Google a détourné près de 20 milliards d’euros au paradis fiscal des Bermudes en 2017
Google a fait déplacer jusqu'à 19,9 milliards d'euros vers les Bermudes en 2017, révèle la Chambre du commerce néerlandaise. Via une société écran, la firme est ainsi parvenue à réduire les impôts dûs aux Etats-Unis et en Irlande. D'année en année, Google détourne de plus en plus d'argent vers le paradis fiscal.
Depuis plusieurs année, Google utilise la stratégie du “double sandwich irlandais, néerlandais”. Entièrement légale, mais très controversée, elle consiste à déplacer l'essentiel du chiffre d'affaires d'une multinationale de l'Irlande vers les Bermudes, où l'impôt sur les sociétés est nul. Pour transférer ces importantes sommes, Google passe par la Google Netherlands Holdings BV, une société écran dénuée de salariés, créée en 2014.
En 2017, Google a transféré 19,9 milliards d'euros vers les Bermudes
Selon des documents soumis à la Chambre de commerce néerlandaise, et relayés par nos confrères de Bloomberg, Google a détourné jusqu'à 19,9 milliards d'euros vers les Bermudes en 2017. L'année précédente, la firme de Mountain View n'avait déplacé que 15,9 milliards d’euros depuis les Pays-Bas vers le paradis fiscal. En 2015, cette somme ne dépassait pas les 14,9 milliards euros. Et en 2014, année d'ouverture de sa holding néerlandaise, Google se contentait encore de déplacer 10,7 milliards d'euros.
D'après les calculs de Bloomberg, la firme est ainsi parvenue à économiser jusqu'à 3,7 milliards de dollars d'impôts en 2016. En 2015, Google aurait évité de la même façon de payer 3,4 milliards d’euros d’impôts en Irlande et aux Etats-Unis. A titre de comparaison, Google n'a versé que 3,4 millions d'euros d'impôts aux Pays-Bas en 2017 pour un bénéfice brut de 13,6 millions.
Sans surprise, Google estime une nouvelle fois être parfaitement en règle. “Nous payons toutes les taxes que nous devons et nous nous conformons aux règles fiscales de tous les pays dans lesquels nous opérons dans le monde” a assuré la firme dans un communiqué. “Google paie l'essentiel de ses impôts sur les bénéfices dans son pays d'origine, nous nous sommes donc acquitté d'un taux d'impôt effectif mondial de 26% au cours des 10 dernières années” précise Google.
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Néanmoins, les pratiques d'optimisation fiscales ne resteront plus légales bien longtemps. L'Irlande a annoncé la fin des avantages fiscaux de Google pour 2020. En 2015, le pays a en effet modifié sa législation sous pression de l'Union Européenne. Même son de cloche dans l'hexagone. La France a en effet annoncé son intention de taxer les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) “dès 2019 au niveau national”. En parallèle, un projet de taxe à destination des géants du numérique est actuellement en cours de négociations au niveau européen. Le projet se heurte encore aux réticences de l'Allemagne et de l'Irlande.