Free : Xavier Niel se voit comme le Robin des Bois des télécoms

A 5 jours du premier tour des élections présidentielles 2017, Xavier Niel donne sa vision des changements à apporter en France, après avoir confié regretter ne pas avoir voté depuis 25 ans, dans une interview accordée au site Le Temps. Une certaine incohérence des propos peut cependant être relevée sur certains sujets. 


Pour le PDG de Free, Xavier Niel le principal enjeu fondamental est de pouvoir répondre à la question du métier à exercer d’ici à 10 ans. Il pense que « les jeunes, (…), ont besoin qu’on leur donne envie. (…) ». Et pour cause, il n’hésite à vanter les mérites de son école gratuite, l’Ecole 42, qui bougerait les choses à l’échelle de l’éducation dans le codage. Aussi pense-t-il que les initiatives portées par la société civile « sont le meilleur moyen de faire évoluer le pays » : entrepreneurs, associations…

L’autre grand enjeu est économique. Pour la France, elle doit être au coeur d’une Europe capable de concurrencer l’Inde, la Chine et les Etats-Unis. La structure européenne nous permettrait « de créer de la valeur ». La monnaie unique serait notre principal atout avec à terme, une fiscalité européenne normalisée. Aussi pense-t-il que le numérique crée des emplois à condition que les formations correspondent aux emplois demandés parce qu’à défaut, apparait « de la pauvreté ».

Xavier Niel, le Vertueux

Pour Xavier Niel, la réussite de Free depuis sa création en 1999 découle d’une « transgression éducative et sociale » et « d’avoir misé sur la diversité ». Pour lui, la France fait trop de discriminations géographiques. Les enfants nés dans les bonnes familles auraient accès aux meilleures écoles. La méritocratie serait défaillante. Xavier Niel prétend avoir cassé les codes en n’opérant aucune différenciation « entre les banlieues et le 16e arrondissement de Paris », son innovation a été sociale, et pas uniquement technologique.

Si Xavier Niel critique également les responsables politiques qui « brandissent sans cesse » l’égalité alors que les études OCDE placent la France dans les dernières positions sur ce sujet (ce qui est à vérifier), et promeut la presse libre, il faudra lui rappeler que son entreprise s’est récemment vu condamnée à un redressement fiscal de l’ordre 3,5 millions d’euros sur la TVA pratiquée en 2007 et 2008 et que la majorité des médias français sont possédés par une minorité d’appareils capitalistiques (Xavier Niel possède le journal Le Monde) mettant en doute l’idée de liberté de ceux-ci, surtout à l’ère du numérique.

L’incohérence des propos est frappante d’autant plus que, dans la même interview, il présente la mortalité des jeunes entreprises numériques comme une fatalité alors qu'elles auraient sans doute besoin d'émancipation.

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