Huawei a assez de composants américains en stock pour tenir jusqu’à fin 2019
Huawei n'a plus le droit de se fournir auprès de firmes américaines. Pour concevoir ses futurs smartphones, le groupe chinois peut heureusement compter sur un important stock de composants made in USA. Néanmoins, la marque va aussi devoir s'appuyer sur des alternatives. On fait le point sur les options de Huawei.
Un décret de Donald Trump a décidé d'interdire aux entreprises américaines “toute acquisition, importation, transfert, installation, commerce ou utilisation de toute technologie ou service de l'information et des communications” en provenance de certains groupes, censés représenter un risque pour la sécurité nationale américaine. Google a donc décidé de révoquer la licence Android de Huawei. De même, des fondeurs contre Intel, Qualcomm ou Broadcom sont contraints de couper les ponts avec le fabricant. Huawei a jusqu'au mois d'août 2019 pour s'y préparer.
Huawei dispose d'un important stock de composants américain
C'est évidemment un gros coup dur pour le constructeur. On trouve en effet de nombreux composants originaires des Etats-Unis dans ses smartphones. Pour le prouver, nos confrères d'ArsTechnica ont fait l'inventaire des composants apparus dans le démontage du Huawei P30 Pro par iFixit. On trouve ainsi le stockage en mémoire flash conçu par le groupe Micron ou des puces réseaux signées Qorvo ou Skyworks. On trouve aussi la célèbre protection Gorilla Glass 6 de Corning.
D'après un rapport de nos confrères de Digitimes, Huawei a constitué un important stock de composants américains bien avant la signature du décret Trump. Selon le rapport, ce stock devrait permettre à la firme chinoise de tenir jusqu'à la fin de cette année. Les chaînes de production ne connaîtront donc aucun problème dans l'immédiat. Un constat entériné par Bloomberg, qui assure que Huawei a 3 mois de stock de composants devant lui. Le média rapporte aussi un mémo interne de Ken Hu, vice-président de Huawei, qui stipule que la firme “sait que l'exclusion pourrait être une possibilité depuis de nombreuses années”.
“Nous avons beaucoup investi et nous sommes bien préparés dans divers domaines, notamment la R & D, ce qui garantira que nos activités commerciales ne soient pas affectées de manière importante, même dans des conditions extrêmes” précise le mémo. Fin 2019, Huawei sera contraint de composer avec d'autres fournisseurs si le décret de Trump est toujours d'application. Evidemment, il existe des alternatives aux composants fabriqués par des groupes américains. Huawei pourrait notamment se fournir de mémoire flash chez Toshiba ou Samsung.
Huawei utilise déjà de nombreux composants non américains
Heureusement pour la firme, elle utilise déjà beaucoup de composants en provenance de marques chinoises ou coréennes. Le constructeur se fournit déjà en écran OLED et LCD auprès de Samsung Display, LG Display et BOE Display. On trouve en effet des dalles conçues par ces 3 groupes sur les différents modèles de P30 sur le marché. De ce côté là, Huawei n'a vraisemblablement rien à craindre. Même son de cloche du côté des modules photo. Huawei se fournit chez des groupes comme Sony ou Leica, une firme allemande spécialisée dans la photographie. Le chinois peut-il vraiment compter sur tous les fournisseurs hors USA ? Malheureusement, non.
Les SoC Kirin conçus par HiSilicon, une filiale de Huawei, n'échappent en effet pas à la sanction américaine. Ces composants sont en effet bâtis sur une architecture ARM composée de technologies originaires des USA. ARM n'est donc plus en mesure d'accorder de licence à Huawei. Le groupe chinois ne peut donc plus produire de SoC Kirin. Une fois son stock épuisé, la firme devra impérativement trouver une alternative.
Comme on le craignait, cette affaire met aussi à mal les relations entre Huawei et ses fournisseurs européens. Infineon, une firme allemande qui produit des puces, a décidé de suspendre les livraisons destinées aux produits de Huawei. Dans ce contexte, le stock de composants américains mis en avant par Huawei va-t-il suffire ? D'autres marques, comme Leica, vont-elle devoir couper les ponts avec le groupe ? Où Huawei va-t-il trouver des alternatives ? On vous en dit plus dès que possible.