pour se protéger
- Un lien pour obtenir des informations supplémentaires sur un site internet officiel
Attention, sur les appareils Android, on vous conseillera de faire une capture d'écran de la notification. En effet, une fois consultée, la notification disparaît et il faudra aller chercher dans la mémoire interne de votre smartphone. Ce qui peut être fastidieux. Sur iOS en revanche, pas de panique puisqu'il sera possible de retrouver l'alerte facilement dans vos notifications.
Quels sont les appareils compatibles ?
Fait étonnant pour un système d'alerte gouvernemental, tous les Français ne pourront pas en profiter… En effet, les messages de FR-Alert sont diffusés sous la forme d'ondes radio émises par les antennes de télécommunication (diffusion cellulaire ou cell Broadcast), non par SMS. Le but étant de ne pas saturer le réseau mobile en cas d'envoi vers des millions de personnes.
Ce système exclut de facto toutes les personnes qui n'ont pas d'appareils compatibles 4G. Soit près de 25% des téléphones mobiles en circulation dans l'Hexagone. Comme l'a prouvé une étude du CREDOC (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie) publiée en juillet 2021, un Français sur dix est équipé d'un “Feature Phone”, soit un appareil servant uniquement à téléphoner.
Mais ce n'est pas tout, puisque les smartphones Android sortis avant 2018 ne sont pas compatibles. Même constat pour les iPhone lancés avant septembre 2015 (soit avant l'iPhone 6s). D'après le gouvernement, le système de SMS géolocalisés fonctionnant sur de la 2G, de la 3G ou de la 4G sera déployé à une date ultérieure. Pour l'instant, l'Etat étudie la faisabilité de ce système alternatif avec l'aide des opérateurs, notamment pour réduire le nombre de SMS envoyés afin d'éviter d'éventuelles surcharges du réseau.
Les alertes pourront-elles être reçues partout ?
Comme dit plus haut, il faudra impérativement être connecté en 4G pour recevoir ces alertes. De fait, la réponse est non. D'après le dernier rapport de l'ARCEP, 99% de la population est couverte par les quatre opérateurs, mais néanmoins, il reste encore près de 5000 zones blanches en France où aucun réseau n'est disponible.
Le réseau 3G, plus performant et disposant d'une meilleure couverture national, pourrait être utilisé, mais malheureusement il n'est pas capable d'envoyer ces notifications. Comme l'explique le lieutenant-colonel de gendarmerie Romain Moutard dans les colonnes du Monde, “cela aurait nécessité de coûteuses interventions sur des milliers de sites”.
Quant au degré de précision des alertes, la zone minimale couverte sera équivalente au rayon d'une antenne, soit près de 5km en en campagne et quelques centaines de mètres en zone urbaine. De fait, impossible d'envoyer une alerte qui concerne seulement les habitants d'une rue par exemple.
Dans quelles situations seront envoyées ces alertes ?
Voici les événements majeurs qui pourront faire l'objet d'une notification d'alerte via FR-Alert :
- Les catastrophes naturelles : inondation, tempête et cyclone, incendie, tsunami, éruption volcanique, etc.
- Les accidents biologiques et chimiques : pollution, fuite de gaz, incident nucléaire…
- Les dangers sanitaires : épidémie, pandémie, incident agro-alimentaire…
- Les incidents technologies et industriels : panne des moyens de télécommunications, accidents graves sur les réseaux routiers, ferroviaires ou aériens, incident industriel…
- Les évènements graves de sécurité publique et les attentats terroristes
Précisons que pour les dangers concernant des zones restreintes du territoire français, l'alerte sera ciblée et envoyée seulement aux mobiles se trouvant à proximité.
FR-Alert est-il fiable ?
Au regard des ratés de l'appli SAIP, la question est légitime et pour l'instant il est difficile de se prononcer. De ce que l'on sait, le gouvernement a déjà procédé avec succès à plusieurs tests grandeur nature, notamment dans les Bouches-du-Rhône du 16 au 19 mai 2022 lors d'un exercice de sécurité civile baptisée Domino 2022.
En optant pour la diffusion cellulaire, le gouvernement a fait le choix d'une technologie capable de toucher des millions de personnes (même si certains ne pourront pas y accéder comme dit précédemment). Reste que la charge d'un tel dispositif pèse lourd sur les réseaux des opérateurs. A la mi-juin, Orange, Bouygues Telecom, SFR et Free s'affairaient encore à renforcer leurs installations.
Par ailleurs, la diffusion cellulaire n'échappe pas aux fausses alertes. Comme le rappellent nos confrères du Monde, un test de routine effectué à Hawaï (Etats-Unis) en 2018 a déclenché par erreur le système d'alerte américain, assurant qu'un incident nucléaire était en cours. On vous laisse imaginer la suite : des scènes de panique dans toute l'île. Il faudra donc espérer que les infrastructures françaises soient à la hauteur lors des prochaines alertes à venir et que le dispositif FR-Alert ne s'illustre pas par sa lenteur et ses couacs comme son prédécesseur.